« Le mécontentement est là , la souffrance sociale est là , les attentes sont là  », met en évidence Jocelyn Chan Low dans sa lecture des dernières émeutes, présentées comme « un début d’explosion sociale ». Mais, à travers ces événements, les manifestants ont non seulement exprimé leur mécontentement. « Ils ont montré qu’ils n’en peuvent plus. » Dès lors, que faire pour soulager la souffrance du peuple face à des prix qui le privent de son droit fondamental à la nourriture ?
Pour l’historien, « il faut un dialogue social et des mesures concrètes, avoir quoi faire dans le prochain budget ». Ces émeutes, explique encore Jocelyn Chan Low, interviennent aussi dans un contexte politique spécifique. « Des fonctionnaires sont allés à Dubaï, des gaspillages énormes sont révélés par le PAC et l’Audit, etc. Il faut que le gouvernement donne le bon exemple. Si on dit qu’il faut se serrer la ceinture, il faut que tout le monde se serre la ceinture. » La colère, soutient-il, n’est pas ressentie seulement par les vulnérables. « La classe moyenne est en train de s’appauvrir grandement ! »
Faizal Jeeroburkhan, observateur politique et social, revient sur le devoir moral de protéger les plus démunis. « Nous devons mettre de côté nos différences politiques et travailler en équipe avec plus d’empathie, de consultations, de coopération et de négociations pour résoudre les problèmes. » S’il dit comprendre parfaitement la réaction des manifestants, il condamne avec véhémence la violence et la répression qui « ne feront qu’aggraver la situation ».
Faizal Jeeroburkhan critique le fait qu’« on demande aux citoyens de faire des sacrifices et de se serrer la ceinture tandis que nos ministres et leurs délégations se mettent en file indienne pour visiter l’Expo de Dubaï et que la police se permet de passer des commandes de berlines luxueuses au coût de centaines de millions de roupies sur le dos des contribuables ; que des milliards de roupies de la MIC sont distribuées en toute opacité aux gros conglomérats ». Il met en garde contre l’appauvrissement d’une partie de la classe moyenne, considérée comme « les nouveaux pauvres ».
Reaz Chuttoo, représentant de la CTSP, juge légitime pour quiconque subissant une perte du pouvoir d’achat drastique de faire entendre sa voix. « Nous ne pouvons empêcher les gens de crier leur détresse. » Il propose de rehausser le plafond de la Negative Income Tax et « là où des Mauriciens peuvent travailler, il faut pouvoir suspendre le permis des travailleurs étrangers ». Il ajoute : « même si une femme peut travailler quatre heures dans un supermarché, il faut le lui permettre. Le but est d’augmenter le nombre de Bread Earners dans la famille. »
S’agissant du ciblage de l’aide sociale, le syndicaliste s’y oppose. « Ce serait une humiliation pour ces personnes. Par ailleurs, il y aura toujours certains se trouvant à la frontière et qui seront tentés de ruser pour se faire passer pour un pauvre », fait-il valoir. À la place, il prône une augmentation de la taxe chez ceux dont les salaires sont au-delà de Rs 50 000.
JOCELYN CHAN LOW (HISTORIEN)Â :
« La classe moyenne s’appauvrit grandement ! »
Les vives tensions cette dernière semaine semblent montrer que la hausse du prix du gaz et celle du carburant ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Si les autorités soutiennent que toutes ces majorations étaient inévitables, pouvez-vous comprendre l’exaspération des manifestants ? Comment interprétez-vous ces tensions ?
Tout le monde peut comprendre ces tensions du fait de la manière dont les prix ont augmenté. D’abord, il y a eu le prix du gaz et, tout de suite après, celui de l’essence. Avec un peu de bon sens politique, ces augmentations auraient pu être décalées. Pour adoucir les choses, on aurait pu étaler ces hausses. Déjà , il y a eu une majoration conséquente des denrées alimentaires, sans compter la hausse des prix des légumes après les cyclones et la dépréciation de la roupie.
Nous ne pouvons tout mettre sur compte de la guerre en Ukraine. C’est clair qu’avec la dévaluation continue de la roupie, l’augmentation du fret et ce qui se passe au niveau mondial, la situation se détériorera au niveau du pouvoir d’achat des Mauriciens. Déjà , une bonne partie de la population n’arrive pas à joindre les deux bouts.
