« Priez pour Fateemah », ces mots, répétés inlassablement par ses proches depuis une semaine, résonnent comme un appel à l’espoir, dans une période d’incertitude et de souffrance. Fateemah Dilmohamed, une jeune femme de 21 ans, victime d’un terrible accident survenu samedi dernier à Maurice, lutte pour sa vie, alors que ses jambes sont gravement endommagées. Ses proches, sa famille et des inconnus ont uni leurs forces dans un élan de solidarité, apportant leur soutien moral et priant pour sa guérison. Depuis samedi dernier, ce sont des milliers de Mauriciens qui unissent leurs prières pour elle, une prière collective qui dépasse les frontières familiales et qui touche le cœur de toute une nation. Le pays entier suit de près l’évolution de son état de santé, alors que les médecins à Chennai, en Inde, tentent de réparer les lourds dommages infligés à ses jambes après un accident dramatique au centre commercial Grand-Baie La Croisette. Mais si ces prières accompagnent la jeune femme, le chemin vers la guérison est encore long. Les premières bonnes nouvelles sont toutefois tombées hier. Le ministre de la Santé a annoncé que la dernière intervention chirurgicale subie par Fateemah Dilmohamed à Chennai vendredi, et qui aura duré 11h, a été une réussite. « Li ok, me li pou bizin rest sou observasion strict 4-5 zour. Me bann medsin konfian ki li pou rekipere », a confié Anil Bachoo. Une lueur d’espoir pour les proches de la jeune femme, qui n’ont cessé de prier depuis samedi dernier pour Fateemah…
Le cri de souffrance de Fateemah Dilmohamed résonne encore chez ses proches qui n’arrivent toujours pas à comprendre ce drame. Ce samedi 23 novembre était une journée comme une autre. Fateemah, rayonnante après avoir réussi ses examens d’ACCA, se préparait à quitter Maurice pour retrouver son mari aux Pays-Bas. Accompagnée de sa mère Yasmine et de sa sœur cadette, elle s’est rendue au centre commercial Grand-Baie La Croisette (GBLC) pour faire du shopping. Personne n’aurait imaginé qu’une sortie banale dans un simple lieu de loisirs et de consommation qu’est GBLC se transformerait en cauchemar.
Alors que les trois femmes sont sur l’escalator du centre commercial, une marche se dérobe sous les pieds de Fateemah. Un bruit sourd de métal se fait entendre. Puis, celui plus strident de Fateemah, hurlant de douleur : les pieds de la jeune femme sont pris dans la machinerie. Son pied gauche est coincé. Son pied droit, lui, reste pris dans les engrenages de l’escalator. La mère de Fateemah et sa fille cadette, même si pétrifiées devant la scène, tentent de la libérer. Elles parviennent à dégager son pied gauche, gravement blessé, mais le droit reste prisonnier de l’appareil.
Heureusement, un témoin sur place parvient à stopper l’escalator et les pompiers, alertés, arrivent sur place plutôt rapidement. Mais la tâche qui les attend est complexe : dégager la jeune femme sans aggraver ses blessures. Finalement, après des efforts acharnés, les pompiers réussissent à dégager Fateemah, en proie à une douleur insupportable, après 45 minutes. La jeune femme est transportée d’urgence à l’hôpital SSRN à Pamplemousses. Le constat est alarmant : son pied gauche est sévèrement endommagé au niveau du talon, nécessitant une amputation, et le droit, resté bloqué, est également victime de fractures graves et des dommages importants aux tissus. Une première intervention chirurgicale de grande envergure est pratiquée, mais il reste un long chemin à parcourir. Plusieurs autres interventions chirurgicales sont nécessaires pour tenter de réparer les parties de ses jambes dévastées.
Mais face à cet accident, la famille de Fateemah ne reste pas seule. La nouvelle du drame se répand rapidement, et une véritable mobilisation s’organise. Le député Eshan Juman, qui s’est rendu immédiatement à l’hôpital pour apporter son soutien, a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. C’est lui d’ailleurs qui a relayé l’information sur les réseaux sociaux, suscitant l’élan de solidarité national. Dimanche matin, plusieurs figures politiques, dont les ministres Mahend Gungapersad, Adil Ameer Meeah, Shakeel Mohamed… se sont aussi rendus à l’hôpital.
