Jeudi dernier, un violent incendie a ravagé une bonne partie de l’immeuble abritant le Craft Market au Caudan Waterfront. Alim Farjan et Siddick Wadally, deux comptables qui travaillent pour la compagnie Nedcor Trade Services Limited (NTSL), dont le bureau se trouve au 5e étage du bâtiment Barkly Wharf au Caudan, ont eu la peur de leur vie. Ils ont été les premiers à avoir senti une odeur de fumée noire qui traversait par le climatiseur.
« Nous avons ouvert la porte pour voir ce qui se passait dehors. Nous avons été envahis par une épaisse fumée kouma dir enn kolonn an beton blan. Nous étions abrutis, paniqués et comme premier réflexe, nous nous sommes réfugiés sur le balcon du cinquième étage du bâtiment et on a appelé l’aide, sinon nou ti kapav mor ar saler dife ek lafime. Nous avons vu la mort en face », racontaient les deux comptables à Week-End, hier après-midi, deux jours après l’incendie.
« Malgré l’arrivée des sapeurs-pompiers qui ont pris du temps pour arriver sur le lieux, ils ont fait de leur mieux pour nous évacuer du balcon avec l’aide de cordes. Ils ont dû lutter contre les flammes, qu’ils ont eu du mal à contenir», disent-ils. Alim Farjan, habitant de Vacoas qui a travaillé pendant dix-sept pour la NTSL, observe que les sapeurs-pompiers n’avaient pas en leur possession une protection respiratoire qui, dit-il, est nécessaire lorsque l’environnement est contaminé par une épaisse fumée noire. « Pa ti fasil ditou pou nou », ne cessent de répéter les deux rescapés.
Ils trouvent étrange que l’alarme ne se soit pas déclenchée ce jour-là. « Nous avons participé à plusieurs exercices de simulation dans le passé, et l’alarme s’était déclenchée. Comment se fait-il que ce jour-là, on n’a rien entendu, de même qu’un agent de sécurité qui se trouvait en haut du bâtiment ? Il y a définitivement une défaillance dans le système d’alerte en cas d’incendie. Et lorsque j’ai fait remarquer à un responsable de Promotion and Development Ltd, gérant du site, que le générateur ne s’était pas déclenché après la coupure de l’électricité, il ne m’a pas répondu. Nous avons failli mourir carbonisés. Il faut que les responsables, de la société qui gère le Caudan Waterfront revoient complètement la sécurité et fassent de la place pour un escalier de secours à l’extérieur. »
Opération de sauvetage compliquée
Car l’opération de sauvetage s’était révélée très compliquée en l’absence de la grande échelle qui peut atteindre le toit du bâtiment. « Tou nou ban ekipman nou bizin fer servicing, Nou finn bizin tir li dan garaz Coromondel pou amenn li e sa finn pran bien letan », a expliqué Dorsamy Ayacoutee, l’Assistant Chief Fire Officer, qui était sur les lieux de l’incendie hier après-midi. « Nous faisons de notre mieux pour remettre un rapport complet sur cet incendie d’ici demain (lundi) aux autorités concernées. »
Kurty Oclou, le propriétaire du magasin Lakaz Ravanne au Craft Market, est encore sous le choc. « Mo pa ankor redibout bien lor mo lipie depi Covid 19. Mo pann kapav pay lasirans akoz mo pa ti travay, et voila qu’un incendie détruit tout dans ce que j’ai investi. » La Fire Investigation Unit et le Scene of Crime Office (SOCO) ont procédé à des prélèvements vendredi. L’enquête est supervisée par le DCP Rassen Mardaymootoo .
C’était périlleux, indique le fire fighter Vince Peertun
L’accès au cinquième étage du Barkly Wharf a compliqué davantage le sauvetage des personnes restées bloquées dans l’incendie jeudi soir. Il a fallu l’intervention des membres de la Special Operation Division, sous la houlette du Lead Fire Fighter Fokeera pour sauver les trois employés. Vince Peertun, sapeur pompier qui fait partie de cette équipe était au-devant de la scène, raconte combien périlleux a été ce sauvetage. C’est lui qui a sorti les rescapés du bâtiment. «Quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons immédiatement constaté qu’il n’y avait pas d’accès facile pour atteindre le cinquième étage.
Après un rapide survol de l’environnement, nous avons décidé de procéder par étape, en nous servant de la courte échelle et des plateformes à chaque palier. Au point final, nous avons été confronté à un mur en corniche, ce qui était plus difficile d’y placer l’échelle, mais heureusement nous avons pu nous agripper et pénétrer au cinquième étage», dit-il. Une fois là-haut, c’est en face de trois hommes sous le choc et paniqués face au feu qu’il s’est retrouvé dit-il, indiquant qu’il a fallu les rassurer et leur donner confiance avant de pouvoir les faire descendre. «C’était pas un exercice facile, mais nous avons fait de notre mieux pour les sortir de là. Heureusement qu’il n’y a pas de blessés graves», dit le sapeur-pompier qui salue le travail effectué par toute l’équipe de la Fire & Rescue Division.