Cherté de la vie : Quand la crise perturbe la scolarité des jeunes

En dépit de la scolarité gratuite, la crise économique n’a pas épargné les jeunes qui, pour certains, ont été poussés à quitter le collège pour chercher un emploi et être en mesure de subvenir aux besoins de la famille. Tel est le constat que dresse Patrick Freyneau, président de la Secondary & Preparatory School and Other Staff Union (SPSTU).

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La contraction économique et la cherté de la vie n’affectent pas que les adultes. Les enfants sont directement impactés quand les parents n’ont plus les moyens financiers pour nourrir la famille et voient en eux de potentiels gagne-pains.

Enseignant dans un collège catholique des Plaines-Wilhems, Patrick Freyneau dit être témoin de plusieurs cas de jeunes perturbés à cause de la situation financière de la famille. « Beaucoup de parents ont perdu leur emploi sans compter la cherté de la vie. Certains sont employés à leur compte mais le travail ne marche plus », explique-t-il.

Dans certains cas, ces jeunes n’ont d’autre choix que de quitter le collège.

« Prenons les élèves qui redoublent leur SC. Ils doivent payer les frais d’examens. Les parents n’en ont pas les moyens, c’est une grosse somme d’argent, soit plus de Rs 10 000. Avec la cherté de la vie, les parents ne peuvent plus envoyer les enfants à l’école, au collège, même si la scolarité est gratuite. Il y a, en effet, le matériel scolaire, les uniformes, le déjeuner. Je rencontre tous les jours des élèves, surtout ceux qui ont 18 ans+, dont les parents leur disent de mettre un terme à leur scolarité et de chercher un emploi car ils n’arrivent pas à subvenir aux besoins de leur famille. Leur but est alors d’entrer dans la force policière ou la SMF. »

Ces élèves sont à la fois issus de familles figurant déjà sur le registre social et de familles devenues précaires depuis le Covid-19 « faute de structure appropriée pour plus de perspectives sur le marché de l’emploi ».

Pour Patrick Freyneau, « quand on voit d’une part tous les gaspillages tels que révélés par l’Audit et d’autre part la dépréciation de la roupie et l’inflation, on comprend que la situation ne permet pas un réajustement au niveau des prix ». Et d’ajouter que « le gouvernement n’arrive pas à prendre un engagement sérieux vis-à-vis de la population ».

Du côté des élèves qui viennent au collège, certains, poursuit le président de la SPSTU, n’arrivent pas à s’appliquer dans leurs études. « La difficile situation à la maison les affecte psychologiquement. Par ailleurs, un autre problème émerge : celui d’avoir à vivre l’énorme disparité qui existe entre eux et d’autres élèves qui, eux, n’ont pas ce manque matériel. Nous, les enseignants, nous sommes témoins de cela tous les jours. De fait, notre travail devient de plus en plus complexe. Nous avons à gérer la classe mais aussi des problèmes d’ordre social. C’est difficile dès lors de maintenir la même pédagogie. »

Pour l’enseignant, « c’est clair qu’on ne peut plus vivre comme on le faisait en 2019 avant le Covid-19 ». Car beaucoup sont tombés dans une crise sociale sans précédent et sont dans le désarroi total. « Si la classe moyenne s’appauvrit, imaginez la classe des pauvres. Les familles aisées, elles, ont pas mal de dettes sur leurs têtes. Elles ont emprunté pour acheter un terrain et construire leur maison, pour financer les études universitaires de leurs enfants. »

Patrick Freyneau ajoute que les élèves de l’Extended Stream sont particulièrement affectés et n’avaient pas la possibilité de suivre les cours en ligne en l’absence des cours en présentiel. Or, dit-il, ce sont ces élèves qui ont davantage besoin d’attention et de suivi. Il est ainsi d’avis que « le gouvernement devrait revoir cette situation où les parents n’arrivent plus à financer les études de leurs enfants ».

Il faudrait, selon lui, revoir les critères d’aides sociales « car beaucoup de parents qui ne figuraient pas sur le registre social ont grandement besoin du soutien de l’État aujourd’hui ».

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