Le ministre de la Santé, Anil Bachoo, s’est lui aussi déplacé à l’hôpital pour s’entretenir avec les médecins, leur assurer de l’engagement du gouvernement et discuter des options disponibles. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, informé de la situation, s’est également impliqué, garantissant à la famille que tout serait mis en œuvre pour que la jeune femme reçoive les meilleurs soins possibles. C’est ainsi que la décision a été prise pour faciliter le transfert de la jeune femme en Inde, pour offrir à Fateemah les meilleurs soins possibles. Le ministre Anil Bachoo, accompagné de son équipe, a pris personnellement en charge l’organisation du vol et des soins nécessaires à la prise en charge de Fateemah à l’étranger.
Le lundi matin, Fateemah a pris l’avion en direction de Chennai, en Inde, où elle devait recevoir des soins spécialisés. Accompagnée de ses parents, elle a embarqué sur un vol d’urgence organisé avec le soutien d’Air Mauritius, Air India et le haut-commissariat de l’Inde à Maurice. Le Premier ministre et son épouse, le ministre de la Santé, ainsi que plusieurs députés et proches de la famille étaient ainsi présents à l’aéroport pour lui souhaiter bon courage.
Arrivée à l’hôpital SIMS de Chennai lundi, Fateemah a immédiatement été prise en charge par une équipe de spécialistes. Une première opération chirurgicale a eu lieu mardi. Après 48h, l’espoir a repris pour la famille Dilmohamed, l’état de santé de Fateemah demeurant toutefois inquiétant.
Vendredi dernier, la jeune femme a dû subir une deuxième intervention. L’opération a duré 11 heures, fort heureusement avec des résultats encourageants. Cependant, il faudra attendre cinq jours pour pouvoir se prononcer officiellement. Les médecins précisent que la situation reste précaire et que plusieurs autres interventions seront nécessaires pour évaluer la récupération fonctionnelle de ses jambes.
Si les jours à venir seront déterminants pour Fateemah, une chose est certaine : elle n’est pas seule dans son combat. Les prières de sa famille et des Mauriciens, et la solidarité de toute une nation l’accompagnent. En attendant des nouvelles, un seul mot résonne à l’unisson : « Priez. » Priez pour Fateemah. Bien plus qu’une demande, c’est un appel à l’unité, à l’espoir et à la solidarité humaine…
Solidarité nationale
Alors que la jeune femme se bat à l’étranger, la mobilisation continue à Maurice. Les prières pleuvent, venues des quatre coins du pays, des mosquées aux réseaux sociaux, en passant par les familles, les églises, etc. La communauté mauricienne, bouleversée par l’accident, se serre les coudes. Les messages de soutien affluent de partout et la famille Dilmohamed ne cesse de recevoir des témoignages de solidarité. À chaque étape de son traitement, les Mauriciens suivent de près l’évolution de l’état de santé de Fateemah. L’histoire de Fateemah Dilmohamed a pris une ampleur nationale, symbolisant non seulement le tragique accident, mais aussi la résilience et la solidarité d’un peuple face à l’adversité. « Les prières nous soutiennent chaque jour. Nous avons besoin de vos prières pour surmonter ce moment terrible », disent les proches de Fateemah. Bien que plongée dans un tourbillon d’émotions, la famille Dilmohamed trouve ainsi une certaine force dans cette solidarité collective.
Navin Ramgoolam aux côtés de la famille avant le départ pour l’Inde
Lundi matin, à 8h30, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, accompagné de son épouse, Veena, s’est rendu à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam pour soutenir la famille de Fateemah Dilmohamed avant son départ d’urgence pour l’Inde, où elle doit recevoir des soins médicaux spécialisés. Navin Ramgoolam a pris le temps de rencontrer les parents de Fateemah, leur offrant son soutien personnel et celui du gouvernement. « Nous avons pris toutes les démarches nécessaires pour garantir que Fateemah reçoive les meilleurs soins à Chennai », a déclaré le Premier ministre dans une brève déclaration à la presse, indiquant s’être « personnellement entretenu avec les médecins à Chennai, et que tout sera mis en œuvre pour sauver Fateemah. » Le Premier ministre a aussi souligné l’engagement des autorités mauriciennes pour assurer un suivi médical de qualité. « Le gouvernement reste pleinement mobilisé pour apporter toute l’aide nécessaire à la famille dans cette épreuve », a ajouté Navin Ramgoolam.
