Chagos : Ultimes garanties contre toute « Malign Influence »

  • L’ombre de la Chine l’obstacle à la conclusion du deal pour la restitution des droits souverains de Maurice
  • Après les échanges de vendredi soir, Starmer et Ramgoolam « look forward to speaking again soon »
  • Londres : « Under the proposed Treaty, the UK will exercise all rights and authorities which the UK requires for the long-term, secure and effective operation of the military base »
  • Compensation de £90 M (Rs 5,3 milliards) par an : « Costs had not been allocated yet and will need to come from within the (UK) government’s future budget and spending limits »

En fin de semaine, après une longue accalmie, le temps de permettre au nouveau président des États-Unis, Donald Trump, de procéder à une évaluation de la teneur du Chagos Much Better Deal, des développements critiques se profilent à l’horizon. Que ce soit du côté de Port-Louis ou de Londres, l’équation qui suscite une attention demeure les ultimes garanties à être présentées à Washington contre toute « malign influence » de la Chine sur la sécurité des opérations militaires des Américains à partir la base de Diego Garcia. Ainsi, après des échanges téléphoniques de vendredi soir, soit le premier call depuis le début de l’année, le Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, et son homologue mauricien, Navin Ramgoolam, se sont engagés à poursuivre le dialogue à haut niveau dans un avenir pas si lointain. Entre-temps, Stephen Doughy, ministre d’État au Foreign, Commonwealth and Development Office, dans une Written Answer déposée à la Chambre des Communes en fin de semaine met également l’accent sur « the long-term, secure and effective operation of the military base (Diego Garcia). »

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Si dans l’immédiat, à Port-Louis, l’on se refuse de s’aventurer pour commenter publiquement l’évolution des échanges au sujet du Chagos Deal, on laisse entendre que lors du dernier appel téléphonique en date du Premier ministre britannique, l’impression qui se degage de manière catégorique avant la signature de tout accord est que « they want to ensure that the base (Diego Garcia) is safe ». Cette assurance de sécurité est évoquée par rapport à toute influence ou présence stratégiques et militaires qui pourraient être exercées par la Chine dans cette partie du monde après la restitution des droits souverains de Maurice sur l’archipel des Chagos.

D’ailleurs, le readout émis dans la soirée de vendredi par No 10 Downing Street au sujet de ces discussions entre Londres et Port-Louis s’appesantit sur cette notion de strong protections. De ce fait, le porte-parole britannique soulignait que « the Prime Minister (Starmer) underlined the need for a deal to secure the military base on Diego Garcia that ensures strong protections, including from malign influence, and that will allow the base to continue to operate. »

En conclusion, le communiqué de Londres ajoute que « both leaders reiterated their commitment to a deal, and they looked forward to speaking again soon. » Au tout début, il était question que « the leaders began by reflecting on their first months in office and discussed the strong relationship between the UK and Mauritius, which they looked forward to expanding. »

Dans son ensemble, la presse britannique de samedi retient la demande pressante au sujet de ces garanties contre toute malign influence de la Chine sur les opérations militaires américaines à la base de Diego Garcia. De son côté, le quotidien indien Hindustan Times, rapportant cette même information, prend le soin de faire état de la position de Maurice, exprimée par Navin Ramgoolam dans les colonnes de Week-End du 19 janvier dernier, à l’effet que « there is a disinformation campaign in the United States claiming that we are close to China, that we are going to let them open bases, which is completely untrue. »

« National security interests »

D’autre part, depuis le 20 janvier dernier, très peu d’informations ont filtré au sujet de la prise de position de la nouvelle administration américaine sur le dossier des Chagos. Certes, deux échanges téléphoniques à very high level, soit entre Donald Trump et Keir Starmer et Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État américain et David Lammy, le Foreign Secretary, sont intervenus. Même si le Telegraph affirme avec force que le Chagos Much Better Deal a été abordé lors de ces deux occasions, aucune confirmation officielle n’est disponible à ce sujet depuis la semaine dernière.

Par contre, dans une Written Answer déposée à la Chambre des Communes en fin de semaine, Londres apporte des détails précis au sujet de l’exercice de souveraineté sur les Chagos. C’était en réponse à une interpellation de l’Opposition Assistant Whip, Ben Obsese-Jecty.

Stephen Doughy, ministre d’État au Foreign, Commonwealth and Development Office affirme que « with respect to Diego Garcia, there is no lease. US presence and operations in the British Indian Ocean Territory are governed by a series of international agreements, beginning with a 1966 Exchange of Notes between the US and UK, which set out that the whole Territory should be made available for UK and US defence purposes. Under the proposed Treaty between the UK and Mauritius, the UK will exercise all rights and authorities which the UK requires for the long-term, secure and effective operation of the military base (Diego Garcia). The agreement will have a duration of 99 years from entry into force, extendable with the agreement of both parties. »

À ce stade des discussions sur le Chagos Much Better Deal, le volet de la compensation agréée de £ 9 milliards, avec l’option d’un frontloading, arrachée comme concession par le gouvernement de l’Alliance du Changement, est revenue au premier plan. Ainsi, un Senior Treasury Minister a admis que « the government does not yet know how it will pay for its controversial deal to hand over the Chagos Islands to Mauritius and lease back the UK/US air base on Diego Garcia. »

Répondant au Shadow Defence Minister, Mark François, le Chief Treasury Secretary, Darren Jones, le N° 2 de la Chancellor, Rachel Reeves, devait indiquer que « the direct costs of negotiation are owned and monitored by the Foreign Office (FCDO) and Ministry of Defence (MoD), and have all been met from within their budgets. Policy impact assessments are similarly owned by the FCDO and MoD. »

Poursuivant à ce même sujet, il a fait comprendre que « any financial obligations arising from the finalised agreement will be managed responsibly within the government’s fiscal framework, including through the upcoming spending review. »

En tout cas, tout semble indiquer que le prochain appel téléphonique venant de No 10 Downing Street au Treasury Building à Port-Louis pourrait s’avérer être des plus critiques pour l’avenir du Chagos Much Better Deal, même si une section de l’opinion au Royaume-Uni avance que « even if the two sides do reach agreement, there is a possibility the deal could be opposed by Trump. » Pour étayer leurs dires, les animateurs du l’Anti-Chagos Deal Gang s’appuient sur cette déclaration archi-répétée, remontant à octobre de l’année dernière, de Marco Rubio, en l’occurrence que « this [deal] poses a serious threat to our national security interests in the Indian Ocean and threatens critical US military posture in the region. »

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