Chagos : enfin le quadricolore flotte de plein droit aux dépens de l’Union Jack !

  • Bail de 99 ans alloué aux Américains pour la base militaire de Diego Garcia, demeurant sous contrôle des Anglais
  • Starmer et Jugnauth : « A seminal moment in our relationship and a demonstration of our enduring commitment to the peaceful resolution of disputes and the rule of law »
  • Le président Joe Biden sur ce Historic Deal : « Clear demonstration that through diplomacy and partnership, countries can overcome long-standing historical challenges to reach peaceful and mutually beneficial outcomes »
  • Au terme d’un traité bilatéral à être signé, Port-Louis se voit garantir « a package of financial support  » de Londres, dont « an indexed annual payment for the duration of the agreement »

Londres et Port-Louis ont conclu un deal historique sur les Chagos. Au terme d’un demi-siècle de lutte à différents niveaux, menée aux avant-postes par des membres de la communauté chagossienne, en particulier les femmes, avec une présence plus que déterminante de l’État mauricien, dont un engagement tranchant de l’ancien Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, devant la Cour internationale de justice de La Haye, sous forme de l’Advisory Opinion du 25 février 2019, le quadricolore de la République de Maurice flotte désormais de plein droit et fièrement, aux dépens de l’Union Jack, sur l’archipel des Chagos.

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Cette étape politique majeure parachève la décolonisation de Maurice, engagée avec l’accession du pays à l’indépendance le 12 mars 1968. Certes, la communauté internationale, dont l’ensemble des États africains, sous la bannière de l’Union africaine (UA), a pesé de tout son poids, sans compter l’opiniâtreté de Maurice pour faire respecter ses droits sur le plan international en termes d’intégrité et de souveraineté territoriales piétinées par les Anglais depuis la conférence constitutionnelle de Lancaster House, se déroulant du 7 au 24 septembre 1965 au sujet de l’indépendance. En dépit d’une opposition sournoise des faucons à Londres et à Washington, ce jeudi 3 octobre 2024 est à marquer d’une pierre blanche, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et son homologue britannique, sir Keir Starmer, parvenant en effet à un accord devant faire l’objet d’un traité bilatéral.

À la mi-journée hier, ce dossier d’importance stratégique a fait l’objet d’un Special Cabinet Meeting au Treasury Building, sous la présidence du Premier ministre, et de la publication d’un communiqué conjoint émis simultanément à Port-Louis et à Londres. Ce deal a également bénéficié du parrainage, pour ne pas dire de la bénédiction, des États-Unis, avec des déclarations formelles du président américain Joe Biden et de l’US Secretary of State Antony Blinken dès hier matin. L’Inde, qui fait partie du Quad – avec les États-Unis, l’Australie et le Japon –, a également assumé un rôle de premier plan dans le dénouement de ce différend territorial.

Ainsi, les États-Unis sont en mesure de garder la base militaire de Diego Garcia, le Joint Statement affirmant que « the two Prime Ministers were committed to ensure the long-term, secure and effective operation of the existing base on Diego Garcia which plays a vital role in regional and global security  ». Le joint statement souligne également par rapport à Diego Garcia que « the UK will ensure operation of the military base for “an initial period” of 99 years ».

Pravind Jugnauth et Keir Starmer notent que « following two years of negotiation, this is a seminal moment in our relationship and a demonstration of our enduring commitment to the peaceful resolution of disputes and the rule of law  ». Sous ce nouveau partenariat anglo-mauricien, Port-Louis se voit ainsi garantir de la part de Londres « a package of financial support to Mauritius ». Et « this will include an indexed annual payment for the duration of the agreement and the establishment of a transformational infrastructure partnership, underpinned by UK funding ».

Force est de constater que les négociations anglo-mauriciennes sur les Chagos, qui avaient littéralement piétiné depuis le 3 novembre 2022, ont connu un net coup d’accélérateur au cours de ces dernières semaines, permettant au Premier ministre de disposer d’une Trump Card dans sa quête pour la formule Jugnauth 3.0., avec les législatives derrière la porte. D’aucuns affirment que la récente visite éclair du ministre des Affaires étrangères de l’Inde, Subrahmanyam Jaishankar, à Maurice à la mi-juillet, comportait un autre volet de realpolitik que la pure dimension des relations bilatérales. Puis est survenu le tête-à-tête Jugnauth/Starmer au 10 Downing Street, à Londres, du 24 juillet.

