COVID 19 – Commémoration des 11 patients dialysés disparus : Quatre ans après, la quête de justice persiste pour les proches

Quatre années se sont écoulées depuis la tragédie. Depuis que 11 patients dialysés ont perdu la vie, en pleine pandémie de Covid-19. Ce sombre anniversaire a été marqué hier par une marche silencieuse et poignante, partie de l’hôpital de Souillac pour s’achever au jardin de Telfair.
Familles des victimes, membres de l’association Renal Disease Patient’s Association et unique représentant du gouvernement, le Junior Minister des Affaires étrangères, Rajen Narsinghen, étaient réunis. Tous portaient le même cri du cœur, lourd d’émotion et de dignité. « Que justice soit faite. Que les responsables répondent de leurs actes. Ils ont été envoyés à l’abattoir. Ce sont des souvenirs inoubliables, des moments à jamais gravés », ont témoigné les proches avec une douleur toujours vive.
Parmi eux, Baby Latchammah, la voix brisée par l’émotion, est venue rendre hommage à son époux disparu. Accompagnée de son fils, elle peine à exprimer son chagrin. « C’est très difficile pour moi d’être présente aujourd’hui. Cela ravive des souvenirs douloureux. L’autre jour, une radio privée m’a appelée pour un entretien… je peux vous dire que la blessure est encore béante. Repenser à ces moments me déchire le cœur. »
Les larmes aux yeux, la voix de Baby Latchammah s’éteint presque sous l’émotion : « J’ai été la seule autorisée à rester auprès de mon mari dans l’établissement hôtelier. J’ai tout vu, de mes propres yeux… »
D’autres proches ont fait le déplacement pour ce moment qu’ils jugent crucial pour leur mémoire collective. Canabady Pillay Ramsamy, dont l’épouse a succombé, a tenu à participer malgré une récente opération des yeux. Sa voix, hachée par la douleur, peine à trouver ses mots. « Cela fait quatre ans que nous menons ce combat. C’est une lutte compliquée… Nous devons trouver une issue. »
Son regard vide en dit long sur l’immensité de sa peine. Il se souvient, l’amertume dans la voix : « Ils sont venus sans prévenir, ils l’ont emmenée comme on ramasse un animal. Inn ramase inn ale, koumadir pe ramas zanimo. » Cette scène, il la garde en mémoire comme une blessure indélébile : « Nous n’avons rien pu faire. Ils sont venus la récupérer, ils sont partis l’enterrer. Rien, absolument rien n’a pu être fait. Ce sont des instants que personne ne devrait jamais vivre dans sa vie. »
Depuis la publication du rapport du Fact Finding Committee en décembre, Canabady Pillay sent poindre une lueur d’espoir : « Maintenant que nous savons qu’il y a eu des négligences, nous demandons aux autorités d’agir. Nous ne pouvons accepter que cela reste sans suite… Elle n’était pas positive au Covid-19 quand ils l’ont emmenée. C’est après cinq jours seulement qu’elle est décédée. »
Au jardin de Telfair, la douleur s’est mêlée aux prières. Tous ont rendu hommage à leurs proches disparus dans un silence chargé d’émotion. Kevin Hanzary, dont le beau-père est parmi les victimes, a pris la parole : « Nous savons que rien ne pourra effacer cette douleur. Mais nous nous soutenons les uns les autres pour avancer… Aujourd’hui, notre combat est aussi de bâtir un lieu de mémoire. Peu importe où, mais il faut honorer nos proches. »
Bose Soonarane, secrétaire de la Renal Disease Patient’s Association, a relayé cette demande avec gravité : « Tout le monde connaît les circonstances dans lesquelles ces funérailles ont eu lieu. Ce n’est pas digne de notre pays. » Face à cette détresse, le Junior Minister Rajen Narsinghen a reconnu la légitimité de leurs doléances : « Oui, c’est une demande juste. Il faut trouver un endroit approprié pour honorer la mémoire des défunts. »
Il a également rappelé que des enquêtes sont en cours : « Ceux qui ont fauté devront rendre des comptes. Malgré les difficultés financières de l’État, les proches méritent une compensation. Les autorités y travaillent. »
Pour clore cette marche mémorielle, les familles ont jeté des fleurs à la mer. Un geste simple, mais déchirant. Un adieu symbolique, emporté par les vagues, comme leurs proches emportés par la pandémie, trop vite, trop brutalement.
Quatre ans plus tard, les plaies sont toujours béantes. Les proches, dignes dans la douleur, refusent que la mémoire de leurs disparus soit reléguée aux oubliettes. Ils réclament justice, transparence et mémoire. « Nous marcherons tant qu’il le faudra. Pour eux, pour la vérité, pour que plus jamais une telle tragédie n’arrive. »

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