Le Guide - Législatives 2024

Dans un autobus desservant l’ouest : « olie sofer pran direksion lepor, nou trouv li al ver Lenor »

  • Cette fonctionnaire a mis six heures pour rentrer chez elle à Bambous avec au moins quatre heures le bus bloqué à Plaine-Verte

Les images des voitures emportées par les débordements au centre de la capitale dominent les réseaux sociaux pour ce lundi traumatisant avec le cyclone tropical Belal, épargnant Maurice pour s’acharner contre l’île-sœur. Mais le calvaire de ceux qui devaient rentrer chez eux en prenant le transport en commun était encore plus éprouvant. Routes bloquées. Traumatisme des informations, appuyées de scènes de plus en plus accablantes reçues sur des téléphones alors qu’ils sont immobilisés dans des bus bondés. En tout cas, ces passagers ne sont pas prêts d’oublier cet épisode, qui devrait pousser à réfléchir deux fois avant de sortir en période de pluies torrentielles.

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Les exemples de difficultés dans le transport en autobus, lundi, en sont légion. Mais l’unanimité est « ti fer per. Ti gagn gran per ! » À titre d’exemple, cette fonctionnaire, pardon ce bus, qui a mis presque six heures pour faire le trajet Port-Louis. D’habitude, au pis-aller, cela prend une heure. Mais, comme les autres passagers, qui voulaient arriver chez eux dans les meilleurs délais, elle a dû prendre son mal en patience, tout en dénonçant cette mauvaise gestion de crise.

« Il était 12 h 30. Je suis arrivée à la gare du Nord et j’ai pris place dans le bus pour rentrer à Bambous. Il était déjà en marche. Une première surprise. À la sortie de la gare routière, au lieu de prendre la gauche de l’autoroute pour de diriger vers le waterfront et le Sud, le chauffeur embarque le bus dans la voie menant au Nord, vers Roche-Bois. Olie sofer pran direksion lepor, nou trouv li al ver Lenor », raconte cette fonctionnaire.

« Tous les passagers interpellent le chauffeur : kot ou pe ale. Nou rest Bambous. Aucune réaction de la part du chauffeur. Imperturbable, il poursuit sa route dans la voie se dirigeant au Nord. Nouvelle protestation virulente des passagers quand le bus traverse la région de Camp-Yoloff », poursuit-elle.
C’est à ce moment que le chauffeur du bus décide de sortir de son mutisme. « Tro boukou dilo lor Caudan. Pa kapav fer sime ki abitie pran pou al Banbou. Pou bizin pran sime ki nou pe pran », dira-t-il pour apaiser l’appréhension des passagers. Pas si sûr qu’ils soient aussi réconfortés. En effet, sur les écrans des téléphones portables des passagers défilaient des scènes d’inondations, les unes plus effrayantes que les autres survenant au centre de la capitale.
Le trafic routier est bloqué et le bus prendra au moins quatre heures pour sortir de Camp-Yoloff et rejoindre la Plaine-Verte, deux agglomérations l’une jouxtant l’autre. Devant cet état des choses, la fonctionnaire, mère de famille de deux adolescents, décide d’appeler ces derniers. « Je me suis dit qu’avec cette tendance, et ce qui se passe sur la route, je vais arriver à Bambous vers 20 heures. J’ai dit à mes enfants de ne pas se faire du souci et que j’étais saine et sauve et dans le bus », se rappelle-t-elle.

Dans le bus, elle pouvait imaginer l’ampleur des dégâts sur les routes. Entre-temps, elle recevait des nouvelles de la situation dans la région de Rivière-Noire. D’abord, de gros problèmes à la route Geoffroy, Bambous, avec le mur d’une importante entreprise, qui s’est effondré sous la pression de l’eau, envahissant des zones résidentielles. Puis, le tronçon de route entre l’entrée de Médine et Cascavelle Business Park envahi par l’eau boueuse dévalant les champs de cannes en amont. La route à la hauteur de Richelieu et de la croisée d’Albion jugée dangereuse. Autant de détails s’ajoutant aux craintes.  « Ti pe gagn bien per. Enn gro la per », poursuit-elle encore sous l’effet du choc de lundi.

Finalement, ce sera vers 16 heures 30, que le bus retournera sur La-Nationale. « Le bus a finalement emprunté la rue de l’Intendance pour rejoindre l’autoroute en passant par McDonald. Mais de ce que nous avions pu constater pendant le trajet, même à Grande-Rivière-Nord-Ouest, nous avions pris connaissance de la gravité de la situation et des risques encourus par les usagers de la route. À ce moment précis, il n’y a plus de signes de débordements et d’inondation sur la route », confie-t-elle.

Ce lundi-là, elle regagnera son domicile vers 18 h 30. En tout cas, vraiment pas comme à la fin d’un jour de travail normal…

À la mi-journée lundi : la Poudrière transformée en rivière

Situation des plus chaotiques à la rue Poudrière, à Port-Louis, lundi, peu après 12h30 !  Des employés d’une compagnie privée s’apprêtaient à rentrer chez eux. Soudain, ils ont été pris au piège par les grosses averses qui se sont abattues sur la capitale et d’une montée du niveau d’eau à faire peur les plus téméraires.

En un rien de temps, l’eau est montée sur la rue Poudrière et les artères environnantes, inondant et charriant dans leur courant plusieurs véhicules qui se sont retrouvés entassés les uns contre les autres, submergés, le capot en oblique, et flottant sur une eau épaisse et boueuse.
Pris de panique, ceux qui étaient au volant de leurs véhicules devant le supermarché Winners ont pu compter sur l’intervention des volontaires qui ont créé une chaîne humaine pour leur venir en aide.

D’autres ont dû laisser leurs voitures sur place pour chercher refuge, où c’était encore possible. Tandis que certains badauds assistaient à la scène, impuissants.
Geeta, employée de la compagnie privée, était au volant de sa voiture quand, à proximité des Casernes centrales, sa voiture a été prise au piège dans les eaux. Elle a dû l’abandonner et chercher l’aide de la police.
Après l’émission de l’alerte III, des employés de la compagnie en question étaient toujours bloqués sur leur lieu de travail à 15h30.

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