Discrimination – déclaration de Durban : Affirmative Action présente le cas des créoles aux experts

Affirmative Action, par le truchement de Me José Moirt, a contribué à l’étude menée par le groupe d’éminents experts qui travaillent sur la mise en application de la Déclaration et le Programme d’action de Durban. Ce document avait été adopté lors de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, en 2001, à Durban.

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Affirmative Action y présente la situation des créoles à Maurice et la non-reconnaissance de leur identité.
Le groupe d’éminents experts indépendants sur la mise en place de la Déclaration et le Programme d’action de Durban a été nommé par le secrétaire général des Nations unies. Dans le cadre de cette étude, un appel à contributions avait été lancé. La date limite était le 20 avril 2025. Affirmative Action a répondu favorablement à cet appel en présentant la situation des créoles, comme cela avait déjà été le cas auprès du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, récemment.

Dans la contribution soumise, Affirmative Action démontre ce qu’elle considère comme la politique de divide and rule du régime colonial. « Ce système a été mis en place par les administrateurs coloniaux afin de manipuler les groupes ethniques en utilisant des classifications biaisées et racialement discriminatoires, dans le but d’établir des hiérarchies raciales parmi les différents groupes de population vivant à Maurice », indique Me Moirt dans le document.

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Il cite la Constitution stipulant : « la population de Maurice sera considérée comme comprenant une communauté hindoue, une communauté musulmane et une communauté sino-mauricienne ; et toute personne dont le mode de vie ne permet pas de l’identifier comme appartenant à l’une ou l’autre de ces trois communautés sera considérée comme faisant partie de la population générale, laquelle sera elle-même considérée comme une quatrième communauté. »

Affirmative Action précise avoir déjà dénoncé cette situation, qualifiée de « nettoyage ethnique colonial », soutenu par un processus électoral « défaillant », le Best Loser System, au Comité des droits humains des Nations unies. Cette instance avait jugé que ce système constituait une violation de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

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De même, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale avait, à deux reprises, en 2013 et 2018, avait demandé à Maurice de fournir des Disagregated Data, basées sur l’appartenance ethnique. Toutefois, l’État mauricien a, dans ses rapports successifs, refusé d’appliquer cette recommandation du comité. Pour Affirmative Action, cela démontre le manque de volonté politique de l’État. « La réponse rhétorique du gouvernement mauricien a toujours été que la compilation de telles données sur la population irait supposément à l’encontre de l’unité nationale », déplore Affirmative Action.

Le document relève également plusieurs points, où Maurice n’est pas en conformité avec la Déclaration et le Programme d’action de Durban. Notamment, le non-engagement de l’État mauricien dans l’ensemble des mécanismes des Nations unies impliqués dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance ; le refus de reconnaître la compétence du CERD pour recevoir des communications individuelles en vertu de l’article 14 de la CEDEF ; la négligence historique dans l’enseignement de l’histoire dans les écoles publiques, en particulier le rôle joué par la résistance et les révoltes des Africains réduits à l’esclavage ; que le fait que le mouvement abolitionniste ait constitué le premier mouvement mondial des droits humains ; le mépris total pour la révision des programmes éducatifs, notamment les manuels et supports pédagogiques qui contiennent des faits erronés sur l’esclavage et le colonialisme, en minimisant leur impact et en renforçant les stéréotypes négatifs à l’égard des créoles ; la non-observance de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale le 21 mars, de la Journée internationale du souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves le 25 mars, ainsi que de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition le 23 août ; la non-prise en compte des obligations en matière de droits humains visant à atteindre l’égalité raciale, en veillant à ce que le principe de non-discrimination s’étende à tous les domaines des politiques et actions gouvernementales.

Face à cette situation, poursuit Affirmative Action, le racisme et la rhétorique déshumanisante « se perpétuent » au sein des institutions, des communautés et des plateformes numériques. Il est ainsi attendu à ce que l’étude menée par les experts puisse aider à surmonter ces difficultés, d’autant que l’Union africaine a décrété 2025 comme l’année des réparations pour les préjudices liés à l’esclavage et à la colonisation.

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