Congrès médical à Balaclava – PMPA : « Des parents nous sollicitent pour cette urgence nationale qu’est la drogue »

  • Dr Fayzal Sulliman (consultant UNODC) : « Optimiser et adapter les projets ayant fait leurs preuves à l’étranger pour Maurice »

La Private Medical Practitioners’ Association (PMPA) a tenu sa 16e conférence, avec plusieurs thématiques, dont les maladies non-transmissibles, à l’agenda. Mais surtout, l’accent placé sur les ravages que causent les drogues (synthétiques, dites « Simik », injectables comme le Brown Sugar, ainsi que le gandia).

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Dans la conjoncture, la position de la PMPA est claire, pour ne pas dire ahurissante : « les addictions, surtout avec la présence des drogues synthétiques dans nos établissements scolaires, sont une urgence nationale. Nombreux sont les parents qui nous sollicitent et nous font part de leur détresse du fait que leurs enfants – à l’école comme au collège – sont devenus accros à ces produits, dont la composition change systématiquement. Ce qui fait que nous ne détenons pas un remède spécifique. »

Le premier intervenant était le Dr Fayzal Sulliman, Senior Independent Consultant du United Nations Office on Drugs & Crime (UNODC), appelé à assumer d’importantes fonctions au sein de la National Agency for Drug Control (NADC). « 55 000 Mauriciens seraient usagers de drogues. Cette estimation émane de la dernière étude disponible et réalisée par le précédent gouvernement sur la situation de la toxicomanie dans le pays, le National Survey among people who use drugs, qui date de décembre 2022. Et nous rencontrons, au quotidien, des victimes elles-mêmes, de même que des parents de jeunes consommateurs, qui recherchent de l’aide », ajoute-t-il.

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Abondant dans le même sens, le Dr Patrick How, président de la PMPA, déclare  : « nous saluons pleinement la création d’une structure telle que la NADC, car nous sommes, nous aussi, en première ligne, avec des parents qui sollicitent notre aide pour sortir leurs enfants de la spirale infernale des drogues. Nous souhaitons bonne chance à cette organisation, et sommes prêts à les aider, bien entendu.»

Les drogues synthétiques connaissant une courbe ascendante importante, surtout auprès des très jeunes, les professionnels de la santé s’accordent sur le fait que « tous les efforts doivent être consentis pour endiguer cette croissance exponentielle qui aura de très sérieuses répercussions sur notre population. Ces jeunes représentant l’avenir du pays, nous ne pouvons les laisser ainsi. »

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Tous font remarquer que « le fait qu’il n’y ait pas de traitement, à ce jour, pour les Simik, du fait que les composantes changent systématiquement, cela freine les traitements. Nous pouvons traiter les symptômes, par exemple. Quant à une prise en charge globale des patients, les choses se compliquent. »

Ce qui amène le Dr Fayzal Sulliman à renchérir : « la prévention est un outil précieux et primordial. Si autant de nos jeunes sont devenus victimes et d’autres continuent à se laisser piéger par les drogues synthétiques, c’est justement par manque d’informations réelles sur les dangers qui les guettent. »

Il évoque ainsi « l’élaboration urgente de politiques de préventions consistantes et Evidence-based. Le but est de disséminer les bonnes pratiques et surtout celles des projets qui ont été élaborés et mis en application dans d’autres pays. De cette manière, nous allons nous en inspirer et contextualiser relativement à nos spécificités, et entreprendre ce qu’il faut pour changer la donne. »

L’intervention du Dr Sulliman s’est déclinée en plusieurs axes : des explications de base, s’agissant des addictions et de différents types de drogues ; une présentation des différents projets mis en œuvre par des instances internationales, dont l’UNODC, mais aussi l’INCB (International Drugs Control Board) ainsi que la CND (Commission on Narcotic Drugs) dans des pays étrangers pour combattre la toxicomanie, de même qu’un exposé sur les méthodes de Harm Reduction et l’importance de leur mise en application.


Les Drs Aumeer, Gujadhur et Esoof salués

D’autres intervenants, professionnels de la médecine, étaient aussi conviés à intervenir, nommément Farhad Aumeer, gynécologue, qui a parlé de « post-partum haemorrage »; la Dr Anjuli Guness, endocrinologue, qui a concentré son intervention sur l’Emerging Role of GLP – 1 receptor agonist in obesity ; et les Drs Maneesha Bhava et Khaled Luttoo qui ont, respectivement, abordé les sujets suivants : « chronic heart failure – diagnostic biomarkers & imaging » et « les nouvelles techniques de la cardiologie interventionnelle et d’angiographie ».

La PMPA a souhaité saluer des professionnels de la médecine, décorés le 12 mars dernier, dont les Drs Gujadhur, Aumeer et Esoof. « Le Dr Gujadhur nous a tous fortement marqués par son rôle significatif avec ses précieux conseils et mises en garde durant la tristement célèbre pandémie de Covid-19 », a fait ressortir le président de l’association.

Ce sentiment est partagé par le trésorier de la PMPA, le Dr Aziz Foondun, chirurgien. « Ces dernières années, nous enregistrons un nombre croissant de demandes de la part de jeunes professionnels qui débarquent sur le marché et souhaitent faire partie de notre association. C’est un bon signe ! », dit-il.

Le Dr Farhad Aumeer

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