Cinq ans après la mise en place d’une politique sur la Réduction des Risques (RdR) à Maurice, le constat est plutôt positif. Le Needle Exchange Programme (NEP) touche quelque 2 500 usagers de drogues injectables et la régularité se situe autour de 90 %. La Methadone Substitution Therapy (MST) touche elle, 4500 personnes. Toutefois, de nombreux défis sont à relever, tels le faible taux de participation des jeunes et des femmes au NEP et la décongestion des centres de distribution de la méthadone. Ces points ont été abordés au cours de la conférence du Collectif Urgence Toxida (CUT) qui se tient en ce moment à Mer Rouge.
Plus de 300 000 seringues sont fournies par l’État chaque année pour le programme d’échange de seringues. Ce chiffre démontre que le NEP parvient à atteindre un certain nombre d’usagers de drogues injectables, même si des améliorations dans le service sont encore nécessaires. « La force du programme réside dans le partenariat entre le gouvernement et la société civile », souligne le Dr Amita Pathack, National Aids Coordinator.
Toutefois, les organisations engagées dans ces programmes souhaiteraient toucher davantage de personnes. Pour cela, certaines mesures comme l’éducation des usagers, la formation continue des encadreurs et la mise en place de drop-in centres au standard international sont à considérer. « Une des faiblesses du programme est que nous avons très peu de feedback des patients », ajoute le Dr Pathack.
Selon une étude réalisée de 2009, quelque 10 000 usagers de drogues injectables ont été recensés. Parmi, 47 % ont une prévalence au VIH et 97 % ont une prévalence à l’hépatite C. La vulnérabilité des femmes est aussi soulignée dans cet exercice. Une deuxième étude du genre est actuellement en cours et permettra de comparer les chiffres, les habitudes et les attitudes.
Alors que l’étude de 2009 indique que 7 % des usagers de drogues injectables ont moins de 24 ans, le CUT touche particulièrement ceux ayant une moyenne de 26 ans. De même, le programme échange de seringue touche très peu de femmes. « Est-ce que ce projet n’est pas spécifique aux femmes ? », se demande Nathalie Rose, coordinatrice du CUT.
Concernant la thérapie de substitution par la méthadone, le plus gros problème reste la congestion des centres. Ce qui contraint les patients à passer de longues heures sur place, regrettent les travailleurs sociaux.
Le Dr Renaud Ng Man Sun, de la Commission de l’Océan Indien évoque lui le problème spécifique que rencontrent les Rodriguais. « Le traitement à la méthadone n’étant pas disponible dans l’île, ceux qui s’engagent dans le programme ici ne peuvent rentrer chez eux car ils ne peuvent transporter de la méthadone. »
Plusieurs intervenants n’ont pas manqué de souligner la contradiction entre deux lois, notamment la HIV&Aids Act qui stipule que ceux qui sont sous le programme de la méthadone ne doivent pas être arrêtés pour possession de seringue, alors que le Dangerous Drugs Act stipule que la possession de seringue est illégale. Ce thème sera d’ailleurs développé par l’avocat Nilen Vencadasamy au cours de la conférence.
DROGUE ET VIH/SIDA: Réduction des risques : état des lieux
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