Linley Moothien, président de l’ONG 4 Tilapat, accuse Julien George, le directeur de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) d’avoir falsifié les preuves qu’il détenait. La vidéo incriminante, dont une copie avait été remise aux autorités ainsi qu’à la presse, montre des chiens se dévorant entre eux. Cette scène serait, selon lui, produite dans l’ancien compound de Vallée-des-Prêtres, pendant le premier confinement de 2020. En début de semaine, l’activiste s’est rendu au Central Criminal Investigation Department (CCID) aux Casernes Centrales, afin de déposer une plainte contre l’actuel directeur de la MSAW pour falsifications de preuves mais également contre les ministres Maneesh Gobin et Mahen Seeruttun pour leur inaction. Par ailleurs, il demande également à l’ACP Gungadin de sécuriser la zone de l’ancienne fourrière de Vallée-des-Prêtres, afin d’éviter d’éventuels “tampering of evidences”.
Cette semaine, après son passage au CCID, Linley Moothien a eu une rencontre avec l’évêque Jean Michaël Dhurone auquel il a remis une copie de la vidéo. Il sollicite également un rendez-vous avec le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) suite à un nouveau dépôt de plainte au poste de police de Plaine Verte. S’il réclame la sécurisation de la zone de l’ancienne fourrière de Vallée-des-Prêtres, c’est, dit-il, afin d’éviter d’éventuels falsifications de preuves. “Déjà, les preuves visuelles ont été truquées. Dans le but de tromper, le chenil peint en uni, visible sur les images initiales, a été repeint et le bas du mur tapissé de bandes horizontales”, déplore-t-il.
Revenant sur cette vidéo réalisée à Vallée-des-Prêtres pendant le premier confinement, Linley Moothien déclare : “Cette vidéo, qui a été tournée dans le compound de la MSAW, montre des chiens faméliques et décharnés par le manque de nourriture et se dévorant entre eux. Ces derniers ont été dépourvus d’eau et de nourriture, les forçant à se manger entre eux. On se souvient de l’article du Mauricien du 6 avril 2020 qui décriait la même situation. Ce qui s’est passé est venu donner raison aux dénonciations de ce journal avec son article intitulé Privés d’eau et de nourriture : Plus d’une centaine de chiens auraient trouvé la mort dans l’indifférence générale. Deux jours après la parution de cet article, M. Arun Bhinda, alors chairman de la MSAW, avait convié un quotidien pour une opération de communication, afin de montrer que tout va bien”.
Le 4 mars 2021, Linley Moothien se rend au CCID afin de déposer une clé USB de la vidéo incriminante. “À noter qu’à cette période, le mur du chenil était uniforme et ne présentait pas de bandes colorées”, tient-il à préciser. S’ensuit alors une autre opération de communication de la MSAW, cette fois avec le ministre de l’Agro, Maneesh Gobin. Indigné par la situation, le ministre ordonne la fermeture immédiate du dog compound de Vallée-des-Prêtres. Entretemps, malgré les relances à la police et le silence concernant l’enquête, Linley Moothien décide de passer à une autre étape. Il sollicite une rencontre immédiate avec le directeur de l’Association des hôteliers et des restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) et prévient qu’il est invité par les médias français pour la diffusion de la vidéo et pour exposer la situation de l’Animal Welfare à Maurice.
“Le directeur de l’AHRIM a eu une rencontre immédiate à ce sujet avec le ministre du Tourisme. Suite à cette rencontre, j’ai été convoqué par le directeur de la MSAW Julien Georges pour une réunion urgente. Mais j’ai finalement compris qu’il s’agissait d’un leurre sous forme de promesses multiples : sanctuaires nationaux pour animaux abandonnés, cliniques vétérinaires. Tout ceci dans le but ultime de m’amener à lui remettre la vidéo incriminante sous prétexte de faire accélerer l’enquête et de trouver les coupables. Chose qui fut faite sous condition d’un avis de réception et de faire conclure les investigations. Comprenant le jeu du pouvoir et que rien ne se fera dans le concret, j’ai fais part au directeur de la MSAW de ma déception et de mon sentiment d’avoir été berné. Pendant ce temps, j’ai mené mon enquête et j’ai enfin compris la raison obscure pour laquelle la MSAW a voulu avoir la vidéo. Les preuves ont été falsifiées. Aujourd’hui, nous demandons aux autorités d’agir”, dit Linley Moothien.