Depuis le 18 mars 2020 — Covid-19 : arrière-goût aigre-doux

Au moins, un Mauricien sur quatre a été contaminé au virus avec 1 023 décès recensés officiellement par l’OMS au 6 septembre dernier

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Deux Mauriciens sur trois, soit 69%, convaincus que la pandémie a été utilisée comme une couverture à toute épreuve pour des pratiques de fraude et corruption

Une forte majorité, 79%, contre toute censure de la presse en période de Public Health Emergency

Bientôt trente mois depuis que Maurice avait enregistré le premier cas positif au Covid-19, soit le 18 août 2020. La dernière édition du sondage Afrobarometer, consacrée aux séquelles de la pandémie, laisse un arrière-goût aigre-doux à avaler pour la population. Se basant sur le Response sur le front international, le gouvernement se félicite de la gestion sur le plan de la santé. Toutefois, la population semble avoir une lecture différente de la situation. C’est du moins ce que laissent entendre les conclusions de cet exercice visant à tâter le pouls.

D’ailleurs, en guise de conclusion à ce sondage, Amédée Darga, Managing Partner de Straconsult, n’hésite pas à résumer à l’effet que « while the government enjoys majority approval of its overall Covid-19 response, it faces the challenge of public distrust. » Ainsi, plus de deux Mauriciens sur trois, soit 69%, sont plus que convaincus que la pandémie s’est transformée en une couverture à toute épreuve pour faciliter des pratiques de fraude et de corruption. Par ailleurs, une plus importante majorité, soit 79%, objecte à toute censure de la presse en période de crise sanitaire peu importe la gravité.

Les faits indéniables de la pandémie de Covid-19 se déclinent comme suit :
un Mauricien sur quatre, soit 258 301 cas enregistrés officiellement, a été contaminé au virus au cours de la période allant au 18 mars 2020 au 6 septembre dernier
le nombre de décès dû au Covid-19 a été de 1 023 au cours de la même période selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé et un peu plus de 2,6 millions de doses de vaccins, sur la base du régime de la double dose plus la Booster, ont été administrées, avec 80,1 % de la population ayant accepté au moins une dose.

Le sondage d’Afrobarometer note que « more that half (53%) of Mauritians say that a member of their household became ill with Covid-19 or tested positive for the virus ». Il faudra ajouter à cela qu’un sur quatre (27%) a connu les affres du licenciement ou de la perte d’emploi en raison de la pandémie. L’une des conclusions du sondage est que « loss of an income is more common among poorer citizens (46% of those experiencing moderate/high lived poverty, compared to 19% of the wealthy). »
La propagation du virus aura été davantage plus conséquente dans les régions rurales, soit 58% que dans les villes (45%) et chez les jeunes, juste sous la barre de 60% dans les tranches d’âge de 18 à 24 ans et de 25 à 34 ans que parmi les personnes âgées avec notamment un taux de contamination de 35%, notamment chez ceux âgés de 65 ans et plus.

En ce qui concerne le vaccin, la confiance est loin d’être acquise car « only 36% of citizens say they trust the government somewhat or a lot to ensure the safety of Covid-19 vaccines ». Trois raisons principales sont évoquées pour justifier la réticence des Mauriciens face au vaccin, à savoir les Side Effects, des appréhensions par rapport à des Counterfeit/Fake Vaccines et que les vaccins ont été développés trop rapidement dans des laboratoires.

La zone d’ombre au tableau demeure les allégations de fraude et de corruption sur le dos du Covid-19 avec les enquêtes les plus flagrantes toujours en suspens du côté de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC). Le dossier de Pack & Bluister demeure toujours un mystère alors que les dessous du contrat de Molnupiravir à Rs 79.20 la dose attendent encore d’être éclaircis. C’est du moins l’avis de 69% des sondés d’Afrobarometer, qui s’appesantit sur le fait que « despite expressing significant satisfaction with the fairness of government relief assistance, more than two-thirds (69%) of Mauritians say they believe that some or a lot of the resources intended for the Covid-19 response have been lost to corruption. »

La question qui a bénéficié d’au moins 69% de réponse favorable, faisant remonter à l’avant-plan le fléau de la fraude et de la corruption avec la pandémie du Covid-19, était des plus directs, en l’occurrence : «  Considering all of the funds and resources that were available to the government for combating and responding to the Covid-19 pandemic, how much do you think was lost or stolen due to corruption ? »

La réaction des sondés est sans appel dans une proportion de majorité absolue.
Par contre, la note de satisfaction affichée au compte du gouvernement se situe au niveau de la gestion de cette crise de santé publique, avec 52% de la population accordant une note positive, soit presque la même note au titre de l’assistance financière en pleine période de confinement.

Disséquant les réponses au titre du Government Relief, le rapport d’Afrobarometer souligne que « almost half (47%) of Mauritians report that their household received Covid-19 relief assistance from the government, while 52% say they did not. » Plus loin, tout en concédant que 55% de la population est d’avis que le Covid-19 Relief Support Programme a été équitable réparti, le rapport avance que « rural households were considerably more likely to benefit from government asssistance than those in urban areas (56% v.36%).
Par contre, la Santé et l’Éducation se trouvent en territoire défavorable face à la pandémie car une majorité de 51% sont d’avis que les mesures entérinées n’ont pu éviter de chamboulement dans le secteur de l’éducation, avec des élèves à tous niveaux pénalisés. La Santé récolte un même taux d’insatisfaction en ce qui concerne la nécessité de « making sure that health facilities have adequate resources to respond to the Covid-19 pandemic ».

En dernier lieu, la population a lancé une mise en garde à l’effet qu’en aucune circonstance, la liberté de la presse ne devra être affectée. « Mauritians overwhelmingly (79%) disapprove of censoring media reporting during a public health emergency », note Amédée Darga. Par contre, par une majorité qualifiée de 62%, ils approuvent le recours aux forces de l’ordre, même armées, « to enforce public health mandates during an emergendy like the pandemic .»
Par contre, le renvoi des élections en période de crise sanitaire ne récolte que 45% d’avis favorables pour mettre en parenthèses cette pratique démocratique par rapport aux 37% qui se sont exprimés contre.

En dépit de son bilan, le gouvernement a du pain sur la planche car une majorité de 52% avance que les autorités ne sont nullement préparées pour faire face à de « future public health emergencies ». « Only 43% believe that the government will be somewhat or very ready for the next health crisis ».

En tout cas, il n’y a pas de quoi “pou tap lestoma mem latab”….

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