– L’Afrique du Sud interdit les mouvements et le commerce de bœufs pour contrer la propagation de l’épizootie de fièvre aphteuse
Les acteurs locaux du marché bovin sont sur le qui-vive avec la décision de l’Afrique du Sud d’interdire tout mouvement et toute commercialisation du bétail sur son territoire. L’objectif est de lutter contre la propagation de l’épizootie de fièvre aphteuse qui y fait ravage depuis quelque temps. On commence à s’inquiéter de l’impact que cette décision, si elle est étendue aux semaines à venir au-delà de la limite de 21 jours initialement imposée, aura sur la chaîne d’approvisionnement de l’industrie de la viande et de l’élevage bovins.
Si pour l’heure l’on affirme qu’il serait quelque pe prématuré pour craindre une conséquence sévère sur la consommation à Maurice, on laisse toutefois entendre que d’autres sources d’approvisionnement alternatif seraient à l’étude. Au niveau des parties prenantes du marché bovin à Maurice, on concède que plus longtemps durera cette interdiction activée sur le mouvement et le commerce du bétail, plus elle comporte de risques pour tous ceux qui opèrent dans ce secteur. L’on ne cache pas d’ailleurs que si l’Afrique du Sud maintient l’interdiction au-delà de cette semaine, il y aurait des risques que cela ait des répercussions sur une très grosse partie de l’approvisionnement en bétail assuré principalement par la société Socovia.
Avec la troisième semaine d’interdiction en cours en Afrique du Sud, ce pays est toujours aux prises avec plus de 120 foyers ouverts de fièvre aphteuse. Afin de stopper la propagation de cette épizootie, les mouvements et le commerce de bétail dans tout le pays ont été temporairement suspendus depuis le 18 août dernier.
À Maurice, l’on est non seulement inquiet par rapport à l’augmentation de prix de la viande bovine intervenue récemment mais aussi face au spectre d’une pénurie à venir sur le marché surtout pour les consommateurs de viande fraîche. À ce stade si l’on ne veut pas créer la panique, l’on affirme qu’il faut prendre en compte que les approvisionnements en bétail se fassent sur une période d’un mois à 40 jours. Ce qui fait qu’un prolongement des restrictions en Afrique du Sud pourrait impacter les prochaines cargaisons de Socovia vu que le dernier ravitaillement s’est fait il y a une vingtaine de jours. Cette inquiétude gagne déjà les bouchers du pays qui se demandent comment ils vont s’approvisionner si la principale compagnie importatrice se retrouve en situation délicate et ne peut importer des têtes de bétail d’Afrique du Sud.
Des bouchers passeraient déjà le message à leurs clients, notamment ceux qui ont l’habitude de prendre en grande quantité pour les besoins des cérémonies de mariage ou autres. « Bouse pe dir si kapav fini pran laviand garde parski sitiasion riske vinn difisil ek sa zafer Sid-Afrik la. Me ki kantite pou pran, ek pou garde ? », se demande un père de famille qui se prépare à tenir un diner de mariage pour sa fille le mois prochain. « Si pa gagn bef, kouma pou fer ? », s’interroge-t-il.
Au niveau de Socovia, on ne veut pas à ce stade parler de rupture dans la chaîne d’approvisionnement bovin. On préfère attendre la fin de cette semaine pour prendre connaissance des dernières dispositions activées par les autorités sanitaires sud-africaines. « Pa kapav spekile aster la mem. Bizin atann gete ki bannla pou deside avan. Ankor ena enn posibilite ki ban mezir la aleze », confie-t-on au sein de la société Socovia.
N’empêche que ces mêmes sources affirment que d’autres contacts ont été activés notamment en Australie pour parer à toute éventualité en vue d’assurer le marché local. « For probab ki pri bef pou res ogmante ankor si sa sitiasion Sud-Afrik la perdire. Ban park Sud-afrik ki zot zanimo korek pou vann pli ser. Si pou al pran bef depi Lostrali be laba ousi li pou lor enn lot pri ki konsomater pou bizin fer fas », ajoute-t-il.
De nombreux bouchers mettent d’ailleurs en perspective que depuis un certain temps, de nombreuses familles ne peuvent plus se procurer de la viande fraîche des boucheries. « Lavian bef fre pe kout zordi Rs275 laliv. Bokou dimoun pa pe kapav aford aste pou nouri zot fami. Nou mem noun nepli konpran ki pou fer. Lotorite bizin met lame lor dosie bef ek bizin met enn kontrol lor pri kalite bef ki konsomater morisien pe gagne », laissait entendre un opérateur dans ce secteur d’activité depuis une vingtaine d’années.
Il explique que la situation se compliquerait davantage si la situation en Afrique du Sud ne s’améliore pas. « Bef Rodrig la osi paret pa sifizan ek pa tou bouse ki pe gagn profite de sa inportasion la », a-t-il mis en exergue. Ces développements en Afrique du Sud sont très suivis par les autorités concernées sur le plan local, notamment du côté du ministère du Commerce et de l’Agro-industrie.
En parallèle, des importateurs de Chilled Meat d’Afrique du Sud indiquent que pour l’heure le marché n’est pas grandement affecté car ils ont déjà fait le plein de leur stock. Mais on affirme que l’on ne sait pas si toutes les sources d’approvisionnement seront Cleared par les autorités sud-africaines à temps pour les prochaines cargaisons ou encore s’il va falloir chercher d’autres fournisseurs.
Affaire à suivre…