Dix ans après la chute du groupe BAI : Dawood Rawat dénonce une “vendetta politique”

Dix ans de silence, dix ans d’injustices non réparées, selon Dawood Rawat. Dans un communiqué daté du 3 avril 2025, l’ancien patron du groupe BAI revient sur le démantèlement de son empire financier, qu’il qualifie aujourd’hui encore de “crime prémédité orchestré par des motivations politiques”. “Au peuple mauricien, anciens clients du groupe BAI, familles de ceux que nous avons perdus, employés, clients, fournisseurs, retraités, et tous ceux dont la vie a été bouleversée”, débute-t-il dans ce texte où il revient longuement sur les évènements de 2015 qui, selon lui, ont été déclenchés “par des considérations politiques, et non par des impératifs économiques ou réglementaires”.

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Bramer Bank et British American Insurance (BAI) ciblées
Rawat détaille le mécanisme qui, d’après lui, a précipité la chute du groupe. Il pointe du doigt cinq membres de l’ancien gouvernement — Vishnu Lutchmeenaraidoo, Pravind Jugnauth, Ramesh Basant Roi, Ravi Yerrigadoo et Roshi Bhadain — épaulés par la Banque de Maurice et la Financial Services Commission (FSC). “Ils ont initié la révocation des licences de Bramer Bank, puis celle de British American Insurance, les institutions phares du groupe”, écrit-il.
Pourtant, rappelle-t-il, Bramer Bank ne représentait que 4% du marché bancaire. British American Insurance, elle, avec ses 42,5% de part de marché, était bel et bien systémique. Mais selon Rawat, c’est une campagne orchestrée de retraits de liquidités qui a provoqué la chute de Bramer Bank, créant un “effet domino” menant au déficit de Rs 3 milliards de la British American Insurance, et à l’effondrement global du groupe.
Il accuse : “Ce dernier (le conservateur) a interdit expressément au Conseil d’Administration de se réunir, empêchant ainsi toute contestation de la révocation de la licence bancaire dans le délai légal de sept jours.”

Une réforme législative ciblée
Dans son communiqué, Dawood Rawat insiste sur le caractère ciblé des réformes réglementaires. Il rappelle que la fameuse règle 12(6) des Insurance (Amendment) Rules 2013, limitant les investissements intra-groupe à 10% des actifs totaux, était “explicitement dirigée contre le groupe BAI”, à l’exclusion des autres entités fonctionnant sous une structure horizontale.

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Plus troublant encore, il cite le Hansard du 24 juin 2018 où un parlementaire admettait : “En 2004, nous avons modifié la Bank of Mauritius Act ; nous avons adopté une nouvelle version de la loi spécifiquement pour arrêter et empêcher BAI.” Pour Rawat, cet aveu est la preuve irréfutable de la “vendetta politique”.

Le communiqué cite également le rapport d’Interpol qui, en 2018, avait décidé de supprimer les données concernant Dawood Rawat de ses fichiers. La commission d’Interpol avait estimé que l’affaire présentait “une dimension politique prédominante”, concluant que “les données concernant le demandeur ne sont pas conformes aux règles d’Interpol relatives au traitement des données personnelles.”

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Cette décision, selon Rawat, renforce l’idée que les actions contre lui et son groupe reposaient davantage sur des motivations politiques que sur des infractions économiques avérées.

“Pas de Ponzi, pas de faute reconnue”
Autre argument clé du communiqué : l’aveu, en 2019, de l’ancien Premier ministre Sir Anerood Jugnauth, qui avait déclaré au Parlement qu’il n’y avait pas eu de système Ponzi chez BAI, contrairement aux allégations initiales. “Toutes les charges portées contre les personnes arrêtées avaient été abandonnées”, souligne Rawat.

Il fustige également le rapport NTAN, utilisé selon lui pour justifier les manœuvres contre son groupe, mais qui comporte “un important avertissement en préambule qui remet en question sa fiabilité et sa valeur légale”. Ce rapport, selon lui, reposait sur des documents limités, non vérifiés de façon indépendante, et dont les accusations n’avaient même pas été communiquées aux parties concernées pour leur permettre de se défendre.

À la fin de son communiqué, Dawood Rawat annonce poursuivre son combat judiciaire. “Cette quête de justice ne concerne pas seulement un groupe ou une famille”, écrit-il, mais vise “à réparer le tort infligé à l’ensemble des victimes : les assurés, les employés, les clients, les retraités, les PME et les fournisseurs.” Il conclut avec une note d’espoir : “Nous avons confiance en l’indépendance de la justice mauricienne et espérons que justice sera faite.”

 

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BAI : Rs 100 milliards réclamés à l’ancien GM et aux auditeurs
Dix ans après le démantèlement du groupe BAI, Dawood Rawat contre-attaque. L’ancien chairman émérite du conglomérat financier a déposé en Cour suprême une plainte de 42 pages, réclamant Rs 100 milliards de dommages et intérêts à d’anciens ministres, à plusieurs cabinets d’audit internationaux, ainsi qu’à l’État mauricien, la Financial Services Commission (FSC) et la Banque de Maurice.

Dans sa plainte, Dawood Rawat accuse notamment Pravind Jugnauth, Vishnu Lutchmeenaraidoo, Roshi Bhadain, Ravi Yerrigadoo et Ramesh Basant Roi d’avoir orchestré une “expropriation” illégale du groupe BAI en avril 2015. Selon lui, les autorités auraient abusé de leur pouvoir pour justifier la liquidation du groupe, prétextant un supposé “Ponzi scheme”. Il dénonce une offensive politique délibérée, facilitée par des décisions réglementaires ciblées et appuyées par des firmes d’audit telles que PwC, BDO et Grant Thornton.

Dawood Rawat rappelle que le groupe BAI avait pourtant mis en place un plan de conformité validé par la FSC jusqu’en 2016. Il estime que ses droits à la défense ont été bafoués, son conseil d’administration ayant été empêché de se réunir pour contester les décisions prises.

En plus de la réparation financière, Rawat sollicite une injonction pour bloquer la vente d’actifs des défendeurs en attendant le jugement. Il affirme agir non seulement pour lui-même, mais aussi pour les milliers de victimes du démantèlement du BAI : employés, clients, PME et retraités. “Cette quête de justice ne concerne pas seulement un groupe ou une famille”, insiste-t-il, plaçant sa confiance dans la justice mauricienne.

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