Avec les émeutes vendredi soir, pouvons-nous parler d’explosion sociale ?
Il y a eu un début d’explosion sociale. Mais ce sont des actions plus ou moins spontanées, contenues, sans de dégâts aux commerces, etc. Il y a une révolte des Mauriciens qui descendent dans la rue, mais pas de révolution. Il n’y a pas de parti révolutionnaire avec une organisation et une structure politique encadrées.
Ce n’est pas comme en 1971 où le MMM était un mouvement de masse. Aujourd’hui, l’activisme n’est même pas au sein de partis traditionnels mais au sein d’autres groupes. L’activisme social se trouve en dehors des partis traditionnels. Ce sont de nouvelles personnes qui émergent. Ce n’est pas structuré.
Il semble y avoir eu une accalmie… Pensez-vous que cela va durer ?
Cela dépend de la réaction du gouvernement. Le mécontentement est là , la souffrance sociale est là , les attentes sont là . Il faut un dialogue social et des mesures concrètes.
Jusqu’où peut aller la colère des Mauriciens ?
Il y aura des crises sociales, des émeutes spontanées. Mais il n’y a pas de grande continuation. Il n’y a pas de partis traditionnels. Il y a de nouvelles têtes mais pas un mouvement structuré et de masse comme dans les années 70.
Certains établissent une comparaison avec février 1999. Le début de février 1999, oui, avec la révolte sociale mais pas la dimension qu’il y a eu après. Il ne faut pas trop comparer car février 1999 avait atteint un niveau bien inquiétant. Là , il y a des émeutes et des protestations spontanées avec quelques figures ici et là mais sans grand leadership.
Ces émeutes sont-elles susceptibles d’apporter des changements en termes de baisse des prix ?
Oui. Pour le gouvernement, c’est plus dangereux.
Quelles sont les répercussions à craindre suivant de telles émeutes ?
Ce sont des émeutes contre l’érosion du pouvoir d’achat. Il y a un budget qui vient. La population a affiché non seulement son mécontentement, mais elle a montré qu’elle n’en peut plus. Il faut donc savoir quoi faire dans ce budget. Il faut maintenant voir comment amortir la crise sociale.
Ces émeutes arrivent aussi dans un contexte politique spécifique : des missions officielles en série à Dubaï, des gaspillages énormes révélés par le PAC et l’Audit, etc. Il faut que le gouvernement donne le bon exemple. Si on dit qu’il faut se serrer la ceinture, il faut que tout le monde se serre la ceinture. Il y a effectivement une crise sociale où les gens n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Il y a des mesures correctives à prendre pour éviter que cela ne se dégénère. Nous avions parlé de certaines aides sociales. Il faut les réaliser ! Il y a des moyens de stabiliser les prix. Il faut diminuer les taxes sur les prix de l’essence.
La colère anime-t-elle seulement les plus vulnérables ou aussi d’autres couches de la population ?
Non, aujourd’hui, la colère n’est pas ressentie seulement par les plus vulnérables. Il faut faire attention. Quand on parle du prix de l’essence, la classe moyenne est en train de s’appauvrir grandement ! Les vulnérables peuvent avoir des aides sociales. Qu’en est-il de la classe moyenne qui est aussi très pénalisée ?
Une aide de l’État pour contrer les majorations de prix devrait-elle cibler les plus démunis seulement ou devrait-on cibler une trentaine de produits du quotidien utilisés par toute la population ?
Il faut une stratégie des deux côtés pour cibler, d’une part, ceux au bas de l’échelle et, de l’autre, une politique générale comme l’enlèvement de taxes sur l’essence.
Certains observateurs pointent le caractère « mouton » des Mauriciens qui « se plaignent sans réagir » face à la mauvaise gestion des gouvernants. Que s’est-il alors passé ces derniers jours ?
