Consommation : Fin de mois « ris diab par lake » pour des familles

Même les prix des produits en promotion ont pris l’ascenseur au mois de mars

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Le budget alimentaire monte en flèche, avec les risques de pénuries liées à la guerre en Ukraine

Un budget additionnel de Rs 3 000 au minimum pour le carburant pour ceux effectuant de longs trajets

Avec la flambée des prix au détail qui se maintient et qui continue à faire des ravages, de nombreuses familles se retrouvent sur la corde raide en cette fin de mois ou encore dans une situation, si bien définie dans le kreol mauricien, de ris diab par lake. Le mot d’ordre des ménages reste Blie Kadi Ranpli au supermarché, d’autant que ce week-end venant juste avant la paie mensuelle. Carburant, denrées alimentaires, van scolaire… Il faudra débourser davantage pour toutes ces commodités. Ce qui vient inévitablement débalancer le budget établi, car les salaires rentent inchangés. Des parents parlent de stress permanent pour pouvoir joindre les deux bouts. D’autres, eux, ont déjà revu leurs habitudes, tandis que d’autres encore envisagent de trouver un second boulot pour pouvoir faire face à la situation.

La dernière augmentation du prix de l’essence et du diesel a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour beaucoup de familles. Déjà au bord de l’asphyxie avec la flambée des prix des denrées alimentaires, certains ne savent plus comment faire pour garder la tête hors de l’eau. Jason, père de trois enfants, se dit stressé par la situation. « Mon budget pour l’essence a augmenté de Rs 3 000. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne peux me permettre de garder ma voiture au garage et prendre l’autobus pour aller travailler », dit-il.

Il explique ainsi qu’il doit chaque jour assurer le transport de ses enfants chez sa belle-mère, où le van scolaire vient les récupérer, car son épouse et lui partent travailler très tôt le matin. « J’habite dans l’Est et je dois être à mon travail à Port-Louis à 8h. Mon épouse travaille à Ébène, et doit être au bureau à 8h30. Nous devons quitter la maison à 6h tous les jours. Il faut donc aller déposer les enfants chez ma belle-mère chaque matin et les récupérer l’après-midi. Nous n’avons pas le choix. De plus, comme nous terminons tous les deux à 17h, nous arriverions à la maison vers 18h30 si nous prenions le bus », fait-il comprendre.

Les malheurs de ce père de famille ne se limitent pas à sa consommation d’essence. Il devra également payer le van scolaire plus cher à partir de ce mois. « Jusqu’ici, je payais Rs 2 400 le van scolaire, soit Rs 1 200 pour chacun de mes deux enfants. Mais il y a eu une augmentation de Rs 100 pour chacun, cela me fera donc Rs 2 600. De plus, en juin prochain, mon troisième enfant entrera en maternelle. Il nous faudra donc trouver Rs 1 300 supplémentaires », ajoute-t-il.

Jason se dit très remonté contre la promptitude des chauffeurs de van scolaire à appliquer une augmentation aussitôt la hausse du prix du carburant annoncée. « Pendant plusieurs mois, en 2020 et 2021, les écoles étaient fermées. Nous avons été contraints de payer le van scolaire quand même. Les autorités n’ont pas voulu intervenir en notre faveur, se contentant de dire que c’est un engagement entre les parents et les chauffeurs. Donc, pendant plusieurs mois, ils n’ont pas roulé, ils ont économisé sur le carburant. Cet argent aurait pu servir à compenser la hausse, du moins pendant un certain temps. Mais non, ils ont augmenté tout de suite ! » dénonce-t-il.

Pour Neetu, enseignante au préscolaire, c’est la facture pour les provisions qui demeure préoccupante. Cette mère de famille, qui élève seule ses deux enfants, confie qu’elle se limite déjà à l’essentiel. Elle ne voit pas comment elle pourra réduire davantage ses achats. « J’achète déjà des trucs de base pour ma famille. Jusqu’à quel point pourrais-je priver mes enfants ? Une boîte de céréales coûte aujourd’hui plus de Rs 100, un paquet de saucisses au moins Rs 50, un paquet de nouilles près de Rs 9… Franchement, je ne sais pas comment on va faire », laisse-t-elle échapper avec un air de découragement.

L’astuce de cette mère de famille est de surveiller les promotions, mais même là, dit-elle, il n’y a aucune garantie. « Parfois, on se dérange pour aller dans un supermarché parce qu’il y avait telle promotion dans le pamphlet, mais sur place, il n’y a plus ces produits dans les rayons. Soit c’est une arnaque pour attirer des clients, soit il y a des personnes qui viennent acheter en grande quantité, sans aucun contrôle », dit-elle.

