Controverse au sein des forces policières : les quotas de contraventions en question

Il semble que la question des quotas de contraventions au sein des forces de l’ordre soit un sujet établi mais délicat. Bien que les unités policières n’aient pas officiellement confirmé l’existence de tels quotas, des témoignages de policiers suggèrent qu’ils sont sous forte pression pour émettre un nombre élevé de contraventions. Plusieurs agents d’une station de police située à Port-Louis affirment que leur hiérarchie, notamment un Inspecteur, leur impose des quotas pour augmenter les recettes de l’État.

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S’il est vrai que la plupart des unités des forces de l’ordre n’offrent pas de dénégation formelle quant à savoir si elles exigent ou non des quotas de contraventions de la part de leurs policiers, la question demeure taboue et mérite qu’on s’y attarde, surtout lorsque certains policiers disent subir d’énormes pressions de leur hiérarchie pour verbaliser les automobilistes à tire-larigot… « pou kapav rempli la-kess leta ! ». Plusieurs policiers opérant dans une station de police située dans une zone stratégique à Port-Louis – corroborent cette thèse.  « Le plus grave, c’est qu’avec ces quotas, imposés par un Inspecteur, on empêche l’agent de police de faire preuve de discernement, de tact et de psychologie », disent-ils.
Bien que la majorité des policiers soient réputés pour leur compétence et leur intégrité, les constables qui ont partagé leurs préoccupations se sentent frustrés par ces directives. Ils soulignent que cette approche pourrait nuire à la qualité du travail et à la relation avec les usagers de la route. Certains types d’infractions mineures, telles que des défauts mineurs d’équipement ou des erreurs ponctuelles, sont généralement traités avec une certaine flexibilité. Toutefois, la pression exercée pour atteindre des quotas pourrait restreindre cette flexibilité.« Cessons de jouer avec les mots, les quotas de contraventions qui nous sont imposés sont soit des taxes déguisées ou une manière de faire accroire ki travay pe fer. On a été stupéfait d’entendre un Inspecteur nous donner comme instruction de ne pas lésiner sur les contraventions à infliger, le dimanche surtout, dans l’optique de remplir les caisses de l’État, selon ses mots », confie l’un des constables interrogé.
Préoccupations pas entendues
Les langues se délient au sein de cette unité  où le comportement dudit haut gradé est pointé du doigt. Il aurait mis les pieds dans le plat en détaillant verbalement les quotas à réaliser, infraction par infraction, à chaque brigade. « La police est investie de pouvoirs pour faire respecter les lois, même si leur nature, leur qualité et la philosophie sur laquelle ils reposent peuvent varier. Ce sont des cas auxquels ont fait généralement preuve de mansuétude lorsque l’usager, contrôlé pour la première fois, coopère, à l’instar de certains délits routiers mineurs, comme ceux qui n’ont pas allumé leurs lanternes durant la journée ou d’autres qui n’ont pas de craie dans leur voiture ou qui sont inutilisables, voire des défauts d’équipements. Il serait trop long de tout énumérer tellement la liste est détaillée », souligne un constable.
Les agents ont tenté de discuter de ces directives avec l’Inspecteur, qui aurait pris des décisions unilatérales concernant les plannings de travail, mais leurs préoccupations n’ont pas été entendues. Ils expriment également des inquiétudes concernant la fatigue morale engendrée par ces exigences et le fossé croissant entre les policiers et le public, conséquence d’une approche davantage axée sur la répression que sur la prévention..
Les contestataires insistent notamment sur la fatigue morale des agents de police, obligés de faire des heures sup pour remplir les objectifs. Ou encore, du fossé qui se creuse entre les policiers et les usagers « C’est inévitable quand on privilégie comme aujourd’hui, la répression à la prévention…», soutient un interlocuteur.
Pieds et poings liés et livrés à leur sort, les constables  gardent quand même un infime espoir que les autorités changeront leur fusil d’épaule face à cette levée de boucliers. Cette instruction est-elle un cas isolé, dû à un Inspecteur de police particulièrement zélé voulant s’en attribuer les mérites ? Ou bien une pratique devenue monnaie courante dans les services de police à l’aube de la prochaine échéance électorale ?  La question est sur toutes les lèvres. La balle est, désormais, dans le camp du Commissaire de police pour démêler le vrai du faux dans cette affaire.

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