Toutefois, en l’espace d’un mois, soit dès la première semaine de septembre dernier, avec un ultime round de négociations se déroulant à Port-Louis et la nomination de Jonathan Powell en tant que Special Envoy du Premier ministre britannique, Londres concède que « it is giving up sovereignty of a remote but strategically important cluster of islands in the Indian Ocean after more than half a century », mettant fin définitivement à ce que feu sir Anerood Jugnauth avait qualifié de « Fiction of History » la création du British Indian Ocean Territory (BIOT).

PORT-LOUIS ET LONDRES : « The Treaty will address Wrongs of the Past »
Le Joint Statement émis hier par Maurice et le Royaume-Uni après la conclusion de l’accord politique, qualifié d’historique et agréé par Pravind Jugnauth et Keir Starmer, met en avant que ce deal « is a seminal moment in our relationship and a demonstration of our enduring commitment to the peaceful resolution of disputes and the rule of law ».

« The treaty will address wrongs of the past and demonstrate the commitment of both parties to support the welfare of Chagossians. Mauritius will now be free to implement a programme of resettlement on the islands of the Chagos Archipelago, other than Diego Garcia, and the UK will capitalise a new trust fund, as well as separately provide other support, for the benefit of Chagossians », stipule le document, qui fait la Une de l’actualité dans le monde depuis hier en raison de l’importance stratégique de Diego Garcia dans la conjoncture, marquée par l’escalade du conflit militaire au Proche-Orient.

Les deux pays affirment qu’après deux années de négociations, il s’agit d’un moment charnière dans les relations et d’une démonstration de l’engagement durable en faveur du règlement pacifique des différends et de l’État de droit. Ils reconnaissent que les négociations ont été menées de manière constructive et respectueuse, en tant qu’États souverains égaux, sur la base du droit international, et dans l’intention de résoudre toutes les questions en suspens entre le Royaume-Uni et Maurice concernant l’archipel des Chagos, y compris celles relatives à ses anciens habitants.

« Today’s political agreement is subject to the finalisation of a treaty and supporting legal instruments, which both sides have committed to complete as quickly as possible. Under the terms of this treaty the United Kingdom will agree that Mauritius is sovereign over the Chagos Archipelago, including Diego Garcia. At the same time, both our countries are committed to the need, and will agree in the treaty, to ensure the long-term, secure and effective operation of the existing base on Diego Garcia which plays a vital role in regional and global security », font ressortir Maurice et le Royaume-Uni. Ainsi, pour une période initiale de 99 ans, le Royaume-Uni sera autorisé à exercer à l’égard de Diego Garcia les droits souverains et les autorités mauriciennes nécessaires pour assurer la poursuite de l’exploitation de la base jusqu’au siècle prochain.

Les deux pays sont convenus que cet accord « heralds a new era of economic, security and environmental partnership between our two nations ». Sur la base de ce partenariat, le Royaume-Uni fournira un Financial Package à Maurice, lequel comprendra « an indexed annual payment for the duration of the agreement and the establishment of a transformational infrastructure partnership, underpinned by UK grant funding, to deliver strategic projects generating meaningful change for ordinary Mauritians and boosting economic development across the country ».

D’autre part, Londres et Port-Louis seront appelés à coopérer en matière de protection de l’environnement, de sécurité maritime, de lutte contre la pêche illégale, de migration irrégulière et de trafic de drogue et d’êtres humains au sein de l’archipel des Chagos, avec l’objectif commun de sécuriser et de protéger l’un des environnements marins les plus importants au monde. Cela comprendra la création d’une zone marine protégée mauricienne.

En trouvant des solutions aux questions en suspens entre le Royaume-Uni et Maurice, « the treaty will open a new chapter in our shared history, one which will continue to be based on mutual respect and trust as close Commonwealth partners committed to the security and prosperity of the Indian Ocean Region ». Pour parvenir à l’accord politique, Maurice et le Royaume-Uni affirment avoir bénéficié du plein soutien et de l’assistance de leurs partenaires proches, en l’occurrence les États-Unis d’Amérique et la République de l’Inde.

