Depuis lundi 10h, heure des Chagos, cela pour la première fois depuis le 12 mars 1968, le quadricolore mauricien flotte sur l’archipel des Chagos. En effet, une cérémonie solennelle a été organisée pour marquer le premier débarquement sans contrainte des Chagossiens sur cette partie du territoire mauricien, occupée illégalement depuis plus de 50 ans par des Anglais et des Américains. Ainsi, le représentant permanent de Maurice aux Nations unies, New York, Jagdish Koonjul, envoyé spécial du Premier ministre, Pravind Jugnauth, à bord du Bleu de Nîmes, a hissé le quadricolore mauricien sur la plage immaculée de Peros Banhos tout en entonnant le Motherland.
Une précédente cérémonie similaire s’était déroulée dimanche après-midi sur les îles Salomon, avec des membres de la délégation mauricienne à terre pour la première fois lors de cette expédition scientifique à Blenheim Reef au Nord de l’archipel.
Le hic de cette étape historique dans la conclusion politique de cette lutte pour la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur les Chagos est que l’Hôtel du Gouvernement s’est entêté avec la ligne inféodée au colonialisme. Ainsi, à Maurice, aucune annonce officielle de cet événement consacrant plus de 50 ans de lutte des Chagossiens et de leurs alliés, et surtout le Premier ministre a préféré s’adresser au quotidien The Guardian tout simplement à cette occasion et par ricochet à la BBC, avec leurs représentants à bord du Bleu de Nîmes.
Dans leur reportage, les journalistes de The Guardian rapportent que « in a ceremony on Monday at 10.30am local time, Mauritian officials sang their country’s national anthem and the red, blue, yellow and green standard was raised up the flagpole. » L’ambassadeur Koonjul, qui fait office de chef de mission pour cette première sortie de Maurice dans les eaux des Chagos, souligne que « we are performing the symbolic act of raising the flag as the British have done so many times to establish colonies. We, however, are reclaiming what has always been our own. »
Par ailleurs, un message pré-enregistré du Premier ministre a été diffusé sur la plage de Peros Banhos. « This is the first time Mauritius has led an expedition to this part of its territory (…) I feel sad that I have not been able to be part of this historic visit », déclare Pravind Jugnauth, qui se réjouit toutefois que des Chagossiens ont pu faire le déplacement sans aucune escorte militaire britannique. The Guardian note que « on Monday morning, shortly after dawn, one of the only permanent residents of Peros Banhos was sighted: a donkey trotting along the sand. A small herd has survived on the island since the British deported its entire human population in 1972. »
« The message I wish to give out to the world, as the state with sovereignty over the Chagos archipelago, is that we will ensure a wise stewardship of its territory – over its maritime security, conservation of the marine environment and human rights, notably the return of those of Chagossian origin », a poursuivi le Premier ministre. Une plaque commémorative a été dévoilée sous le drapeau avec pour inscription: “Visit of the Mauritius delegation to Peros Banhos archipelago, Republic of Mauritius, in the context of the scientific survey of Blenheim Reef.”
Par ailleurs, le Premier ministre s’est même permis un échange téléphonique avec The Guardian pour dire que « this is a very emotional moment for me and a very historic time for us because we are able to raise our flag on our own territory. (…) The international community and international institutions have already decided that this is our territory. What we are doing is legitimate.”
Pravind Jugnauth ajoute que toute interférence physique des Britanniques, notamment l’enlèvement du drapeau mauricien, fera l’objet de monitoring diplomatique. « I don’t know what they are going to do. If they remove the flag, this will amount to a provocation on their part. The UK is not abiding by international law judgments », a ajouté le Premier ministre à The Guardian.
Cette cérémonie formelle du drapeau a été suivie par un BBQ sur la plage de Peros Banhos alors que pour les précédentes 24 heures, des problèmes de communication wifi étaient survenus. « Wifi communications from the ship have been disrupted for the past 24 hours. Another vessel was seen nearby. It was not clear whether this was a UK-owned fisheries protection ship », notent les représentants de The Guardian à Peros Banhos.
Réagissant à ce développement, un porte-parole du Foreign Office à Londres fait ressortir que « he UK has no doubt as to our sovereignty over the British Indian Ocean Territory, which we have held continuously since 1814. Mauritius has never held sovereignty over the territory and the UK does not recognise its claim. We are honouring the assurances we gave to Mauritius that we would not interfere with this survey ».
Affaire à suivre…