Analyses techniques, inspections et témoignages : Les autorités et les entreprises concernées multiplient les enquêtes
Une semaine après l’incident, les enquêtes, menées à différents niveaux, se multiplient pour faire toute la lumière sur les causes de ce drame. Et alors que les enquêtes avancent à pas mesurés cependant, les autorités et les parties prenantes comptent tout mettre en œuvre pour établir les responsabilités. Entre analyses techniques, inspections et témoignages, les autorités et les entreprises concernées multiplient les démarches pour éviter que de tels accidents ne se reproduisent. La famille également à fait appel à des experts indépendants pour assiter l’enquête.
Les images de ce tragique accident survenu samedi dernier à Grand-Baie La Croisette, rapidement relayées par les médias et les témoignages des témoins, ont choqué l’opinion publique, d’autant que le travelator concerné avait subi des inspections de sécurité seulement quelques jours auparavant. L’équipement en question avait été vérifié par Manser Saxon, la société en charge de la maintenance, les 19 et 20 novembre 2024. Ces inspections n’avaient révélé aucun problème majeur, et le travelator était muni d’un certificat de conformité valide jusqu’en janvier 2025. Ce détail soulève une question clé : pourquoi un équipement apparemment en bon état a-t-il échoué de manière aussi dramatique ?
Ainsi, dès le lendemain de l’accident, une enquête a été ouverte à plusieurs niveaux. La police, le ministère des Infrastructures publiques, ainsi que des experts en sécurité industrielle se sont mobilisés pour examiner les circonstances de l’incident. Le centre commercial Grand-Baie La Croisette, qui a exprimé sa solidarité avec la victime et sa famille, coopère pleinement avec les autorités. Dans un communiqué, la direction de Grand-Baie La Croisette a assuré qu’une enquête interne avait été lancée et qu’elle était en contact constant avec les autorités compétentes.
« Nous avons choisi la marque OTIS, reconnue mondialement pour la sécurité de ses équipements », a souligné la direction. Dès le lendemain de l’accident, une enquête a aussi été ouverte, sous la supervision de la Criminal Investigation Division (CID) de Grand-Baie. La police a recueilli les premiers témoignages, y compris celui des membres de la famille de la victime, qui ont confirmé que l’accident s’était produit alors qu’ils circulaient tranquillement dans le centre. Les images des caméras de surveillance ont également été saisies par les enquêteurs et seront cruciales pour déterminer les circonstances exactes de l’incident.
Parallèlement, le ministère des Infrastructures publiques a été impliqué dans l’enquête pour examiner les procédures de sécurité en vigueur sur les installations publiques. Les autorités locales, en collaboration avec Manser Saxon, ont procédé à une première inspection du site le 26 novembre. Le cœur de l’enquête réside cependant dans l’analyse technique de l’équipement. Manser Saxon, la société responsable de la maintenance, a fait savoir qu’elle collaborait activement avec les autorités, notamment en fournissant les documents relatifs aux dernières inspections effectuées. Cependant, les autorités ont rapidement réalisé que le démontage partiel du travelator, pour analyser la zone exacte de la défaillance, ne suffirait pas à comprendre l’origine de l’accident. Il a été décidé qu’un démontage intégral de l’équipement serait nécessaire pour permettre une inspection plus approfondie. En raison de la complexité de l’opération et du manque de main-d’œuvre disponible, cette phase d’investigation a été reportée.
Le travelator devrait ainsi être examiné en détail par des ingénieurs spécialisés, y compris des experts de la société OTIS, le fabricant, dépêchés à Maurice. Ces ingénieurs, venus d’Allemagne et d’Afrique du Sud, devraient faciliter l’opération de démontage et mener des analyses techniques plus poussées pour identifier les causes de la défaillance. Les autorités s’attendent que les experts de Manser Saxon, OTIS, ainsi que les enquêteurs de la CID, puissent démarrer les travaux de démontage dans les prochains jours afin de permettre aux experts de procéder à une analyse plus poussée des composants internes du travelator et d’établir un rapport détaillé.
