Flambée des prix au détail : Des Vouchers pour atténuer la perte du pouvoir d’achat

Mosadeq Sahebdin (CAP) : « Ce n'est qu’une mesure palliative » Claude Canabady (CEA) : « Les bons d’achat doivent concerner une liste des produits utilisés au quotidien »

Face à l’envolée des prix et l’incapacité des plus démunis à se procurer même les produits les plus basiques pour vivre au quotidien, la distribution de vouchers pour ce groupe de personnes serait à l’étude par le ministère.

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Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), voit dans cette éventuelle introduction une autre mesure palliative. « Le gouvernement a tendance à avoir recours à des solutions à court terme », dira-t-il.
Pour Claude Canabady de la Consumers’ Eye Association (CEA), « c’est une bonne chose si on peut cibler les plus nécessiteux car ceux-ci n’ont plus les moyens d’acheter quoi que ce soit ». Il estime toutefois que ces bons d’achat devraient concerner une liste de produits utilisés au quotidien.

« C’est une autre mesure palliative. C’est une forme de ciblage qui, à mon avis, humiliera les personnes concernées. Celles-ci ne devraient pas ouvertement se déclarer assistées », estime Mosadeq Sahebdin. Pour lui, face à la réalité de la flambée des prix, « le gouvernement a tendance à avoir recours à des solutions à court terme mais il ne montre pas une réelle volonté d’aider les gens et ne montre pas qu’il fait des sacrifices ». Et d’ajouter : « On continue de gaspiller de l’argent avec des conseillers, attachés de presse et autres PPS qui ne font rien. Le gouvernement aurait dû montrer qu’il a de l’empathie pour la souffrance des consommateurs et qu’il consent à des sacrifices en premier lieu avant de demander à la population de faire des sacrifices. Il faut qu’ils acceptent de réduire leur salaire. Il faut une action de force pour montrer que vraiment qu’ils comprennent ce qui se passe et sympathisent avec la population. »

Le président de la CAP est d’avis que la solution ne réside pas dans des mesures palliatives juste pour demain. « Déjà, l’allocation de Rs 1 000 a été absorbée par toutes les hausses de prix. Cela montre qu’avant d’enlever les subventions, ils savaient déjà quelle allait être l’ampleur des augmentations. C’était prévisible que celles-ci allaient être insoutenables à un certain moment. Quand vous voyez tout cela venir, vous ne venez pas avec une allocation qui n’est qu’une illusion monétaire », fait-il valoir, avant de se demander si avec de telles hausses, les gens ont la capacité de se procurer de l’huile et du lait. « Si l’on doit sacrifier le lait, comment fait-on pour vivre ? Avec quoi cuisine-t-on si on ne peut s’acheter de l’huile ? »

Claude Canabady est, pour sa part, d’avis que « c’est une bonne chose si on peut cibler les plus nécessiteux », car ceux-ci n’ont plus les moyens d’acheter quoi que ce soit même si on a augmenté la pension de vieillesse. « Cela s’est vite englouti avec l’inflation, la dépréciation de la roupie etc. » Il observe que la situation ne fera que se détériorer. « Je ne vois pas une amélioration. Si on peut vraiment aider ceux dans le besoin, ce sera une bonne chose. Sinon, il y aura une vraie crise sociale et alimentaire. »

Claude Canabady ne voit pas dans le ciblage une humiliation. « Si on a besoin de cette aide, il faut accepter qu’on nous donne. Évidemment, il faut le faire de manière bien organisée et non pas en faisant de la publicité autour. Ce serait une humiliation si les personnes concernées doivent faire la queue pour avoir de l’argent. »

Le secrétaire de la CEA estime que le voucher doit être « un “food voucher” pour recevoir des vivres et ne devrait en aucun cas permettre des échanges de monnaie si on n’utilise pas tout d’un coup ». Il faut trouver une formule, poursuit-il, « car ces bons d’achat devraient permettre de se procurer toute une liste de provisions dont une personne a besoin au quotidien comme les pâtes, les sardines, etc, et cela n’aiderait pas si c’est deux items seulement ».

Quant aux produits ayant atteint leur Best Before Date pouvant désormais être commercialisés à 50%, « il faudrait éduquer la population pour qu’elle n’achète pas n’importe quoi non plus ». Il ajoute : « par exemple, il est préférable que l’étiquette soit en français qu’en anglais pour que tous puissent comprendre. Il y a beaucoup à faire sur l’éducation des consommateurs. »

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