Le cimetière marin de Souillac, site historique, religieux et culturel emblématique du sud de Maurice, fait actuellement l’objet d’un fervent plaidoyer pour sa préservation. De nombreuses personnalités mauriciennes qui veillent à la protection du patrimoine culturel, religieux et historique du pays se sont unies pour demander à travers une communication écrite que ce lieu de mémoire et d’histoire soit respecté et protégé dans son intégrité et son authenticité.
Le cimetière marin de Souillac, créé à la fin du 18e siècle sur une dune près de l’embouchure de la rivière Savanne, est un site où reposent de nombreuses personnalités, dont le célèbre poète mauricien Robert Edward Hart, décédé en 1954.
Un projet controversé
Entouré de sable et de fleurs sauvages, le cimetière est un véritable trésor historique. Des épitaphes gravées dans le basalte et des styles funéraires variés témoignent de la richesse culturelle et religieuse du lieu. Un projet d’aménagement présenté dans le cadre d’une étude d’impact environnemental (EIA) publiée début mai 2024 a suscité de vives inquiétudes parmi les défenseurs du patrimoine. Le projet prévoit des travaux de protection nécessaires pour renforcer la structure actuelle du cimetière, ce qui est louable, mais inclut également des aménagements additionnels qui dénatureraient totalement le site. L’installation d’un grillage et d’une piste de jogging éclairée par des lampadaires est particulièrement controversée. Ces aménagements modernes nuiraient à l’authenticité et à l’ambiance naturelle du cimetière, altérant la vue sur la mer et le Jardin Telfair de Souillac sur la rive opposée
Une richesse patrimoniale
et historique élargie
Le cimetière est d’autant plus central à la problématique puisqu’il est entouré de plusieurs lieux historiques qui contribuent à la richesse patrimoniale de Souillac :
1. La tombe du Baron d’Unienville : Située dans le cimetière, elle est un témoignage poignant de l’histoire de la région.
2. Le Batelage : Construit à la fin du 18e siècle, il servait à l’embarquement du sucre vers Port-Louis. Souillac était alors le port le plus actif du sud de l’île jusqu’à l’arrivée du chemin de fer en 1878.
3. La police de Souillac : Ce bâtiment servait initialement de logement aux esclaves travaillant sur les plantations sucrières.
4. Le monument et le jardin Telfair : Ces sites offrent une vue imprenable sur le cimetière et enrichissent le patrimoine historique de la région.
5. L’ancienne gare de Souillac : Utilisée de 1878 à 1954, elle abritait également le bureau de poste.
6. La Nef : Ancienne maison en corail du poète Robert Edward Hart, devenue musée, elle est située en face du cimetière.
Ces lieux, combinés entre eux, et liés au cimetière, forment un ensemble historique et culturel d’une grande valeur sentimentale et historique pour Maurice.
Les personnalités signataires du plaidoyer insistent sur l’importance de préserver le cimetière marin de Souillac dans son état actuel, tout en renforçant ses structures contre les assauts des vagues. Ils soulignent que le cimetière doit rester un lieu de mémoire, ouvert sur la mer et dépourvu d’aménagements modernes qui en altéreraient l’authenticité. La promenade naturelle actuelle, menant de Riambel au cimetière, offre un charme d’antan qui serait gâché par des infrastructures récréatives inappropriées.
Un appel à la préservation
Les familles se recueillent régulièrement sur les tombes de leurs proches, et le cimetière attire également des amateurs de patrimoine et des touristes en quête d’authenticité. L’intégrité visuelle et structurelle du site est essentielle pour préserver ce trésor national pour les générations futures.
En matière d’aménagement,
« moins, c’est mieux »
Les signataires du plaidoyer demandent instamment aux autorités de consulter des spécialistes en conservation du patrimoine naturel et culturel. Ils espèrent que le projet sera modifié pour respecter l’intégrité du site. En matière d’aménagement, « moins, c’est mieux » : il est impératif de protéger ce lieu unique avec respect et sagesse.
Le cimetière marin de Souillac est un élément irremplaçable du patrimoine culturel, historique et religieux de Maurice. Sa préservation est une responsabilité collective pour assurer que ce site emblématique soit transmis intact aux générations futures. Les nombreuses personnalités mauriciennes qui ont signé ce plaidoyer appellent à une action urgente pour sauver ce joyau national.