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Cadress Rungen (Groupe A de Cassis/Lakaz A) : « Larm mama pe koule sak zour ! »

Deux confinements successifs, en sus de la crise sanitaire qui perdure, causent énormément de dégâts auprès des jeunes? C’est ce que constate le travailleur social Cadress Rungen. « Le plus cruel, c’est pour les parents, qui sont totalement perdus. Mama plore tou lezour… Papa so soufrans pir : li pa plore, li gard andan, li ramase mem. Les autres enfants, qui font bien, se sentent frustrés. Et au final, c’est la cellule familiale qui explose. »

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Devant l’urgence, Cadress Runghen prend la décision, dans le respect des mesures sanitaires, de relancer les week-ends résidentiels et les formations avec les parents. « De même, un module que j’anime lors des cours de préparation au mariage (CPM), à Sacré-Cœur, consiste à interpeller les jeunes couples. Je lance un appel pour que d’autres me suivent dans cette direction et épaulent nos efforts », dit-il en guise de SOS sur le plan social.

Cadress Rungen, l’un des fondateurs du Groupe A de Cassis et de la structure d’accueil Lakaz A, note que « depuis ces dernières semaines, nous avons bon nombre de parents, surtout des jeunes adultes, entre 45 et 57 ans, qui sollicitent notre aide .» Décrivant la situation, il ajoute que « les mères sont éplorées et perdues. Les papas sont dépassés à force de ne pas montrer leurs sentiments et d’essayer de sauver la face. »
Raison principale de cette détresse parentale : « leurs enfants, encore très jeunes, âgés entre 17 et 19 ans pour la plupart, sont accros à différentes substances. Cela peut être du Brown Sugar, des drogues synthétiques, de l’alcool ou d’autres types de produits. » La situation est encore plus dramatique dans la mesure où la politoxicomanie est très courante. « Nombre de ces jeunes nous ont avoué qu’ils passent d’une substance à une autre… Seki zot gayn dan porte, zot konsome. C’est très triste et inquiétant. D’autant qu’ils avouent qu’ils ne sont pas prêts d’arrêter de prendre ces produits », révèle-t-il sur la base d’informations recuiellies sur le terrain.

« L’effet lune de miel n’est pas encore dissipé. De plus, il y a la crainte du manque, tant de la part de ceux qui consomment que de la part des parents. Ces jeunes ont peur de vivre les souffrances endurées quand ils n’arrivent pas à trouver leurs drogues. Et les parents ne veulent pas voir leurs enfants souffrir. C’est un cycle destructeur interminable ! » explique le travailleur social.

Sans compter, poursuit-il, que « ce drame ne laisse pas insensible les autres membres de la famille, comme les sœurs et frères, qui eux ne touchent pas aux drogues, et font bien dans leurs études, dans le sport, etc. » Il ajoute : « Quand ils voient papa et maman donner toute leur attention à l’élément du foyer qui disjoncte, cela les affecte. Et graduellement, c’est toute la cellule familiale qui s’effrite et finit par exploser. »

Covid-19 oblige, ces deux dernières années, le Groupe A de Cassis/Lakaz A a dû ralentir ses activités normales. « Mais là, avec les urgences et cette immense détresse des parents, nous allons relancer nos week-ends en résidentiel au Foyer Fiat, et nos formations avec les parents. Bien entendu, tout en respectant les mesures sanitaires », annonce-t-il.

Parallèlement, élabore Cadress Rungen, qui est aussi diacre, « dans le cadre des cours de préparation au mariage, à Sacré Cœur, par exemple, j’ai introduit un module additionnel où j’interviens auprès des jeunes couples ». Cela se fait avec deux objectifs : « D’abord, il y a des jeunes qui sont en projet de mariage, et qui, après avoir franchi ce cap, avouent à leur conjoint qu’il/elle est accro à un produit. Cela provoque un choc déjà. Puis il y a ces autres jeunes adultes qui seront parents dans peu de temps après le mariage. Nous essayons de les aider et les armer dès cette étape précoce afin qu’ils puissent avoir une vigilance accrue sur leurs enfants, guetter des signes pour savoir s’ils prennent des drogues, entre autres.

Et, dans le même souffle, leur montrer comment évoquer ces sujets, comme la drogue et la sexualité, avec leurs enfants, sans tomber dans des extrêmes, mais plutôt aller vers le dialogue. C’est à la base ce que nous faisons dans nos week-ends de formations avec les parents. »

Rappelant que, au niveau de Lakaz A, « nous ne sommes pas en surnombre », s’il y a des bénévoles, « ils sont bien sûr les bienvenus ». Idem pour « les autres paroisses qui pourraient inclure ce module dans leurs CPM ».

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