Cartes de pêcheurs et autres allocations distribuées lors d’un grand déjeuner avec orchestre
Le ministère de la Pêche a organisé une cérémonie à Côte-d’Or, samedi, pour remettre de nouvelles cartes à 107 pêcheurs, en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth. C’était également l’occasion de remettre des chèques aux enfants de pêcheurs pour leurs études et des lettres d’intention à six coopératives bénéficiaires de Grant en vue de l’achat de bateaux semi-industriels. Le Premier ministre a invité les pêcheurs à prendre la bonne décision, au moment venu, pour leur avenir et celui de leurs enfants.
Quelque 3 000 pêcheurs détenteurs de cartes professionnelles ont été conviés au complexe sportif de Côte-d’Or, samedi dernier. Ils ont été « chouchoutés » par le ministre de tutelle, qui leur a servi « gajacks » et biryani, entre autres. Ils ont aussi eu droit à des autobus Special Route pour se rendre à Côte-d’Or. Ce qui devait être une simple distribution de cartes de pêcheurs a été, en fait, une grande fête avec orchestre en live, à l’intention des pêcheurs. Cet événement, placé sous le thème « Respe peser. Peser loner nou lamer », a été l’occasion pour le Premier ministre de faire un tour de table après la partie protocolaire pour rencontrer les pêcheurs et faire quelques photos souvenirs. Il a également dévoilé qu’il est lui-même un grand amateur de pêche et qu’il connaît bien les risques liés au métier, surtout avec le changement climatique. « Vous devez voir où vous étiez hier et où vous êtes arrivés aujourd’hui », affirme-t-il avant d’énumérer les différentes mesures en faveur de la communauté des pêcheurs, dont la Bad Weather Allowance, passant de Rs 298 par jour en 2014 à Rs 800 en 2024. « À l’avenir, nous ferons davantage pour vous » , a-t-il promis.
Le Premier ministre a élaboré sur une série de mesures en faveur des pêcheurs et de leurs familles, notamment à travers le Fishermen Welfare Fund. Il a ainsi demandé à bien réfléchir et faire le bon choix au moment venu : « Vous aurez une grande décision à prendre pour votre avenir et celui de vos enfants. Montez dans le train du progrès », dit-il.
De son côté le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, a déclaré qu’aucun pays n’a autant valorisé ses pêcheurs que Maurice. Il est même allé jusqu’à lancer un défi de lui montrer le contraire. Il a évoqué le rôle important des pêcheurs dans l’économie du pays et la sécurité alimentaire, tout en mettant en exergue qu’il s’agit d’un métier noble. Il a ajouté que les pêcheurs ont une place spéciale dans le cœur du gouvernement, les invitant à comparer entre ce qui se fait maintenant et sous l’ancien gouvernement. « Combien parmi vous ont attendu pour avoir une carte de pêcheur ? Certains ont attendu plus de 20 ans », se demande-t-il.
Il a ainsi exhorté les pêcheurs à « fit zot lafwinn, ansam ek zot nou pou repik zot orit. » Il a assuré que le Premier ministre ne les laissera jamais tomber et les a sollicités à le considérer comme un membre de la famille des pêcheurs. Il a également évoqué un projet d’aquaculture en cours à la prison de Richelieu.
Ils sont 107 pêcheurs – hommes et femmes – à recevoir la carte professionnelle. D’autres sont encore en formation. Des permis pour la pêche de crevettes et d’huîtres ont été délivrés. Quatre coopératives de pêche ont obtenu leur Letter of Intent pour Semi-industrial Fishing Boat Scheme. Chaque coopérative aura droit à Rs 6 millions pour l’achat d’un bateau, représentant 50% des frais. Le montant restant pourra être emprunté de la MauBank.
Par ailleurs, 13 pêcheurs, qui opéraient sur St-Brandon et récemment licenciés par Raphaël Fishing, ont aussi obtenu des cartes afin de reprendre leurs activités à Maurice. Cela, après des démarches entreprises par le Syndicat des pêcheurs. Au total, le gouvernement a octroyé 1 070 nouvelles cartes de pêcheur au lieu des 1000 initialement annoncées.
Voix discordante de Vincent Sakir
Alors que certains n’ont pas hésité à faire des baisemains au Premier ministre, Vincent Sakir, pêcheur de Poste-de-Flacq, n’avait pas le cœur à la fête et l’a fait savoir. Ce dernier milite contre les travaux entrepris par l’hôtel Le Saint Géran dans le lagon depuis quelque temps. « Ki loner nou lamer nou pe koze, kan nou lamer pe detrir ? », s’est-il demandé. Le pêcheur n’a pas manqué de partager son sentiment avec le ministre Maudhoo, issu de sa circonscription. Ce dernier a essayé tant bien que mal d’essayer de le convaincre que tout sera fait pour s’assurer qu’il n’y ait pas de dégâts causés à l’environnement marin, avec ces travaux.
Les pêcheurs de banc sur la touche
Les pêcheurs de banc, qui sont pourtant des pêcheurs professionnels, n’ont pas eu droit à de cartes, en dépit de leurs revendications. Judex Rampaul, secrétaire du Syndicat des Pêcheurs, tout en reconnaissant les efforts du ministère, invite à considérer ces derniers. « Ce sont des pêcheurs comme nous. Ils quittent leurs familles pour aller travailler sur les bancs, ce serait bien qu’ils soient considérés à l’avenir », plaide-t-il.
D’après lui, si ce problème est réglé, les opérateurs locaux n’auront pas à faire appel à la main-d’œuvre étrangère. Car à ce jour, ceux qui détiennent les cartes de pêcheurs ne veulent pas aller travailler sur les bancs, car ils ne pourront faire estampiller leurs cartes dans les Fisheries Posts et ne bénéficieront pas de Bad Weather Allowance.
Le PM est-il parti pêcher sans Maudhoo ?
Situation cocasse à Côte-d’Or, samedi. Dans son discours, le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, avait présenté ses excuses au Premier ministre, de n’avoir pu l’emmener pêcher, comme il l’avait demandé. Or, dans son discours, Pravind Jugnauth a révélé qu’il était un « grand amateur de pêche » et qu’il allait souvent pêcher. Y compris hors du lagon.
Du coup, l’on se demande si le PM est parti pêcher sans Sudheer Maudhoo…