C’est faux de dire que les Mauriciens sont des moutons. Dans l’Histoire de Maurice, il y a eu beaucoup de moments où les gens sont descendus dans la rue. Ils ne vont pas descendre dans la rue pour protester contre telle ou telle loi. C’est différent. Mais, quand vous touchez à leur droit fondamental qu’est la nourriture ou encore le travail, ils vont descendre dans la rue. Ils ne vont pas descendre dans la rue pour des questions politiques mais pour des problèmes qui les affectent directement.
En mai 1975, j’étais dans la rue, en février 1999, j’étais dans la rue pour regarder les tensions. Qui dit que les Mauriciens sont des moutons? Cela dépend des Issues. Là , il y a eu une augmentation du prix du gaz et de l’essence. Il fallait être aveugle pour ne pas comprendre que cela allait déclencher de telles réactions. Il y a eu un aveuglément ! Il fallait un management. Cela n’a pas été Managed comme il le fallait.
FAIZAL JEEROBURKHAN (OBSERVATEUR SOCIAL)Â :
« Prendre le taureau par les cornes pour contenir la crise »
Les vives tensions cette dernière semaine semblent montrer que la hausse du prix du gaz et celle du carburant ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Si les autorités soutiennent que toutes ces majorations étaient inévitables, pouvez-vous comprendre l’exaspération des manifestants ?
Effectivement, les prix du gaz et du carburant sur le marché mondial sont hors de notre contrôle et une majoration des prix était quasi-inévitable. Cependant, nous avons le devoir moral de protéger les plus démunis. Nous devons mettre de côté nos différences politiques et travailler en équipe avec plus d’empathie, de consultations, de coopération et de négociations pour résoudre les problèmes qui s’annoncent gigantesques. La violence et la répression ne feront qu’aggraver la situation.
L’augmentation de 33% du prix du gaz et du carburant en l’espace de quatre mois est certainement un coup de massue pour les consommateurs, surtout ceux au bas de l’échelle, qui n’arrivent pas à cerner le mécanisme de taxation et de fixation des prix. Ils n’apprécient surtout pas la taxation excessive – autour de 100 % – sur les carburants.
C’est surtout la façon abrupte, inconsidérée et sans aucune explication de l’annonce au public qui est regrettable. Je comprends parfaitement la réaction des manifestants même si je condamne avec véhémence la violence. L’absence de communication et le refus du pouvoir en place d’écouter les cris du cÅ“ur des citoyens n’arrivant pas à joindre les deux bouts, à manger à leur faim et à s’occuper convenablement de leurs enfants sont à la base des manifestations.
On leur demande de faire des sacrifices et de se serrer la ceinture tandis que nos ministres – parmi les mieux payés au monde – et leurs délégations se mettent en file indienne pour visiter l’Expo de Dubaï et que la police se permet de passer des commandes de berlines luxueuses au coût de centaines de millions de roupies sur le dos des contribuables ; que des milliards de roupies de la MIC sont distribuées en toute opacité aux gros conglomérats. Comment ne pas comprendre l’exaspération des manifestants dans un tel contexte et quand le panier de la ménagère, établi par Statistics Mauritius, coûte Rs 31 900 par mois alors que le salaire minimum se situe à Rs 11 075 ?
Une explosion sociale était donc prévisible…
L’exaspération était prévisible vu l’évolution de la situation ces derniers temps. Déjà , en juillet 2020 quelque 150 000 personnes sont descendues dans les rues de Port Louis pour exprimer leur ras-le-bol. Les forces vives, les associations de consommateurs et les auditeurs de radios privées ont continuellement tiré la sonnette d’alarme sur le risque d’une explosion sociale.
Malheureusement, les autorités sont restées impassibles, tandis que la situation devenait intenable, surtout pour ceux en situation précaire. Ceux qui ont tenté de faire entendre leur mécontentement et leur calvaire dans la rue ou auprès de leurs représentants au Parlement ont été brutalement arrêtés et même enfermés.
Certains observateurs pointent le caractère mouton des Mauriciens qui se plaignent sans réagir face à la mauvaise gestion des gouvernants ? Êtes-vous d’accord ?
Les Mauriciens ont une culture revendicatrice plutôt modérée. Effectivement, en temps normal, ils se plaignent sans trop réagir face aux problématiques auxquelles ils sont confrontés. Mais leur patience et leurs capacités à encaisser ont certainement des limites que nos gouvernants doivent impérativement prendre en considération.
