Ils étaient son seul soutien pendant la guerre en Ukraine et Shabnam Heerah a demandé hier le droit du sol à ses deux animaux de compagnie au gouvernement mauricien. La jeune étudiante mauricienne en soins vétérinaires Shabnam Heerah, qui avait fui la guerre à Sumy, est en Pologne avec ses deux compagnons de route, Alfred son chinchilla (ndlr : mammifère herbivore de la famille des rongeurs) et Blackychoo son lapin. Si elle a eu l’autorisation officielle de rentrer avec son lapin la semaine dernière, tel n’est pas le cas pour son chinchilla, qui serait une espèce interdite à Maurice. Désespérée, la jeune apprentie vétérinaire lance un appel aux autorités mauriciennes pour lui permettre de retourner au pays avec les deux seuls amis qui l’ont aidée à tenir jusqu’ici.
« Au nom de la compassion, je demande aux autorités mauriciennes de me laisser rentrer avec Alfred mon chinchilla que j’ai depuis cinq ans », nous confie-t-elle à l’autre bout du fil en Pologne. Depuis le début, Week-End l’a suivie de sa chambre d’étudiante à la Sumy Agrarian National University jusqu’à son domicile d’accueil en Pologne. En contact permanent avec sa mère, celle-ci racontait à Week-End dès le début des affrontements comment Shabnam était attachée à ses deux animaux de compagnie, « ses deux enfants », qu’elle avait catégoriquement refusé d’abandonner. « Oui, je ne pouvais pas les laisser, car je savais que si je les laissais avec quelqu’un d’autre, ils n’allaient pas s’en sortir. J’ai tenu ferme et ils m’ont accompagnée jusqu’au bout », confie Shabnam Heerah.
Cette semaine, cela va faire un mois depuis qu’elle a fui Sumy et Shabnam Heerah nous explique qu’elle ne comprend pas pourquoi le ministère de l’Agro-industrie ne veut pas lui donner les raisons pour lesquelles son chinchilla ne peut pas être rapatrié. « J’ai eu l’autorisation pour mon lapin, mais rien été dit officiellement pour mon chinchilla. On m’a fait comprendre que c’était un rongeur dangereux et qu’on ne pouvait l’accepter sur le sol mauricien, au cas où il se reproduirait, mais j’ai castré mon chinchilla. Et il n’y a aucune chance pour que cela se produise », dit-elle. Par ailleurs, Shabnam Heerah explique qu’elle est même prête à laisser Alfred en quarantaine s’il le faut pour vérifier que tout est en règle. « Je ne veux juste pas le laisser tout seul ici. Lui et mon lapin s’entendent tellement bien et ils ont déjà vécu un traumatisme, je ne peux pas faire cela », dit-elle.
Bien consciente des implications d’introduire cette espèce à Maurice, la jeune vétérinaire en devenir décide toutefois d’obtenir l’avis de cinq experts étrangers. Ainsi, l’Avian Exotic : Animal clinic of Indianapolis écrit que « chinchillas are popular pets in the United States and much of Europe. They do not require pet permis and are not banned as pets anywhere within the US. » Idem pour les spécialistes en zoologie à Tierarzte Neuwiesen qui indiquent que « being used to live indoors and have been bred to be pets, chinchillas are not able to survive in free range in a foreign country. So we believe there is no harm to environment coming from pet chinchillas. We highly advise you to accept Ms. Shabnam Heerah’s chinchilla to enter your country. » Les lettres de recommandation ont été d’ailleurs envoyées au ministère de l’Agro-industrie qui affirme avoir pris note de la requête de la jeune femme.
Cependant, les autorités mauriciennes sont catégoriques. Shabnam Heerah peut rentrer avec son lapin, mais en ce qu’il s’agit de son chinchilla, il en est moins sûr… Et dans le National Invasive Alien Species Strategy for the Republic of Mauritius (2008-2017), il est fait mention de chinchillas. « All new organisms (plants, animals, micro-organisms and LMOs) currently not in New Zealand are banned unless permitted. This approach has replaced the black listing approach that was formerly used. This change was initiated following the exploitation of legal loopholes. For example chinchillas (Chinchilla laniger) were imported for fur farming after a risk assessment and approval, but then sold as pets. This risk of escape and establishment in the wild was thought much greater as pets than from farmed, enclosed animals. The current system is that the importer must get a permit, at their cost, by applying to the Environmental Risk Management Authority (ERMA) demonstrating that the supposed benefits of the new species outweigh any costs and risks associated with the purpose for which the organism is introduced. These risks include the risk and costs should the organism escape into the wild. ERMA then assesses the application and its decision is final. ERMA has quasijudicial status. »
À savoir que sur le site de l’UNDP, l’on annonce qu’une version revue de ce plan d’action serait en cours. Affaire à suivre…