À la veille des élections générales, Poorashveensing Bondy, président d’Inclusion Mauritius, attire l’attention sur les droits des personnes handicapées par rapport à un tel événement. Il plaide pour des facilités d’accès afin que les élections soient inclusives et ne découragent pas les personnes handicapées à aller voter.
Poorashveensing Bondy souligne avant tout l’importance des élections générales, qui donnent la possibilité aux citoyens de faire leur choix pour l’avenir du pays. Les personnes avec handicap étant des citoyens comme les autres, tout doit être mis en œuvre, ajoute-t-il, afin de ne pas les priver de leurs droits : « Participer à une élection est très important pour les personnes handicapées, car les décisions politiques impactent également leur vie. Pour cela, il ne faut pas les priver de leur choix. »
Cette participation va au-delà du simple droit de vote. La Convention des Nations unies relatives aux droits des personnes handicapées, dont Maurice est signataire, garantit, sous l’article 29, le droit des personnes handicapées de participer à la politique active et à la vie publique. « Nous invitons à éliminer les barrières qui, à ce jour, privent les personnes en situation de handicap de ce droit à Maurice », affirme Poorashveensing Bondy.
Concernant l’exercice de vote, Poorashveensing Bondy souligne que des dispositions devraient être prises en vue de permettre aux personnes handicapées d’exercer leurs droits en toute liberté : « Les officiers appelés à travailler pour les élections doivent bénéficier d’une formation pour accompagner et guider les personnes en situation de handicap en leur donnant des instructions claires et simples, en particulier les personnes avec un handicap intellectuel. »
À l’avenir, des bulletins de vote en braille, avec une assistance vocale pour les instructions, doivent être envisagés. « Une telle démarche rendra les élections plus inclusives. De même, il faudrait s’assurer que tout le matériel concernant les élections soit compatible avec le programme Screen Readers. Le matériel imprimé doit aussi être disponible en version Large Print », devait faire ressortir le président d’Inclusion Mauritius.
Dans le même esprit, une assistance en langue de signes ou des vidéos préenregistrées pour expliquer clairement le processus de vote est recommandée pour les personnes malentendantes. « Dans ce contexte, il serait approprié que le personnel dans les centres de vote soit formé pour communiquer clairement, à travers des gestes simples, avec les personnes ayant une déficience auditive », a mis en exergue Poorashveensing Bondy.
Beaucoup de dispositions peuvent déjà être prises pour que les prochaines élections générales soient plus inclusives. « Les centres de vote doivent disposer de rampes et de grandes ouvertures afin de faciliter l’accès aux personnes en fauteuil roulant ou à mobilité réduite. Les isoloirs doivent également être aménagés à une hauteur accessible aux personnes en fauteuil. Il faut aussi prévoir une chaise pour les personnes qui ne peuvent se tenir debout pour voter », dit-il.
L’accessibilité au transport doit également être envisagée, ajoute Poorashveensing Bondy, afin de s’assurer que les personnes en situation de handicap se déplacent jusqu’au centre de vote. « À Maurice, les moyens de transport adaptés aux personnes handicapées sont très limités. Cela peut décourager ces personnes à aller voter. Il faut un mapping des électeurs en situation de handicap afin de prévoir des moyens de transport adaptés et ainsi leur permettre de jouir de leurs droits. »
Inclusion Mauritius invite les autorités à chercher la collaboration des instances internationales pour des expertises afin de rendre les élections plus inclusives. Les agences spécialisées des Nations unies, notamment, peuvent aider la Commission électorale à adapter le matériel lié aux élections et à développer la technologie nécessaire.
« Concluding Observations »
Au cours de la 31e session du Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU, qui s’est tenue en Suisse cette année, Maurice avait été sévèrement critiquée pour sa réserve sur l’accessibilité. Dans les Concluding Observations de cette session, le comité relève que les droits des personnes handicapées par rapport à l’article 29 de la Convention, soit la participation à la politique et à la vie active, sont toujours restreints. Il est ainsi noté que: « The national legislation, including the Constitution and Local Government Act 2011, continue to restrict the right of persons with intellectual and/or psychosocial disabilities to be eligible to be registered as an elector, to vote in elections and to be elected in the National Assembly and local government. »
Le comité évoque également les difficultés pour accéder aux centres de vote, ainsi que l’absence de facilités pour les procédures de vote. L’accès à l’information, notamment les programmes politiques, est aussi relevé. Finalement, le comité de l’ONU déplore l’absence de personnes en situation de handicap dans la vie politique active, dans la fonction publique, ainsi que dans les instances de décision.