Manser Saxon, de son côté, a réaffirmé son engagement à coopérer pleinement avec les autorités et à soutenir la victime. L’entreprise a exprimé ses plus sincères condoléances et a pris des mesures pour aider la famille dans cette épreuve. Les autorités, Manser Saxon et le centre commercial ont tous exprimé leur volonté de faire toute la lumière sur cette tragédie et de mettre en place des mesures correctives pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise.
En attendant les résultats des inspections et des analyses techniques, la famille de Fateemah Dilmohamed reçoit un soutien continu de la part du centre commercial et de Manser Saxon. Lewis Ah Ching, représentant de Grand-Baie La Croisette, a visité la famille à l’hôpital, assurant que le centre prendrait en charge les frais médicaux de la victime, y compris pour des soins à l’étranger si nécessaire.
Inspections renforcées sur l’ensemble des équipements publics
Au-delà de l’aspect technique, ce drame soulève des questions cruciales sur la sécurité des infrastructures publiques et commerciales à Maurice, et la nécessité de renforcer les contrôles pour garantir la sécurité des usagers. Le gouvernement a exprimé son intention de renforcer les normes de sécurité des équipements publics et commerciaux à la suite de cet accident. Le ministre des Infrastructures publiques, Ajay Guness, a indiqué qu’une révision des procédures d’inspection et de maintenance serait envisagée, notamment pour garantir que les équipements critiques, comme les travelators et les escalators, subissent des contrôles plus réguliers et rigoureux. Dans cette optique, des inspections seront menées dans plusieurs centres commerciaux et bâtiments publics à travers l’île, et des mesures seront prises pour assurer que les installations respectent les plus hauts standards de sécurité. Les autorités ont également annoncé que des discussions seraient engagées avec des experts en sécurité pour évaluer la nécessité de nouvelles réglementations plus strictes.
Retour sur des incidents passés, inquiétudes croissantes quant à la sécurité des équipements publics
Depuis l’accident tragique survenu samedi dernier à Grand-Baie La Croisette, où Fateemah Dilmohamed a été grièvement blessée par un escalator, les inquiétudes concernant la sécurité des équipements publics à Maurice sont exacerbées. Le drame qui a conduit à l’amputation de la jambe de la jeune femme a plongé sa famille dans le choc et l’angoisse, tout en suscitant un vif débat sur la fiabilité des installations dans les centres commerciaux de l’île. Cet incident a non seulement bouleversé l’opinion publique, mais a aussi remis en lumière d’autres accidents similaires qui se sont produits par le passé.
Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient, évoquant des dysfonctionnements sur les escalators et autres équipements de transport vertical dans plusieurs centres commerciaux du pays. Parmi les incidents remontés, un événement survenu en 2015 à La Croisette, où un couple de touristes français a failli connaître une tragédie alors qu’il se tenait, mari et femme, sur l’escalator, à l’entrée de Grand-Baie. Selon les témoignages de l’époque, alors que ces touristes montaient avec leur poussette, l’escalator a soudainement inversé sa direction, provoquant une séparation brutale entre le père, qui tenait la poussette, et la mère. Le père a réussi à rattraper sa femme avant qu’elle ne soit aspirée par le mécanisme, évitant de justesse une catastrophe. Les secours sont intervenus rapidement et ont pris en charge la victime, qui était en état de choc, mais indemne après les tests médicaux.
Ce témoignage n’est qu’un exemple parmi d’autres, et il fait écho à une tendance inquiétante : des incidents récurrents impliquant des équipements de transport vertical, notamment les ascenseurs et les escalators, dans plusieurs lieux publics à Maurice. Le cas de Fateemah Dilmohamed a ravivé ces préoccupations, notamment en raison de la gravité de ses blessures et du fait que l’escalator impliqué avait été inspecté seulement quelques jours avant l’accident. Ce dernier avait reçu un certificat de conformité valide jusqu’en janvier 2025, ce qui rend encore plus troublant l’événement du 23 novembre 2024.
Un autre incident tragique, survenu il y a plus de 10 ans, avait touché Nand Kumar Kallychurn, grièvement blessé au pied gauche lorsqu’une porte d’ascenseur s’était refermée brutalement sur lui. Cela s’est produit à Port-Louis, dans le bâtiment Sterling House. Après une longue procédure judiciaire, Nand Kumar Kallychurn avait obtenu une indemnisation d’un million de roupies auprès de la Cour suprême, bien que sa demande initiale de Rs 15 millions ait été rejetée.