Intervention à la télévision : « Un moment historique »
« Notre république est en train de vivre un moment historique. Je viens d’avoir une conversation téléphonique avec le Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, et nous sommes parvenus à un accord sur les Chagos. Je suis fier de vous annoncer que l’Angleterre, à travers cet accord, reconnaît notre souveraineté sur les Chagos, incluant Diego Garcia. Certaines personnes pensaient qu’il était impossible pour un petit pays comme Maurice d’obtenir gain de cause devant la justice face à deux grandes puissances.

En dépit de cela, nous sommes restés guidés par notre conviction, pour compléter notre décolonisation. Nous nous souvenons tous de ce vote historique aux Nations Unies, en juin 2017, quand 94 pays avaient voté en faveur d’un avis consultatif du tribunal de La Haye. Nous avons aussi le souvenir de sir Anerood Jugnauth enfilant sa robe d’avocat pour la dernière plaidoirie de sa carrière devant la Cour internationale de justice (CIJ), en 2018.
Le verdict de la CIJ en 2019 était sans appel. Ils ont reconnu que l’excision des Chagos du territoire de Maurice était illégale. Et ils avaient demandé que Maurice puisse exercer sa souveraineté sur les Chagos au plus vite. Depuis 2022, nous avons eu des discussions avec l’Angleterre. J’ai participé à des sessions de travail et des négociations avec le gouvernement britannique. Cela n’a pas été facile.

Je suis fier et ému d’avoir réussi dans notre combat. Nous sommes parvenus à un accord qui débouchera sur un traité entre nos deux pays. L’Angleterre a reconnu la tragédie vécue par les Chagossiens. Ils mettront sur pied un Trust Fund pour le bien-être des Chagossiens à Maurice. Ce traité nous permettra de mettre en place un programme pour le Resettlement de nos compatriotes sur Peros Banhos et Salomon.

De tout temps, les différents gouvernements à Maurice étaient d’accord pour que les États-Unis puissent continuer à opérer une base militaire sur Diego Garcia. L’Angleterre collaborera avec Maurice pour organiser des visites sur l’archipel des Chagos, incluant Diego Garcia, et nous travaillerons ensemble pour la protection marine et la sécurité maritime.

Aujourd’hui, 56 ans après notre indépendance, notre décolonisation est complétée. Aujourd’hui, notre hymne national résonne encore plus fort sur tout notre territoire. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup d’émotions que je dis à tous les Mauriciennes et Mauriciens : merci et vive la République de Maurice. »

ASHOK SUBRON (REA) :« Pas souhaitable de signer n’importe quel accord à la veille de la dissolution »
« Nous ne sommes pas encore en présence du contenu de l’accord entre Maurice et la Grande-Bretagne. Autant nous partageons la souffrance de la population chagossienne, autant nous valorisons le combat mené par les femmes chagossiennes, le peuple mauricien, et les militants anticoloniaux et antimilitaristes.

L’accord conclu aujourd’hui est le résultat d’un long processus. Pravind Jugnauth, comme chef du gouvernement, ainsi que les gouvernements précédents ont obtenu un mandat pour rendre la souveraineté au peuple mauricien, mais n’ont pas de mandat pour donner cette souveraineté à qui que ce soit, peu importe le nombre d’années. Nous sommes à un moment important dans le processus en vue de retrouver la souveraineté de Chagos. S’il y a des avancements concernant ce dossier, il faut savoir que c’est le résultat de tous ceux qui ont milité pendant des années. C’est à eux que vont en premier lieu nos pensées. Pravind Jugnauth ne fait qu’apporter la dernière touche.

Dans une période électorale, il n’est pas souhaitable de signer n’importe quel accord qui engage Maurice pour les 99 années à venir. Ce n’est pas le moment de le faire. Nous voulons retrouver notre souveraineté sur les Chagos. Nous considérons qu’il n’est pas sérieux de conclure un accord presque à la veille de la dissolution du Parlement, qui engage Maurice pour 99 ans. J’espère que Pravind Jugnauth ne se précipitera pas avant de signer un accord qui risque de mettre en péril les générations futures. »

PAUL BÉRENGER (MMM ):« Nous réagirons après consultations avec tous nos partenaires »
« Nous avons pris connaissance du communiqué commun. Nous sommes en train de l’étudier et nous réagirons après avoir eu des consultations avec les autres partenaires de l’Alliance du Changement, soit vendredi, soit lors de notre conférence de presse, samedi. »

