La première réaction de Dani Cameron lorsqu’elle a atteint les côtes de Cap Gris-Nez, dans le Pas-de-Calais, France, après avoir traversé la Manche à la nage le week-end dernier, a été de brandir le drapeau mauricien. La nageuse anglaise a eu une pensée pour sa mère, Mauricienne. En douze heures de crawl, Dani Cameron, 51 ans, a non seulement relevé un défi sportif à travers cette performance, mais a aussi rendu hommage à la mémoire de sa mère et mobilisé des fonds pour les personnes atteintes de Maladies neuro-dégénératives (MDN). À Strumpshaw, petit village du Norfolk dans l’Est de l’Angleterre où elle tient un pub avec son mari Bob, elle a de quoi raconter à ses clients…
Traverser la Manche à la nage depuis l’Angleterre jusqu’en France est considéré comme étant l’épreuve la plus difficile au monde. Parole d’expert. Dani Cameron, fière résidente de Norwich, l’a fait. À 51 ans, anniversaire qu’elle célèbre cette semaine, cette Britannique à moitié mauricienne du côté maternel, a relevé le défi qu’entreprennent des centaines de personnes chaque année.
Une part qui compte
Ses premières pensées, nous confie-t-elle, trois jours après son exploit, ont été pour sa maman : “Ma mère, Marie Gladys Velvindron est née sur l’ancienne propriété sucrière de The Mount. Elle est arrivée en Angleterre dans les années ‘60 et y a travaillé durant presque toute sa vie comme infirmière et, plus tard, assistante enseignant.”
C’est avant tout pour sa mère que Dani Cameron a parcouru 21 miles (33.8 km) à la nage dans une eau à température oscillant entre 19°C et 20°C, en cette période estivale en Europe. “Ma mère a été déterminante dans ma pratique de la natation. She was pivotal in having me swim as a child as she couldn’t swim herself”, raconte la nageuse, qui poursuit :”Je nageais pour ma région, mais j’ai abandonné à l’âge de 17 ans. Je n’avais plus nagé pendant 27 ans jusqu’au décès de ma mère. J’ai recommencé à nager il y a 7 ans. My mum’s death got me back into swimming. When she died, I lost direction. I would be a good mum, but I had nothing else. Outdoor marathon swimming gives me the head space I need to process life. I then got caught up in other swimmers adventures which ultimately made me think, maybe I can do it.”
Née à Norfolk, Dani Cameron a brandi le drapeau mauricien après avoir nagé pendant 12 heures. Ses origines mauriciennes, dit-elle, ne sont pas uniquement inscrites dans ses gènes, mais aussi dans son parcours, son quotidien : “Je suis à moitié mauricienne et cette part compte pour moi. I look more like my Mauritian family than my English one. My lounge is decorated with dodos and Mauritian oil paintings, as well as tartan, as my husband has Scottish heritage. I think it’s important to know where your roots are.”
Elle récolte £ 5000 pour les MDN
Dani Cameron a aussi dédié sa performance aux personnes atteintes de MDN, maladies du motoneurone caractérisées par une perte progressive des neurones moteurs entraînant des troubles de la motricité et une paralysie progressive. “Mon meilleur ami Al est décédé de MDN. Et honnêtement, je n’ai pas pu m’en remettre. I lost my mum, then my brother the year after. Following that, my best friend Debs was found dead. When I called Al to tell him, he said : ‘While we are sharing, I have MND.’ Al was one of my oldest friends. He was a uncle figure to my girls. MND was so cruel. I couldn’t believe my eyes but because I was reeling from my mum, brother and Debs, I didn’t cope with his death very well”, confie Dani Cameron. En nageant dans les eaux froides de la Manche, elle en a profité pour sensibiliser sur ces maladies et grâce à la campagne de levée de fonds dans laquelle elle s’était déjà investie, elle a récolté un peu plus de £ 5,000.
De Jersey à la France
L’idée de traverser la Manche, nous dit Dani Cameron, a germé quand elle a appris qu’un de ses camarades d’entraînement envisageait cette possibilité. “Durant ces deux dernières années, j’ai pratiqué la natation cinq fois par semaine. I swam the length of Ullswater in 2021 from the island of Jersey to France, the year after, and the length of Coniston this year”, dit-elle. Connaissant son potentiel et son endurance, elle s’est laissée tenter par la fameuse traversée. “I had a strict diet planned by a sports nutritionist. I had one personnal training session a week for six months which concentrated in mobility, strength and conditioning. My swim coach drew up a plan. In the winter I swam in the pool four times a week. As soon as the seas and lakes were at least 12°c, I would start doing sessions outside. The closer to the Channel date, I got the more distance I would swim climaxing in a 21 mile week-end”, poursuit la nageuse.
“I swam the wholeway”
Le grand jour, Dani Cameron s’est jetée à l’eau à Samphire Hoe, Douvres (Angleterre) à 4h40. Et un peu plus de douze heures de crawl plus tard, elle touchait terre à Cap Gris-Nez, en France. La traversée de la Manche étant très réglementée – la Channel and Piloting Federation, la Channel Crossing Association et la Channel Swimming Association sont les seuls organismes agrées –, Dani Cameron n’a pas échappé aux règles strictes et millimétrées. En effet, pour qu’une traversée soit validée, le nageur ou la nageuse ne doit pas toucher le bateau qui l’accompagne: le Sea Leopard pour Dani Cameron, ni sortir de l’eau par ses propres moyens, toucher le sable sec et, tant qu’il ou qu’elle a encore les pieds dans l’eau, le chronomètre continue de tourner. Sont autorisés le maillot de bain, de la graisse sur le corps, des lunettes, le bonnet crème solaire et une source lumineuse chimique ou électronique pour la nage de nuit. Dani Cameron explique qu’elle a choisi de la vaseline comme matière grasse. Cette application est nécessaire pour éviter le frottement du sel sur le corps. Nager dans les eaux de la Manche est loin d’être une sinécure.
Déterminée
Les nageurs doivent éviter les courants, les méduses et la navigation, de même affronter la pollution, les conditions météorologiques et la froideur de l’eau. “I swam the whole way”, dit Dani Cameron. Elle indique aussi que pour maintenir son énergie, elle a eu droit à de la boisson énergétique. Une bouteille lui a été lancée par un câble.
Concentrée et déterminée, Dani Cameron a fait preuve d’un mental d’acier pour atteindre les côtes françaises. “I didn’t want to fail as I didn’t want to let anyone down”, concède-t-elle. “La traversée en elle-même était assez directe”, précise-t-elle. La préparation, les entraînements et rester motivée étaient les éléments les plus exigeants de cette aventure, laisse-t-elle comprendre. Et lundi dernier, le repos était bien mérité. Le lendemain, le massage médical n’a pu que faire du bien à la nageuse, mais plus encore : le soutien de son mari Bob et de ses deux filles McKenzie, 18 ans, et Bonnie-Belle, 14 ans.