Malheureusement, blottis dans leur cocon douillet et dans leurs luxueuses berlines achetées avec l’argent des contribuables, nos dirigeants n’arrivent pas à saisir la réalité dans des quartiers pauvres ou des gens luttent pour leur survie au quotidien.
Sont-ce seulement les personnes vulnérables qui sont en colère aujourd’hui ou y a-t-il d’autres personnes de la classe moyenne ?
La classe moyenne subira de plein fouet les conséquences de cette crise. Certains basculeront inévitablement dans la pauvreté et deviendront les nouveaux pauvres. C’est une classe qui contribue énormément pour remplir les caisses de l’État à travers la TVA et les taxes individuelles. L’appauvrissement de cette classe aura un impact négatif sur les revenus nationaux et pourrait exacerber le soulèvement social.
Une éventuelle aide de l’État pour contrer les majorations de prix, devrait-elle cibler les plus démunis seulement ou devrait-on cibler une trentaine de produits du quotidien utilisés par toute la population ?
L’un n’exclut pas l’autre. Le ciblage des plus démunis aussi bien que le ciblage des produits de consommation courante sont devenus une nécessité. Certaines subventions accordées par l’État n’atteignent pas leur but car ce sont les riches qui en abusent, entraînant le gaspillage. Tout exercice de ciblage doit être méticuleusement planifié et organisé pour minimiser le coût administratif et la fraude.
Qu’est-ce qui peut éviter une explosion sociale aujourd’hui ?
Le gouvernement doit prendre le taureau par les cornes et venir avec un Marshall Plan pour contenir cette crise. Il faut en urgence mettre sur pied un comité parlementaire et un comité technique national avec des personnes engagées et compétentes dans différents domaines pour se pencher sur la crise et faire des recommandations.
Parmi les mesures urgentes, nous pouvons songer à des coupons alimentaires pour les personnes en détresse ; le ciblage sur les différentes subventions accordées ; une baisse de la TVA sur certains produits essentiels ; la hausse du salaire minimum ; une augmentation de la taxe sur les revenus des grosses entreprises, les gros salaires et les grosses fortunes ; revoir la taxation sur le carburant ; mettre en veilleuse les gros projets d’infrastructure non essentiels ; identifier et stopper le gaspillage ; réduire l’importation des produits de grand luxe ; utiliser les fonds disponibles de la MIC ; et relancer la production alimentaire.
REAZ CHUTTOO (SYNDICALISTE)Â :
« La STC doit importer et distribuer sans faire de profit »
Les vives tensions dans le pays cette dernière semaine semblent montrer que la hausse du prix du gaz et celle du carburant ont été la goutte d’eau qui ont fait déborder le vase. Si les autorités soutiennent que toutes ces majorations étaient inévitables, pouvez-vous comprendre l’exaspération des manifestants ?
Il est légitime pour quiconque sentant qu’il subit une perte du pouvoir d’achat drastique de faire entendre sa voix. Ce sont, comme on dit, des émeutes de la faim qui peuvent déboucher sur de telles tensions. Dans n’importe quel pays, il arrive que des habitants n’en peuvent vraiment plus, ne pouvant manger à leur faim.
La manif à Camp-Levieux a commencé par des jeunes qui, pour beaucoup, se déplacent à moto et qui se sentent impactés par cette énième hausse du prix du carburant. Il est vrai que c’est une réalité à travers le monde. Mais, dans beaucoup de pays, des solutions ont été proposées. À Maurice, le gouvernement devrait introduire des mesures semblables. Avec une TVA fixe, plus les prix augmentent, plus cela rapporte de l’argent à l’État. Le gouvernement aurait pu intervenir au niveau de la TVA même si temporairement.
Au niveau des denrées alimentaires, j’ai une lueur d’espoir car, paraît-il, l’Inde a un excédent de production de blé. Le gouvernement doit s’assurer que nous avons le blé à un prix raisonnable. On ne peut empêcher les gens de crier leur détresse. Il est tout aussi légitime pour ceux de l’opposition extraparlementaire de faire entendre sa voix.