LINDSEY COLLEN (LALIT) :« Maintenant nous serons complices de leurs crimes »
« Il semble que pendant cinq ans, la Grande-Bretagne ait essayé de Zigile pour voir comment sortir de sa position d’illégalité. Le pays était en porte-à-faux par rapport à la loi internationale. Je note quelque chose de très dangereux dans le 3e paragraphe du Joint Statement des Premiers ministres mauricien et britannique. Il est dit que Maurice accordera un bail de 99 ans et que la base militaire de Diego Garcia continuera d’opérer.
Pour moi, c’est une tricherie, ou alors nous sommes en train de nous tourner en bourrique. C’est une défaite pour Maurice sur la souveraineté. La deuxième défaite, c’est que maintenant, nous serons complices de leurs crimes. Nous allons partager la responsabilité de tous les crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis par les Anglais et les Américains sur notre territoire.

Ces faits ont déjà été reconnus, notamment concernant la guerre en Irak. Ce qu’a fait Pravind Jugnauth aujourd’hui est pire que ce qu’avait fait sir Seewoosagur Ramgoolam. En accordant ce bail, Maurice est en train de soutenir la Grande-Bretagne et les États-Unis dans tous les conflits où ils sont engagés, ainsi que leur soutien à Israël.
C’est pour cela que Lalit avait toujours dit que les négociations pour la souveraineté et Diego Garcia ne doivent pas être séparées. En signant ce traité, nous serons coupables de tout ce qui se passera sur notre territoire. »

JOE BIDEN (PRÉSIDENT DES USA) :« Je salue l’accord historique »
« Je salue l’accord historique et la conclusion des négociations entre la République de Maurice et le Royaume-Uni sur le statut de l’archipel des Chagos. C’est une démonstration claire que, grâce à la diplomatie et le partenariat, les pays peuvent surmonter des défis historiques de longue date pour parvenir à des résultats pacifiques et mutuellement bénéfiques. Cet accord affirme la souveraineté mauricienne sur l’archipel des Chagos, tout en accordant au Royaume-Uni l’autorité d’exercer les droits souverains de Maurice à l’égard de Diego Garcia.

Diego Garcia est le site d’une installation militaire conjointe entre les États-Unis et le Royaume-Uni, qui joue un rôle essentiel dans la sécurité nationale, régionale et mondiale. Il permet aux États-Unis de soutenir des opérations qui démontrent notre engagement commun en faveur de la stabilité régionale, fournissent une réponse rapide aux crises et contrecarrent certaines des menaces à la sécurité les plus difficiles auxquelles nous sommes confrontés. L’accord garantit le fonctionnement effectif de l’installation partagée de Diego Garcia jusqu’au siècle prochain.

Nous nous réjouissons de la perspective de poursuivre notre partenariat solide avec Maurice et le Royaume-Uni dans le cadre d’un Indo-Pacifique libre et ouvert. »

ANTONY J. BLINKEN (SECRÉTAIRE D’ETAT US) : « L’accord reflète le pouvoir de la diplomatie »
« Les États-Unis se félicitent de l’accord historique conclu aujourd’hui entre la République de Maurice et le Royaume-Uni sur le statut de l’archipel des Chagos. L’administration a fermement soutenu les négociations entre les deux pays au cours des deux dernières années et est heureuse de voir le résultat positif de cet effort diplomatique.

Selon les termes du nouvel accord, le Royaume-Uni conviendra que Maurice est souverain sur l’archipel des Chagos, y compris Diego Garcia, hébergeant une installation militaire conjointe entre les États-Unis et le Royaume-Uni. À son tour, le Royaume-Uni exercera les droits souverains et les autorités de Maurice à l’égard de Diego Garcia, conformément aux termes de l’accord. Cet accord garantira l’avenir opérationnel de l’installation militaire conjointe américano-britannique de Diego Garcia au cours du siècle prochain.

