Divulgation des indemnités repas chez Air Mauritius par le Chairman/CEO de MK, Kishore Beegoo : Le malaise grandit parmi le personnel navigant

L’affaire aurait pu passer inaperçue si elle n’avait pas été perçue comme une trahison silencieuse. La divulgation publique, par le président du conseil d’administration d’Air Mauritius, Kishore Beegoo, des détails relatifs aux indemnités repas du personnel navigant a provoqué une onde de choc en interne. Dans une lettre au ministre du Travail, Reza Uteem , l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) tire la sonnette d’alarme et réclame réparation.

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Une transparence à sens unique ?
Dans un contexte où la transparence est souvent brandie comme un principe sacro-saint de bonne gouvernance, le geste de la direction d’Air Mauritius pourrait sembler anodin. Mais pour les membres du personnel navigant, il s’agit d’un franchissement de ligne rouge. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas simplement une question d’argent, mais une atteinte à la dignité professionnelle et à la confidentialité des conditions de travail.

Dans sa lettre adressée au ministre du Travail, l’AMCCA dénonce une « communication unilatérale » en violation de l’accord de procédure signé en 2007 et des législations sur les droits des travailleurs et la protection des données. Selon l’association, aucune consultation préalable n’a eu lieu, ni avec les employés concernés, ni avec leur instance représentative.

Climat de tension et mépris perçu
Derrière cette divulgation, c’est un profond malaise qui s’exprime. Les membres du personnel navigant estiment que cette exposition médiatique injustifiée les a livrés à la vindicte publique, sans contexte, sans explication, sans reconnaissance des réalités de leur métier. Loin de valoriser leurs efforts, cette démarche semble avoir alimenté des perceptions erronées sur leurs « privilèges », exacerbant le ressentiment social dans une période où les inégalités salariales alimentent déjà un climat d’aigreur.

L’association évoque un impact direct sur la motivation des équipes : « Un climat toxique s’installe au sein de la compagnie », peut-on lire dans le courrier signé par la présidente Yogita Babboo et le secrétaire Steve Antoine. Des symptômes de stress psychologique et de démobilisation en vol auraient déjà été observés.

Un dialogue social en panne
Mais au-delà du choc émotionnel, c’est la méthode qui pose question. Pourquoi la direction d’Air Mauritius a-t-elle choisi de rendre publiques ces informations sans même engager un dialogue en interne ? L’attitude soulève une inquiétude plus large : celle d’un management qui semble ignorer les principes fondamentaux de la concertation sociale. Un choix risqué pour une entreprise nationale censée être exemplaire, surtout alors qu’elle tente encore de redorer son blason après des années de turbulences.

Quatre demandes, un même appel : le respect
Face à cela, l’AMCCA ne demande pas l’impossible : une enquête sur les possibles manquements aux lois en vigueur, un engagement clair de non-récidive, une rencontre tripartite urgente, et des excuses publiques. Des demandes raisonnables, mais symboliquement fortes : il s’agit ici de restaurer la confiance et de réaffirmer un principe fondamental dans toute entreprise digne de ce nom – le respect de ceux qui la font vivre au quotidien.

Un révélateur du climat interne
Cette affaire agit en réalité comme un révélateur du climat social qui règne à l’intérieur de la compagnie aérienne. Elle met en lumière des tensions latentes entre direction et personnel, des crispations autour de la reconnaissance du travail accompli, et une communication qui, au lieu d’apaiser, envenime.
Alors que le gouvernement s’efforce de promouvoir un dialogue social apaisé, il lui appartient désormais de rappeler aux entreprises publiques qu’il n’y a pas de transparence durable sans confiance mutuelle – et que cette confiance ne se décrète pas, elle se construit.

Jusqu’ici le ministre Uteem n’a pa réagi publiquement à ce courrier…

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