Crise au sein de la compagnie d’aviation: Les employés d’Air Mauritius en appellent aux  nouveaux élus 

« Firstly, we would like to extend our heartfelt congratulations on your historical victory in the recent general elections. » C’est par ces mots que débute une lettre ouverte d’espoir, datée du 14 novembre et adressée aux nouveaux membres de l’Assemblée nationale, fraîchement élus des élections du 10 novembre. Les employés d’Air Mauritius y expriment leurs inquiétudes face à une série de dysfonctionnements internes, marqués par des abus de pouvoir et des pratiques de favoritisme qui ont été la marque de fabrique sous la gouvernance déviante de l’ex-gouvernement.
Les accusations pointent directement la direction actuelle ainsi que certains employés suspendus, soupçonnés de chercher à reprendre des postes influents au sein de la compagnie. Ce document constitue un appel pressant aux autorités nouvellement élues pour qu’elles prennent des mesures concrètes, afin de restaurer l’intégrité et la transparence au sein de la compagnie nationale d’aviation.
“Operation carapate sanz lichien”
Le courrier mentionne une opération appelée “Carapate sanz lichien”, que les employés décrivent comme un problème croissant pour l’île et pour Air Mauritius. Les signataires soulignent leurs attentes envers les nouveaux élus, écrivant : “As Air Mauritius employees and supporters of the Alliance du Changement, we have high expectations from you, our elected representatives.”
Ils dénoncent particulièrement les actions de deux employés suspendus, Amba Manikam et Ryan Ramsamy, accusés de fautes professionnelles et d’abus d’autorité. Ces deux individus auraient agi comme agents de campagne pour certains élus et bénéficieraient d’un réseau d’influence, notamment grâce à leur proximité avec une figure politique clé, Ken Arian, le tout nouveau ancien président d’Airports Holding Ltd, la société qui englobe également Air Mauritius. « We have attached all relevant correspondence sent to unions, HR, the CEO, the Ministry of Labour, and even the police regarding Mr Manikam’s actions. Additionally, we have learned that these individuals have sought assistance from elected members in constituencies 15 and 17 .They are also close to some people expected to be nominated in posts of power soon. »
Des pratiques généralisées de favoritisme et d’abus
Selon la lettre, Anba Manikam aurait abusé de son autorité en s’imposant comme un gestionnaire de facto. Les employés décrivent : “Mr Manikam, in particular, behaved as though he were the CEO and manager, interfering in operations […] and creating an atmosphere of fear among her [his wife’s] superiors.”
Ses ingérences auraient affecté plusieurs départements stratégiques, notamment la maintenance, l’informatique et les opérations aéroportuaires. En dépit d’une suspension remontant à mars 2024, il tenterait actuellement de réintégrer l’entreprise, ce qui suscite une grande inquiétude parmi le personnel qui a maintes fois alerté sur les cas d’abus perpétrés sous le règne d’Anba Manikam et ses acolytes. C’est dans cette optique que les employés d’Air Mauritius ont également, avec leur lettre aux nouveaux élus, rattaché tous les documents relatives aux dénonciations faites par le passé contre Anba Manikan et ces autres cadres qui faisaient la pluie et le beau temps au sein de la compagnie, car protégés par une direction aux commandes de Lakwizinn. Les employés d’Air Mauritius soulignent qu’Anba Manikam fait l’objet d’un suivi par des commissions disciplinaires depuis 2013 en raison de ces agissements et d’autres manquements. « Son dossier, tel qu’il est documenté par les ressources humaines, est particulièrement chargé et révèle des comportements récurrents inappropriés. Selon nos informations, il tente désormais de se présenter comme une victime sous la gestion actuelle et cherche à obtenir votre soutien pour réintégrer Air Mauritius. Il est toujours en suspension avec solde depuis mars 2024 », écrive les employés de MK aux élus.
Ils mettent en gardent les nouveaux élus, faisant ressortir être au courant que certains d’entre eux, plus particulièrement ceux dans les circonscriptions 15 et 17, ont été sollicité par Anba Manikam et consorts pour revoir leur situation. Ces employés d’Air Mauritius disent aussi veiller au grain, tenant compte qu’il n’est un secret pour personne que ces employés suspendus entretiennent aussi des liens étroits avec certaines personnes appelées à occuper prochainement des postes de pouvoir.
Au-delà de ces accusations spécifiques, la lettre met en lumière des problèmes structurels qui fragilisent la gestion de l’entreprise :
• Licenciements abusifs : Le renvoi de Mme Yogita Babboo, hôtesse de l’air et syndicaliste, présenté comme fondé sur un dossier disciplinaire falsifié, est un exemple frappant.
• Climat d’intimidation : Des membres du personnel navigant et des agents d’enregistrement auraient été la cible d’abus d’autorité.
• Favoritisme : Des promotions auraient été accordées à des proches sans qualifications appropriées, et des « undue influence over recruitment panels’ ont nui à l’équité du traitement du personnel au sein de l’organisation.
Les employés signalent aussi le cas de M. Ah Chip, un salarié affilié au MSM, qui reste en suspension payée depuis plus d’un an, en raison de soupçons de corruption liés à l’ancien CEO, Kresimir Kuchko.
Une direction sous le feu des critiques
Les employés expriment, de même, leur mécontentement vis-à-vis du CEO actuel, Charles Cartier, accusé d’avoir échoué à améliorer les conditions de travail et d’avoir manipulé des informations financières clés. « Depuis l’arrivée de Charles Cartier, le personnel attend toujours une amélioration des conditions de travail, mais en vain. Rien de concret n’a été mis en place depuis sa nomination. Au contraire, il semble avoir choisi de dresser un tableau sombre de la situation de MK, dans le but de décourager les employés de revendiquer leurs droits », disent-ils. Selon eux, “He even postponed Mk’s annual report to ensure that staff do not know the state of Mk finance before general elections.”
Ils critiquent également les membres de l’équipe dirigeante de Charles Cartier, nommément Jean Bernard Sadien, Sameer Baichoo, Kavish Seedam et Roudesh Muttylall, qu’ils citent être des Lakwizinn friendly  ou encore bras droit du CEO, et même p^rotégé de l(ancien DPM Collendavelloo – pour avoir réduit au silence les revendications des employés et des syndicats, tout en retardant les solutions concrètes.
La lettre se termine par une requête adressée aux 60 députés récemment élus : “We trust in the integrity of all 60 elected members to act in the best interest of the nation and its institutions.” Les employés demandent aux élus de s’opposer à la réintégration des individus suspendus et de mettre fin aux abus de pouvoir.
Ce courrier met une nouvelle fois en lumière une crise profonde au sein d’Air Mauritius, avec des implications non seulement pour la compagnie, mais aussi pour l’économie nationale. La réponse des autorités sera cruciale pour restaurer la confiance des employés et assurer la pérennité de la compagnie aérienne. Les élus ont, désormais, une responsabilité majeure : celle de prouver que justice et transparence peuvent prévaloir dans les institutions publiques.

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