Diego Garcia joue un rôle essentiel dans les efforts des États-Unis pour établir une sécurité régionale et mondiale, répondre aux crises, contrer certaines des menaces de sécurité les plus difficiles de notre époque. L’accord d’aujourd’hui reflète le pouvoir de la diplomatie pour résoudre les défis de longue date, notre engagement commun en faveur d’une région indo-pacifique libre et ouverte, notre étroite collaboration continue avec Maurice sur un large éventail de questions bilatérales, régionales et multilatérales et, surtout, le partenariat solide entre Maurice, le Royaume-Uni et les États-Unis. »

OLIVIER BANCOULT (GRC) : « Le 3 oktob pou res istorik pou Moris ek kominote sagosienn »
« Le 3 oktob enn zour ki pou res istorik pou lil Moris ek kominote sagosienn. Gouvernman angle finn aksepte souverente Moris lor Chagos ek drwa bann Sagosien pou retourn viv lor zot later. Souverente finn gagne, i konpri Diego Garcia. Finn osi diskit ki bann Sagosien kapav gagn akse lor Diego.

Premie fwa gouvernman britanik pe rekonet ki finn ena linzistis vizavi Sagosien. Ena bann kiksoz ki pou demare pou fer enn fason pou koriz sa linzistis-la. Nou pan fer sanblan nou, nounn sibir enn linzistis, zordi li enn rekonesans. Enn lazwa pou bann Sagosien ek permet seki anvi retournn lor Chagos retourne.
Dan lansanb nou satisfe. Nounn krwar dan nou konba. Sa fer plis ki 40 an pe amen sa konba-la. Mo rekonesan anver bann Sagosien kinn komans sa travay-la ek zordi nepli la. Zordi nou rann omaz lafam sagosien. Nou ena baz militer Diego, nou dir ki koabitasion bizin pou Sagosien, priorite pou bann Sagosien, olie donn bann lezot nasion travay. Mo fer resortir sa pou konsern tou Sagosien dan lemond, ki li dan Seychelles ek Langleter, me pou komanse par bann natif. »

ARVIN BOOLELL (PTr) :« Les Sovereign Rights sur Diego Garcia laissent un goût mer »
« L’intégrité territoriale a toujours été une des priorités des gouvernements successifs. Je n’entrerai pas dans les détails des discussions avec la Grande-Bretagne pour accéder à l’indépendance. Le gouvernement britannique n’a pas honoré les engagements pris à cette époque. Je félicite tous les Premiers ministres – j’ai eu l’occasion de travailler avec le Dr Ramgoolam sur ce dossier –, tous les officiers du PMO et du ministère des Affaires étrangères, et tous ceux qui ont contribué à faire avancer ce dossier, à commencer les Chagossiens, en particulier les femmes, qui ne se sont épargné aucune peine.
Bien sûr, les Américains continueront d’occuper la base, et nous connaissons la géopolitique régionale. Nous connaissons également le rôle de l’Inde afin de faciliter notre tâche, ainsi que les membres de l’Union africaine. Nous avons également le soutien des pays européens. Toutefois, je reconnais que l’octroi des Sovereign Rights sur Diego Garcia aux Anglais pour une période de 99 ans laisse un goût amer. Nous ne connaissons pas les modalités à ce jour. Il nous faut connaître les détails.
En fait, la diplomatie mauricienne a porté ses fruits. Il y a eu une unité de la part de tous les Mauriciens concernant le dossier des Chagos. J’ai toujours plaidé pour que Maurice devienne un Etat-Océan. Maintenant, nous pouvons dire avec fierté que nous en sommes devenus un. »

Henri V. Jardine (US Ambassador to Mauritius) : « The power of diplomacy to solve long-standing challenges »
« As the United States Secretary of State Anthony Blinken said the United States welcomes today’s historic agreement between the Republic of Mauritius and the United Kingdom on the status of Chagos Archipelago. The administration has strongly supported negotiations between the two countries over the past two years and is pleased to see the successful outcome of this diplomatic effort.
« Under the terms of the new agreement the United Kingdom will agree that Mauritius is sovereign over the Chagos Archipelago including Diego Garcia site of a joint US-UK military facility. In turn UK will exercise the sovereign rights and authorities with respect to Diego Garcia in accordance with the terms of the agreement. This agreement will secure the operational future of the joint US-UK military facility on Diego Garcia into the next century. Diego Garcia plays a vital role in US efforts to establish regional and global security, counter one of the most challenging security threats of our time.
« Today’s agreement reflects the power of diplomacy to solve long-standing challenges. Our shared commitments to a free and open indo-pacific region are continued close cooperation with Mauritius on a wide range of bilateral, regional and multilateral issues and above all the strong partnership of Mauritius, the UK and the US. »