Les personnes vulnérables, sont-elles les seules à ressentir de la colère aujourd’hui ?
Tout le monde est en colère même si certains exagèrent. Par exemple, certains viennent me voir pour me dire qu’il faut revoir leur Travelling Allowance. Ce sont surtout ceux au bas de l’échelle qui subissent cette hausse de l’essence de plein fouet. Il n’est pas nécessaire d’avoir une moto pour être impacté. Cette hausse touche plusieurs autres produits.
Les autres couches de la population doivent comprendre que nous sommes en temps de crise et qu’il faut faire des sacrifices. Certains n’ont pas de moyens de faire de sacrifice. Le gouvernement doit revoir les dépenses de l’État. Ce n’est pas normal que des entreprises bénéficient des subsides sur le salaire minimum alors qu’elles brassent des profits. Le gouvernement doit plutôt utiliser cet argent pour financer la Negative Income Tax.
Actuellement, si une personne a moins de Rs 20 000, elle reçoit une allocation. Il faut augmenter ce plafond de Rs 20 000. On ne peut permettre qu’il y ait de perte d’emploi. Par ailleurs, là où des Mauriciens peuvent travailler, il faut pouvoir suspendre le permis des travailleurs étrangers. Même si une femme peut travailler quatre heures dans un supermarché, il faut le lui permettre. Le but est d’augmenter le nombre de Bread Earners dans la famille.
On a noté la présence de femmes criant leur colère à Camp-Levieux…
Nous avons eu un cocktail de situations négatives. On subissait déjà les effets du Covid-19. Beaucoup d’entreprises ont baissé le salaire des employés drastiquement. Même celles qui ne sont pas en récession en ont profité. Couplé à cela, il y a eu les cyclones. Les prix des légumes sont, non seulement, exorbitants mais souvent exagérés. On invoque les inondations alors que les légumes filants poussent en abondance. Or, un paquet de brède chouchou se vend toujours à Rs 25 ! C’est la femme qui subit ces hausses en premier. Elle doit se débrouiller pour apporter à manger à la maison.
Maintenant, avec la hausse du prix de l’essence, c’est tout le coût de la vie qui augmente. Une paire de dholl puri se vend à Rs 15. Les marchands n’hésiteront pas à augmenter le prix encore car ils savent que c’est l’aliment complet le moins cher dans le pays. Au bout du compte, c’est la femme qui subit toutes ces augmentations à la maison.
Faudrait-il cibler les plus démunis en termes d’aide sociale ou devrait-on cibler une trentaine de produits du quotidien utilisés par toute la population ?
Nous ne pouvons cibler les démunis car c’est une humiliation pour ces personnes. Par ailleurs, il y aura toujours certains se trouvant à la frontière et qui seront tentés de ruser pour se faire passer pour un pauvre. Il faut plutôt augmenter la taxe de ceux qui gagnent beaucoup – au-delà de Rs 50 000 – de 0,05%. À situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles. Fode pa de kalite dimounn ki mor – enn pena manze ek enn toufe ar manze. Il faut qu’il y ait un sacrifice.
Deuxièmement, je ne suis pas d’accord quand on parle de favoriser la compétition. Maurice est un petit marché de consommateurs. Il a été prouvé qu’avec un petit marché, ce n’est pas la compétition qui existe mais un cartel favorisant des prix forts. Ce qui entraîne en ces temps la malnutrition.
Le gouvernement doit donc cibler plutôt des produits en fixant leurs prix, ne serait-ce que temporairement. Cela doit concerner des produits de première consommation, pas uniquement alimentaire. Par exemple, il y a 40% de personnes diabétiques dans le pays et donc, des médicaments que les gens doivent obligatoirement acheter.
Autre mesure ?
Il faut enlever la TVA sur les appels de plus de Rs 500. Ce sera un soulagement. Mauritius Telecom est loin d’être en situation de faillite. La compagnie brasse des milliards de profits.
De plus, la STC doit pouvoir, dans une perspective sociale, importer des produits pour les distribuer sur le marché sans qu’elle ne fasse de profits. Cela, pour s’assurer que le peuple peut manger à sa faim.