Dans un autobus à Rose-Belle : Inacceptable humiliation d’une handicapée par le receveur et le chauffeur

Le respect et la dignité sont des droits fondamentaux pour tous, mais ce principe a été bafoué de manière choquante à bord d’un bus de transport public à Rose-Belle, où la Dr Ameegah Paul, handicapée, a été victime d’un traitement inacceptable de la part d’un chauffeur et d’un receveur. L’incident, survenu en début de la semaine écoulée, a secoué la communauté et suscite une vague d’indignation, mettant en lumière le manque de respect et la cruauté auxquels peuvent être confrontées les personnes vulnérables au quotidien. Face à cette humiliation subie, le ministre du Transport, Osman Mahomed a rendu visite au Dr Ameegah Paul, qui a d’ailleurs porté plainte à la NLTA. Une enquête a été ouverte, avec un comité disciplinaire au sein de la National Land Transport Authority (NLTA) pour examiner les circonstances de cet incident et prendre les mesures appropriées. De même, les conditions d’octroi de ces permis pourraient être revues à la lumière de cette affaire.

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L’histoire commence de manière banale, lorsque la Dr Ameegah Paul, accompagnée de ses parents, prend un bus à destination de la foire de Rose-Belle après une consultation à l’hôpital de la région. À 10h20, la petite famille monte dans le bus immatriculé 3444 JL 07, avec beaucoup d’autres passagers. Il n’y avait pas de places assises disponibles, et comme c’est souvent le cas dans les transports en commun, la Dr Ameegah Paul se trouve contrainte de rester debout. Elle s’installe à l’avant, où elle peut se tenir pour plus de stabilité, utilisant une seule main en raison de son handicap.

Insultée en plein trajet
À peine commencé, le trajet a pris une tournure choquante. Sur son post Facebook, la Dr Ameegah Paul relate que lorsque le receveur est venu vers elle pour les tickets de transport, elle lui a expliqué poliment qu’embarrassée du fait d’être debout, elle ne pouvait immédiatement sortir la monnaie pour régler le ticket de bus de sa mère. Elle a indiqué au receveur qu’elle allait le faire au prochain arrêt. Mais au lieu de faire preuve de compréhension, le contrôleur réagit de manière agressive et s’en est allé furieux vers les parents d’Ameegah Paul, les insultant devant tous les autres passagers.

Ce qui se passe ensuite est tout simplement révoltant. Le chauffeur, loin de calmer la situation, se joint à l’agression verbale, transformant un simple malentendu en un véritable lynchage verbal. En plein trajet, la victime et sa famille se retrouvent humiliées devant une soixantaine de témoins, et ce, sans qu’aucun geste de solidarité ne vienne de la part des autres passagers, silencieux face à cette attaque.

Au moment de payer, la Dr Ameegah Paul montre son buspass et donne la somme de Rs 10 pour le billet de sa mère. Mais le contrôleur lui annonce brutalement que le tarif est désormais de Rs 17, une différence inexplicable, alors qu’habituellement, la Dr Ameegah Paul a toujours payé Rs 10 pour le même trajet. Alors qu’elle tente d’expliquer calmement la situation, le receveur lui lance les Rs 10 au visage. “Il m’a jeté l’argent au visage”, raconte-t-elle, encore sous l’effet du choc. Geste terriblement méprisant illustrant la violence et l’humiliation la plus totale. Ses parents, choqués et désemparés, n’en croient pas leurs yeux.

“Est-ce cela le respect que méritent les passagers ? Est-ce ainsi que l’on traite quelqu’un simplement parce qu’il a un handicap ?”, se demande la Dr Ameegah Paul. D’autant que parmi ls 60 autres passagers présents dans l’autobus, un seul, un homme âgé, a osé intervenir pour la défendre. À sa grande consternation, l’homme est lui aussi verbalement agressé par le receveur et le chauffeur. Cette indifférence et la passivité des autres passagers face à l’incident sont tout aussi chagrinantes et choquantes.

À la suite de l’indignation suscitée par l’incident dont elle a été victime, la Dr Ameegah Paul a relaté son histoire sur sa page Facebook, suscitant une onde de soutien parmi de nombreux Mauriciens d’ici et d’ailleurs. Jeudi, elle a reçu la visite du ministre du Transport, Osman Mahomed, chez elle à Surinam. Le ministre a exprimé sa révolte face à ce comportement, se disant « profondément attristé par ce qui s’était passé » et condamnant fermement le geste du chauffeur et du receveur. Il a qualifié leur attitude d’« inacceptable » et a promis d’apporter son soutien pour résoudre cette affaire.

« Ce genre de comportement n’a pas sa place dans nos transports publics. Personne, quel que soit son statut, son handicap ou son âge, ne devrait être traité de la sorte », a dit Osman Mahomed. Le ministre a également rappelé que les opérateurs privés, tels que ceux impliqués dans cet incident, doivent être tenus responsables de la formation et du comportement de leurs employés, soulignant que « les agents de transport doivent comprendre que leur rôle n’est pas seulement de conduire ou de contrôler, mais aussi de garantir la dignité de leurs passagers. »

Le ministre a annoncé qu’une enquête serait ouverte, avec un comité disciplinaire, au sein de la National Land Transport Authority (NLTA) pour examiner les circonstances de cet incident et prendre les mesures appropriées. « Ce n’est pas juste un problème pour la Dr Ameegah Paul, mais pour toute la société », a déclaré Osman Mahomed. « La dignité des passagers doit être garantie et si cet incident reste impuni, il enverra un message de tolérance à l’égard de l’intolérable. »

L’incident n’a pas seulement révélé les comportements odieux de certains agents de transport, mais aussi l’indifférence de nombreux témoins face à une situation de violence verbale et physique. D’ailleurs, la Dr Ameegah Paul a décidé de ne pas rester silencieuse. Elle sait que son combat ne se limite pas à une simple justice personnelle. « Ce n’est pas seulement mon combat, c’est celui de toutes les personnes vulnérables, qu’il s’agisse des handicapés ou des personnes âgées, qui subissent au quotidien des actes de cruauté et de mépris dans les transports publics. »

Elle  souligne que « nous ne pouvons plus rester silencieux face à cette inhumanité. Le respect et la dignité ne sont pas des options, ce sont des droits. » Et de rappeler à ceux qui sont restés passifs face à son agression que “votre silence est aussi bruyant que leurs insultes. Votre indifférence est aussi douloureuse que leurs actions. Quand vous êtes témoins d’une injustice et que vous ne faites rien, vous vous rangez du côté de l’agresseur. Aujourd’hui, vous avez choisi le camp de la haine.” Ce combat, selon elle, ne fait que commencer. Elle a promis de poursuivre ses démarches pour que justice soit rendue et que de tels comportements ne se reproduisent plus. Le respect n’est pas une faveur, c’est un droit. Et ce droit doit être respecté par tous.

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