XAVIER-LUC DUVAL (PMSD) :« L’aboutissement d’une longue lutte »
« Je félicite le gouvernement pour l’accord historique conclu entre Maurice et le Royaume-Uni concernant l’archipel des Chagos. Cette entente marque l’aboutissement d’une longue lutte pour la reconnaissance de notre souveraineté. Elle témoigne de la persévérance de la diplomatie mauricienne et ouvre un nouveau chapitre dans nos relations avec le Royaume-Uni.
Nous sommes confiants à l’effet que cet accord servira les intérêts de toutes les parties concernées, tout en respectant l’intégrité territoriale de Maurice. Ce tournant démontre qu’avec de la détermination et du dialogue, même les différends les plus complexes peuvent trouver une issue favorable.
Nos pensées vont à tous les Mauriciens, et en particulier à nos frères et sœurs chagossiens, dont la résilience et la patience ont été essentielles dans cette quête de justice. »

MGR JEAN-MICHAEL DURHÔNE (ÉVÊQUE DE PORT-LOUIS) :« Pensée spéciale pour les Chagossiennes »
« Mon cœur est rempli de joie aujourd’hui pour nos sœurs et frères chagossiens. Une immense joie, car après des années de combat, ils ont gagné leur droit de retour aux Chagos, leur terre nourricière, où sont enterrés leurs ancêtres. Joie également que Maurice retrouve la souveraineté sur l’archipel.
L’Église a depuis toujours accompagné les Chagossiens dans leur lutte pour que le retour sur leurs îles auquel ils ont droit, devienne une réalité. Cela, à travers le soutien fraternel de mes prédécesseurs, celui de la Conférence des évêques de l’océan Indien (CEDOI) ou celui du pape François, qui a reçu des délégations chagossiennes en 2017 et 2023. J’ai une pensée spéciale pour les Chagossiens décédés, en particulier pour les femmes, qui ont porté cette lutte haut la main. Elles ont été un exemple de résilience, de solidarité et de détermination dans leur combat pour la justice.
Cet accord historique entre les gouvernements britannique et mauricien est l’aboutissement d’un long combat. Des luttes ont été menées pour reconnaître l’existence des Chagossiens et leur droit de retour dans leurs îles. Nous saluons les efforts que l’État mauricien a mis en œuvre depuis des années pour arriver à un tel dénouement. Aujourd’hui, la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur l’archipel est un bond en avant et redonne à nos sœurs et frères chagossiens leur dignité.
Les Chagos, c’est une cause qui a toujours uni tous les Mauriciens en dépit de leurs différences. Réjouissons-nous de cette avancée qui nous rassemble. Que le Seigneur bénisse le peuple chagossien ! »

Réactions – L’Union africaine salue un accord « historique »

L’Union africaine a salué jeudi « l’accord politique historique » par lequel le Royaume-Uni a reconnu la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos.
« Cette étape importante marque une victoire majeure pour la cause de la décolonisation, du droit international et de l’autodétermination du peuple de Maurice, mettant fin à des décennies de conflit », a déclaré sur X le président de l’UA Moussa Faki Mahamat.

VASANT BUNWAREE (RPLM) : « Maurice a accepté la moindre mauvaise solution »

Vasant Bunwaree, du Rasanbleman Pou Lavansma Moris (RPLM), estime que « Maurice a accepté la moindre mauvaise solution sur les Chagos ». Il est d’avis que le gouvernement a dû faire des consensus, notamment sur la base militaire de Diego Garcia. « Nou, Morisien, bizin kapav ena ledrwa pou al lor nou teritwar librema », dit-il. Il animait un point de presse à Port-Louis hier pour évoquer la situation dans le pays et le prochain scrutin général.
« La situation de l’ordre et la paix se dégrade dans le pays, comme en témoigne le crime survenu à Vallée-Pitot », avance-t-il. Il propose ainsi une intensification du Neighbourhood Watch dans les quartiers et un travail de collaboration entre les citoyens et la police.

