« Le seuil d’alcoolémie ne suffit pas. Le Random Breath Test doit consolider le cadre légal. » C’est ce qu’a déclaré le Dr Mercier-Guyon, sommité de la prévention routière en France, lors d’une conférence hier à Pont-Fer. Cette rencontre, ayant pour thème les « Nouveaux développements et stratégies pour combattre l’alcool et la drogue au volant », a été organisée par Terra et la Special Road Safety Unit.
« L’alcool au volant fait trop de victimes. Il est impératif de s’engager dans cette lutte au niveau national », soutient Jean Arthur Pilot Lagesse, directeur de Terragri, en citant le récent drame à Nouvelle-France où un automobiliste ivre a tué un cycliste. L’engagement de Terra, en particulier la Terra Foundation, se reflète dans l’organisation d’une conférence, avec la Special Road Safety Unit, sur les « Nouveaux développements et stratégies pour combattre l’alcool et la drogue au volant ».
C’est le Dr Charles Mercier-Guyon, spécialiste français de la prévention routière (voir hors-texte), qui a animé la conférence d’hier au Mauritius Institute of Training and Development (MITD) à Pont-Fer. Y ont participé des membres de la force policière et des présidents d’organisations non gouvernementales. Les ministres Lormus Bundhoo (Santé) et Anil Bachoo (Infrastructures publiques et Transport intérieur) ont aussi pris la parole.
Avant de proposer quelques « pistes de réflexion », le Dr Charles Mercier-Guyon relativise la situation à Maurice. « S’il est vrai que le nombre de tués est le double de la situation actuelle en France, ce taux équivaut toutefois à celle de 2004 », explique le spécialiste de la prévention routière.
Maurice n’est pas à des lieues de l’expérience européenne. « Les routes mauriciennes sont comparables à celles des pays de l’Europe de l’est qui ont récemment connu un boom dans le trafic routier et une augmentation de l’accidentologie », soutient le Dr Mercier-Guyon. Et d’ajouter : « Maurice a tous les atouts pour créer les conditions favorables à la baisse du taux d’accidents liés aux problèmes d’alcool et de drogue ».
Mesures
Selon le spécialiste français, la multiplication de contrôles inopinés – tests d’alcoolémie aléatoires (Random Breath Test – RBT) – est essentielle dans la « lutte » contre l’alcool et la drogue au volant. Le Dr Mercier-Guyon a tenté de démontrer que la baisse du nombre d’accidents fatals impliquant ces comportements est liée à une certaine expectative de la part du conducteur. Explication : si l’on sait que la moyenne des contrôles par an est de trois RBT par conducteur, l’on est plus sur ses gardes. On diminue alors les excès. Il s’agirait donc d’une « psychologie de base ».
Autre aspect à considérer : « Toute grande mesure doit être accompagnée d’une grande campagne. » « Il faut jouer sur l’ambiguïté plutôt que sur l’hémoglobine », explique l’expert. « Choquer ne suffit pas. Il faut être subtil. » La phrase « 25 ans d’amitié, elle la tuera plus tard » serait ainsi plus percutante dans l’affectivité de l’individu.
RBT et « campagnes subtiles » rigidifieraient par conséquent le cadre légal. « Le impairment approach ne doit être que la partie visible de l’iceberg. La législation sur l’alcool au volant doit inclure le RBT ».
Permis à points
Le ministre des Infrastructures publiques et du Transport intérieur a pour sa part fait état de l’introduction du permis à points. « Nos efforts pour tacler les comportements à risque impliquent une série d’initiatives tant au niveau du cadre légal que dans sa mise en application et la prévention […] La nouvelle législation pourrait causer une suspension d’au moins six mois si le conducteur dépasse le palier de 15 points. Une deuxième exclusion équivaudrait à un retrait de permis », explique Anil Bachoo.
Le Dr Mercier-Guyon salue par ailleurs ces mesures. « Le permis à points doit jouer un rôle éducatif renforcé. Il faut prévoir des stages de récupération de points et s’assurer de la santé médicale du conducteur avant de lui remettre son permis », ajoute-t-il. Et de prévenir : « Il est important d’éviter les modifications dans l’urgence – exemple : quand l’opinion publique réagit face à la violence d’un accident, il ne faut pas réajuster brutalement les points – et d’émettre une requête pour garder le dispositif bien construit techniquement. »
L’éthylotest anti-démarrage (EAD), mode de verrouillage en cas de dépassement du taux d’alcoolémie autorisé, a aussi été présenté lors de la conférence. Un des véhicules de la flotte de Terra est d’ailleurs le premier à Maurice à être équipé de ce système de verrouillage.
DR MERCIER-GUYON : « Des contrôles inopinés pour une meilleure prévention »
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