- Les régions du sud et du plateau central ont été les plus affectées par les accumulations d’eau
- Un habitant de Bois-Chéri, les sanglots dans la voix, face au torrent d’eau boueuse qui a emporté sa voiture
Les semaines se suivent et se ressemblent, depuis janvier, en ce qu’il s’agit de la déferlante de pluies torrentielles et leur lot d’inondations éclair de grande ampleur qui affectent l’île. Cette succession de phénomènes météorologiques extrêmes a prévalu vendredi et hier, avec des précipitations cumulées qui ont démontré que plusieurs régions ont dépassé les 100mm, avec des records enregistrés à Saint-Felix et Mon Bois (voir plus loin), selon la station météorologique de Vacoas, qui a forcément maintenu l’avertissement de pluies torrentielles. Ce sont les régions du sud de l’île et du plateau central qui ont été les plus affectées par les accumulations d’eau. Les sapeurs-pompiers ont dû intervenir à maintes reprises pour prêter main-forte aux habitants pris au dépourvu par les torrents. La vidéo, devenue virale sur la toile, d’un habitant de Bois-Chéri, impuissant et les sanglots dans la voix, face au torrent d’eau boueuse qui a emporté sa voiture, reflète le triste spectacle qui s’est une nouvelle fois offert à nos yeux.
La journée s’annonçait chargée pour le Premier ministre, Pravind Jugnauth, hier, quand il devait participer à trois fonctions organisées à Phœnix, Solitude et Baie-du-Cap par des groupes religieux de la communauté télougoue et marathie dans le cadre de la fête Gudi Padwa et d’Ugadi. Mais c’était sans compter avec le temps exécrable, combinant vents, pluies diluviennes et accumulations d’eau, qui a ébranlé le pays. Ce qui a forcé les organisateurs de jouer la carte de la prudence en annulant leurs cérémonies de prières. La situation n’augurait rien de bon à l’aube. Plusieurs routes du sud étaient sérieusement inondées et impraticables à l’instar de la route de Choisy à Chamarel, devenue impraticable à cause des chutes d’arbres, de coulées de boue et de débris au même titre que le pont de Rivière du-Poste et Mare-Tabac dans le Sud-Est.
« Nous avons évité le pire »
À Baie-du-Cap, où le chef de l’État devait se rendre, une rivière était en crue, cela mêlé aux eaux boueuses, et la circulation était quasiment impossible, tout comme à Grand-Bois. Les hommes des Mauritius Fire & Rescue Services (MFRS) étaient sur le qui-vive hier. Les officiers de la Special Mobile Force (SMF) et de la Special Supporting Unit (SSU), qui effectuaient des patrouilles dans les régions à risques de la capitale, à Vallée-des-Prêtes, Vallée-Pitot, Sainte-Croix et Canal-Dayot, entre autres, sont venus prêter main-forte aux pompiers pour déblayer lesdites routes, tout en pompant de l’eau qui déferlait dans ces régions. Selon le responsable de communication du National Emergency Operation Command (NEOC), Pravind Rughoo, « ces accumulations d’eau ont non seulement impacté les routes, mais de nombreuses maisons et cours également. » Un accident qui aurait pu avoir de graves conséquences mais qui n’aurait apparemment pas fait de blessé, est survenu en début d’après-midi sur l’autoroute à Rose-Belle, lorsqu’un van a fini sa course dans un canal.
Les plus anciens habitants du paisible quartier de Longtill, à Bel-Ombre, n’ont pas le souvenir d’avoir été confrontés à d’une inondation d’une telle ampleur. Les rues et les cours de la majorité des riverains ont été submergées en l’espace d’un quart d’heure par l’eau. L’intensité des précipitations ne semblait nullement s’atténuer dans l’après-midi et a fait craindre le pire, mais fort heureusement, très peu de maisons ont été inondées. « On a croisé les doigts pour que ne survienne pas les mêmes catastrophes qu’on a pu observer dans la capitale en mars et dieu merci, nos maisons ont été épargnées par ces inondations qu’on n’est pas près d’effacer de notre mémoire », confie Suraj.
Toujours est-il que ce sont les habitants du village de Bois-Chéri qui ont le plus pâti de ces inondations de grande ampleur. Ainsi, plusieurs maisons et cours ont été complètement inondées par le flot interrompu. En témoigne toute la détresse d’un habitant du village qui n’a pas eu le temps de réagir face à la déferlante qui a emporté sa voiture qu’il dit avoir achetée récemment, dans une vidéo qu’il a publiée sur les réseaux sociaux. Le président du conseil du village Rissy Kumar Girdhari avance qu’ « à chaque fois lors des fortes pluies, c’est la même situation », tout en déplorant « la lenteur des autorités pour remédier à cette situation. »
Les agriculteurs qui souffrent également de ces conditions météorologiques extrêmes depuis plusieurs semaines ne sont également pas au bout de leurs peines. Des champs de thé, de légumes et maïs faisaient peine à voir, tant les pertes étaient indéniables, plus particulièrement à Bois-Chéri, La Flora et Rivière-du-Poste, où l’eau a atteint un peu moins d’un mètre sur les exploitations en emportant les semis et abîmant les sols.