Il a aussi évoqué le sujet de l’éducation et propose un retour au système de trois Credits pour accéder au Higher School Certificate. « Si un candidat a au moins ses Aggregates et que Cambridge a confirmé qu’il a réussi à ses examens, alors il peut monter en HSC avec trois Credits, à condition que les trois sujets A’Level correspondent avec les trois Credits », dit-il. Et d’indiquer que les Entry Requirements dans les universités ne sont que deux A’Levels.
Par ailleurs, le RPLM propose que la pension soit réalignée au salaire minimal. Vasant Bunwaree annonce que si son parti remporte les prochaines élections, il viendra avec un système d’un deuxième taux de TVA, qui sera appliqué sur des commodités utilisées par la classe moyenne et les pauvres.
De son côté, Jack Bismohun, estime que le gouvernement et l’opposition parlementaire font de la surenchère sur des mesures populistes. Il estime que les priorités auraient dû être le contrôle de l’inflation, la réduction de la dette publique et de travailler sur le Law and Order, entre autres. «  Notre priorité sera d’améliorer la vie du peuple  ».

Comments along the Thames

Jeremy Corbyn, Former Labour Leader:« A Milestone for Decolonisation»
« I pay tribute to Olivier Bancoult and Chagossian communities who have been disgracefully treated for so long. Following decades of campaigning, this long overdue settlement at last includes the right to return. A milestone for decolonisation. »

Kemi Badenoch (Conservative): « A Security Risk »
« Two days after Israel is attacked directly by Iran, Labour have put our vital base in the Indian ocean at risk.
« Anyone who has been paying attention to the geopolitical climate will understand the strategic necessity of these islands. Labour has either not been paying attention or don’t care.
« Either way, this decision weakens UK influence across the world. »

Peter Lamb (Labour):« Very disappointing»
« This is very disappointing. The decision over the future of the islands belongs the Chagossian people, it’s not for the UK to bargain away. 60 years on from their exile, they’ve been let down again. »

Suella Braverman, Former Home Secretary:« Shameful Decision »
« This is a shameful decision.
« Starmer’s reckless capitulation over the Chagos Islands severely undermines UK national security.
« We all knew Lammy was weak but now it’s official: he’s China’s useful idiot too.
« A dark day for our country’s sovereignty. »

Nigel Farage, Reform UK Leader:« Strategic Disaster»
« Giving up the Chagos Islands is a strategic disaster. Our American allies will be furious and Beijing delighted. Labour are making the world a more dangerous place. »

Jonathan Powell, Special Envoy :« The same Civil Servants all the Way through »
What we did in 60s, what Britain did, was wrong. We treated them shamefully. And that’s why previous governments have given them British nationality, British citizenship, and so on.
« So we setting up a fund that will be administered with the Mauritian government, because this is now Mauritian territory, so we can’t say who goes back.
« Going back to the islands … it’s going to be difficult. They’re very remote and very hard to live on, and the life there before was very difficult.
« But yes, we are committing ourselves to helping on visits, and we’re committing to a fund to help on resettlement, if that’s possible.
« I do think these comments from the Tory leadership candidates are a bit silly. James Cleverly was leading these negotiations not that many months ago with the Mauritian government [when he was foreign secretary].
« The reason the British government started negotiating with the Mauritians was because of the law cases. We lost a law case at the ICJ [International Court of Justice], and then we lost another on in the Law of the Sea tribunal. Legal advice was clear that we were not going to be able to sustain that position. So that previous government started a negotiation.
« What this government has done has been able to conclude it, because that government managed to lose the trust of the Mauritian government during the process.
« So for the people who were involved in that negotiation to start criticising the outcome of something they couldn’t achieve is absolutely ludicrous.
« The negotiators who’ve been working on this are the same civil servants all the way through. It’s because they are criticising it because they want to try and score points in their desperate attempt to win the leadership. »

Tom Tugendhat, Former Security Minister :« Legalism replacing Leadership »
« This is another area where, I’m afraid, we’re seeing legalism replacing leadership. And we saw this legalism in the Foreign Office in November 2022 [when Cleverly was foreign secretary] when the Foreign Office was pushing for this and nobody stopped it until finally we got leadership under Lord Cameron [Cleverly’s successor as foreign secretary]. »

(Source: Extracts from The Guardian)

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