Sians ek konesans pou tou dimounn. Tel est le titre de la revue lancée par la Creole Speaking Union (CSU), regroupant les travaux des trois gagnants du Konkour Lekritir Text Siantifik organisé en 2020.
Jean Lindsay Dhookit a écrit Anou fer enn teleskop sur la conception d’un télescope, tandis que Krishna Pentayah a disserté sur Langaz Liniver pour une meilleure compréhension de l’univers et Amena Rosun, sur Mezir dan fiziks, l’une des bases de l’enseignement de la physique au collège.
Avec cette publication, la CSU quitte le domaine des sciences sociales pour s’intéresser au scientifique. Le Pr Arnaud Carpooran, président de la CSU, considère cette étape comme une progression dans le travail accompli pour la promotion du kreol morisien. C’est sans doute, un premier pas pour que le kreol morisien devienne un médium d’enseignement pour les matières scientifiques.
Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une autre Lide Fouka, qui se concrétise, pour reprendre les mots d’Arnaud Carpooran lui-même. « Quand nous avons lancé le concours, nous nous sommes demandés : est-ce que le kreol morisien pouvait devenir une langue scientifique ? À travers leurs travaux, les trois gagnants ont contribué à ce combat. Cela ne doit pas s’arrêter là. C’est pour cela que nous avons opté la publication d’une revue afin que l’expérience continue avec d’autres contributions », ajoute-t-il.
Le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Avinash Teeluck, a salué cette initiative de la CSU qui, selon lui, remplit pleinement son rôle, contrairement à d’autres. « J’ai aussi étudié les sciences et j’avoue qu’il y a certains concepts qui sont compliqués. On peut se désintéresser facilement. Mais quand c’est dans sa langue maternelle, il y a plus d’intérêts. »
Ce point de vue est confirmé par Kimberly Oxide, membre de l’équipe d’édition, qui estime que travailler sur l’ouvrage lui a permis de mieux comprendre certaines choses enseignées à l’école.
La nécessité de rendre la science accessible à tous se fait également sentir au niveau du Rajiv Gandhi Science Centre, où le directeur, Anand Kumar Maulloo, estime que les expositions et activités uniquement en anglais relèvent d’une faiblesse dans le travail de vulgarisation. « C’est dommage que dans beaucoup de situations, les enfants doivent apprendre par coeur, même dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas. » Il considère ainsi que la revue scientifique en kreol est un « petit pas, mais une grande contribution » pour rendre la science accessible.
Cette première édition de Sians ek konesans pou tou dimounn comprend les textes des trois gagnants du Pri Konkour Lekritir Text Siantifik CSU 2020. Le lauréat, Jean Lindsay Dhookit, a proposé Anou fer enn teleskop. Il explique ainsi la fonction, la conception et la construction d’un télescope dans un kreol simple et accessible.
Langaz Liniver est le témoignage de toute la fougue de jeunesse de Krishna Pentayah, grand passionné de littérature et de science à la fois, étudiant en Mechanical Engineering à l’Université de Maurice. Il a choisi de s’inspirer d’une citation de Galileo Galilei, qui dit : « to Understand the Universe, you must understand the language in which it’s written, the language of Mathematics. » Et pour lui, la langue de l’univers, c’est le kreol morisien.
Le troisième texte est axé sur un chapitre de physique. Amena Rosun, enseignante au collège Hamilton, a ainsi choisi de rendre les mesures en physique plus accessibles. Lors de la cérémonie de lancement, elle a symboliquement remis une copie de la revue à deux de ses élèves.