Commission Justice et Paix : 11 propositions au GM pour réformer les administrations régionales

La Commission Justice et Paix (CJP) du diocèse de Port-Louis a soumis ses commentaires au Ministerial Committee dans le cadre de la Local Government Reform. Cet exercice intervient dans le contexte de la tenue des élections municipales du 4 mai. Le père Georgy Kenny, vicaire général du diocèse de Port-Louis, précise dans le document que la CJP a été renouvelée récemment à l’initiative de Mgr Jean Michaël Durhône. « La commission est née au Concile du Vatican par le Pape Paul VI en 1967. C’était pour être attentive à la question de promouvoir la justice et la paix, selon l’Évangile, et selon la doctrine sociale de l’Église », soutient-il.

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Ainsi, la CJP a fait 11 propositions pour la réforme de l’administration régionale. « Nos propositions viennent après des rencontres avec le commissaire électoral et son équipe, Jean-Claude de L’Estrac, un trésorier municipal à la retraite et des citoyens », explique Jean-Paul de Chazal, président de la CJP. Ce dernier avance que la Local Government Act prévoit bien la décentralisation des pouvoirs et garantit des pouvoirs appropriés aux collectivités locales. « Malheureusement, il y a un écart entre ce qui est voulu et la réalité », fait-il comprendre. Il estime que la réussite de cette réforme est importante, « surtout dans un contexte d’attaques contre la démocratie et contre l’indépendance des institutions dans le monde. »
Jean-Paul de Chazal estime qu’il faudra avant tout remettre à flot l’état des finances des collectivités locales. « Nos propositions visent à garantir les élections municipales et villageoises comme c’est le cas pour les élections générales », affirme-t-il.
Michel Vieillesse, membre du CJP, a énuméré les propositions. Ainsi, la commission souhaite d’abord une vraie autonomisation des collectivités locales avec la possibilité aux mairies de collecter des impôts sur l’habitation, d’autofinancer les marchés et de gérer les budgets. Elle estime que la clause relative à l’approbation du ministère paralyse souvent le système au lieu de l’aider.
En deuxième lieu, la commission veut redonner aux collectivités locales la liberté de recruter et gérer leurs personnels, selon les besoins, et réduire les possibilités d’ingérence politique. Ensuite, une redéfinition du rôle des députés et celui des conseillers des collectivités locales est souhaitée.
« La création de postes de Private Parliamentary Secretaries (PPS) dans le passé a brouillé les rôles des différents acteurs politiques », estime la CJP. Celle-ci est en faveur d’une participation du secteur privé dans la vie des collectivités locales, notamment via des financements et des partenariats dans des activités au sein des localités.
Cinquièmement, la commission entend inscrire la tenue des élections des Collectivités locales dans la Constitution chaque trois à cinq ans. « Cela préviendra les dérives ou tentatives de priver les citoyens de leurs droits de vote et permettra de les conseiller. » Il est aussi question de recruter de jeunes leaders en vue du renouvellement de la classe politique pour leur donner l’occasion de s’impliquer dans la vie du pays.
Autre proposition faite : limiter les mandats de trois ans pour les maires, adjoints au maire et présidents des conseils de district « pour promouvoir la continuité et la cohérence dans la vision et l’approche du développement des collectivités locales ».
En huitième lieu, l’introduction du kreol morisien est préconisée dans les débats des conseils des collectivités locales. La commission souhaite de plus une meilleure implication des collectivités locales dans le combat contre la drogue. « Nous encourageons un partenariat avec le secteur privé pour développer un programme stratégique pour la promulgation du sport et de la culture qui cibleront les jeunes », propose la Commission.
Concernant la question des genres, une représentation féminine d’une candidate sur deux est proposée au lieu d’une sur trois comme c’est le cas actuellement. Enfin, la commission propose la municipalisation du pays car des villages comme Goodlands, Flacq et Mahébourg disposent de nombreuses facilités.
Profitant de l’occasion, Jean-Paul de Chazal a lancé un appel aux électeurs des villes pour aller voter le 4 mai. Et de demander au gouvernement, en l’absence d’une loi sur la réforme pour cette élection, « d’appliquer l’esprit de cette réforme à partir du 4 mai ». Alors que le père Georgy Kenny insiste sur le but de la CJP qui est de promouvoir les enseignements des papes dont François. « Ce dernier était un grand défenseur de la dignité humaine .»

 

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