Dans le ciel de La Tour Koenig… à 5h20 : D’épaisses fumées noires qui dépassent l’entendement !

La pollution est un sujet qui s’impose à La Tour Kœnig et Pointe-aux-Sables, où les habitants sont confrontés aux fumées rejetées par les usines en tout genre depuis des années. Sauf que l’immense panache de fumée noire, couplée d’une odeur de soufre, dégagée mercredi matin à 5h20 par la cheminée de l’usine CMT et qui a ébranlé la localité durant plus d’une heure dépasse l’entendement.

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Les témoins de ce triste spectacle n’en croyaient pas leurs yeux. « Du jamais vu », selon les plus anciens habitants de la NHDC Coquillages qui jouxte l’usine à Pointe-aux-Sables. D’ordinaire, la seule fumée qui s’y échappe est de la vapeur grise. Un événement fâcheux et assez impressionnant pour causer de vives inquiétudes chez les riverains. Nos interlocuteurs à l’usine CMT nous ont baladés de gauche à droite sans nous avoir donné une explication sur l’origine de cette nébuleuse.

Quand il y n’en a plus, il y en a encore. Les habitants dont les maisons côtoient la zone industrielle de La Tour Koenig pensaient être définitivement débarrassés des aléas engendrés par les volutes de fumée noire dégagée par les usines. Non, car après plusieurs mois de répit se traduisant par une nette amélioration de la qualité de l’air, l’épisode de mercredi matin a fait ressurgir les vieux souvenirs des pics de pollution quotidienne à l’origine de problèmes respiratoires chroniques chez les habitants les plus vulnérables. Il est 5h20. Paul, un résident de la NHDC Coquillages, vient tout juste de se réveiller et s’apprête à faire sa toilette avant d’aller au travail. Or, il est stoppé net dans son élan, car à travers les vitres de sa chambre qui donne sur l’usine CMT, plongée dans le noir, un détail l’interpelle : d’épais panaches de fumée noire émanant de l’usine s’élèvent dans le ciel et se répandent autour des habitations. « Mo’nn met sa lor kont somey, mais, hélas ce triste spectacle n’était nullement une illusion. On aurait cru à un incendie », confie Paul.

À la lumière des nombreux témoignages recueillis auprès d’autres habitants de La Tour Kœnig, Pointe-aux-Sables et Débarcadère, cet imposant nuage de fumée, avec un degré de pollution atmosphérique nullement conforme aux valeurs limites, était visible à des kilomètres à la ronde. De quoi susciter des interrogations, voire l’indignation, car personne ne sait si l’usine ne profiterait pas des heures indues où tout le monde est ordinairement retiré chez soi pour rejeter sa fumée. « Il faudra avoir l’œil dorénavant, car nous avons trop souffert dans le passé de cette pollution pour qu’on ait à revivre le même calvaire encore », souligne Martine, qui habite depuis plus de 10 ans à côté de la zone industrielle. 

Comme plusieurs de leurs voisins, ils subissent régulièrement les rejets des usines qui se sont développées à un rythme accéléré depuis les années 1990. « Certes, la situation s’est assainie un peu, mais elle existe toujours. L’inhalation de l’air suffocant n’est pas la seule difficulté qui rend la vie dure aux habitants. Des couches de poussière couvrent les murs et les rideaux des maisons, signe de la pollution produite par les usines », dit-elle.

Fabrice David monte au créneau

Le Collectif Bien-Être de Pointe-aux-Sables et d’autres organisations comme la Morcellement Rey Welfare Association et le Mouvement Social de Débarcadère ont eu beau exprimer leur courroux au sujet des usines polluantes au cours de ces cinq dernières années. Peine perdue. Les autorités et les usines pointées du doigt ne semblent pas faire grand cas du calvaire des habitants exposés à ces émissions. Pour en revenir à l’épisode de mercredi, le député de la circonscription Fabrice David, qui a travaillé pendant 13 ans en France dans le domaine de la dépollution de l’air industriel, compte exiger des autorités le suivi qui a été effectué suite à cette pollution atmosphérique. « Le ministère de l’Environnement procède-t-il toujours à un monitoring dans la zone ? Si oui, quels sont les résultats des analyses ? Le ou les pollueurs ont-ils été identifiés et contactés ? Ces fumées ont-elles eu un impact sur la santé des habitants de la région ? » Le députe souligne qu’en mai dernier, il a soulevé une question au Parlement concernant la pollution atmosphérique à La Tour Kœnig avant d’adresser une PQ au ministre de tutelle sur l’introduction du « Air Quality Index », qui demeure une urgence, selon lui.

L’inspecteur Vishwanaden Amasay, de la Police de l’Environnement, qui a visionné les vidéos qu’on s’est procurées auprès des habitants, s’est également dit choqué par cet immense nuage de fumée noire. « Notre unité prend cette affaire très au sérieux, car il ne fait aucun doute que ces épais panaches de fumée noire sont largement au-dessus de la norme. C’est inacceptable ! Nous avons informé le ministère de l’Environnement et allons dépêcher des officiers de notre unité sur le site dans les plus brefs délais. »

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