Pour sortir de l’impasse, elle avoue qu’elle a déjà pensé à prendre un second boulot. Mais elle ne sait lequel. « Le fait que j’élève seule mes enfants est un peu compliqué. L’idéal pour moi serait de trouver quelque chose que je pourrai faire de chez moi. Mais je ne sais pas quoi, je réfléchis », laisse-t-elle entendre.

Même les promos revues à la hausse…

Déjà, le mois dernier, le Consumer Price Index affichait une augmentation de 2,6% des commodités de base comparé au mois de janvier. Une situation devenue encore plus compliquée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Rien qu’au cours du mois de mars, plusieurs produits ont pris l’ascenseur, comme en témoigne un relevé des pamphlets distribués en cette fin de mois, et supposé représenter les promotions.

À titre d’exemple, dans une chaîne de supermarchés, la margarine produite localement, affichée à Rs 90, se vendait à Rs 73,95 en promo le mois dernier. Le même produit est proposé en promo ce mois-ci à 74,50. Le yaourt nature, affiché à Rs 64,60 le pack de quatre, se vendait à Rs 51,80 en promo. Ce mois-ci, la promo est de Rs 53. Le poulet frais, qui coûte Rs 249,90 le kilo, était vendu en promo à Rs 189 le kilo, et ce mois-ci Rs 10 plus cher. Un pack de six œufs, affiché Rs 43,45 en février, était proposé à Rs 37,95. Ce mois-ci, le même pack de six œufs coûte Rs 46,90, et la promo est à Rs 39,95.

La viande de bœuf est devenue aujourd’hui quasi inaccessible pour de nombreux ménages. Le rumsteak d’Afrique du Sud (frais) se vend à Rs 500 le kilo et le beefsteak d’Australie (frais) est affiché à Rs 778,50 le kilo. Le bœuf surgelé d’Inde, dit Veal Leg, se vend à Rs 349 le kilo. Même le foie de bœuf, autrefois accessible aux petits budgets, coûte aujourd’hui Rs 199 le kilo. Quant au Topside, il est à Rs 459 le kilo, tandis que l’agneau coûte encore plus cher, soit Rs 612 le kilo pour la côtelette et Rs 659 le kilo pour le boneless.

Les conserves ne sont pas en reste. La boîte de thon en miettes à Rs 37,12 le mois dernier se vendait à Rs 28,95 en promo. Ce mois-ci, le prix est de 38,87 et, en promo, à Rs 31. Idem pour le corned-beef, qui revenait à Rs 121,05 le mois dernier et, en promo, à Rs 106,95. La même marque est vendue ce mois-ci à Rs 138,12, et en promo à Rs 113.
Le chicken luncheon meat est pour sa part à Rs 82 la boîte de 340 g et, en promo, à Rs 65,95. Le prix initial pour le même produit de la même marque reste inchangé ce mois-ci, mais la promo coûte Rs 2 plus cher, soit Rs 67.

Quelques prix indicatifs
Voici un tableau des prix moyens pour certaines denrées selon Statistics Mauritius

Riz (Trader’s Rice) : Rs 650,4 le kg
Nouilles (85 g) : Rs 9,70
Céréales (bébé) : Rs 110,62
Bœuf surgelé : Rs 341,03 le kg
Agneau surgelé : Rs 517,89 le kg
Poulet frais : Rs 188,68 le kg
Corned Beef (340 g) : Rs 113,88
Bœuf frais : Rs 491 le kg
Poisson La Perle surgelé : Rs 275 le kg
Poisson salé : Rs 331 le kg
Pilchard (425 g) : Rs 87,40
Sardines (125 g) : Rs 22,66
Thon en conserve (entier) : Rs 46,08
Lentilles noires (500 g) : Rs 24,58
Dholl (500 g) : Rs 14,57
Gros Pois (500 g) : Rs 36,99
Lait en poudre : Rs 206,22 le kg
Lait bébé (400 g) : Rs 218,43
Fromage (250 g) : Rs 74,69
Margarine (500 g) : Rs 92,02
Huile de table : Rs 63,22 le litre
Sucre blanc : Rs 47,96 le kilo

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Quelques astuces des consommateurs
— Réduisez le budget des produits ménagers non essentiels, par exemple le nettoyant pour parfumer l’eau de la serpillière, qui ne sert à rien
— Ne cédez pas à l’achat des produits en lot si on n’a besoin que d’un seul
— Vérifiez toujours le prix au kilo pour comparer les prix lorsque vous achetez un produit en barquette
— Cultivez quelques aromates, salades, brèdes en pots, que vous pouvez disposer facilement sur votre terrasse
— Comparez les prix de plusieurs marques pour le même produit au lieu d’acheter par habitude
— Comparez les prix chez plusieurs enseignes avant de faire votre choix
— Vérifiez toujours la date d’expiration des produits en promo.

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