Le secteur des jeux d’argent, source de revenus considérables, semble gangrené par des pratiques inégales et des décisions controversées, où certains acteurs, notamment les entreprises de Jean Michel Lee Shim, se démarquent par des privilèges indéniables. Alors que la majorité des opérateurs sont soumis à des conditions strictes et des redevances élevées, les sociétés de JMLS bénéficieraient de tarifs nettement inférieurs, d’un monopole sur les « Limited Payout Machines » et de l’exclusivité du « fixed odd betting by remote telecommunication » via SMSPariaz, au détriment d’une concurrence laissée sans réelle chance. Comment expliquer ces traitements de faveur, qui faussent les règles du marché ? Les interrogations se multiplient : pourquoi la Gambling Regulatory Authority, censée garantir une régulation équitable, semble-t-elle adopter des décisions systématiquement avantageuses pour JMLS ? Quelles justifications sous-tendent ces écarts flagrants ? Ces anomalies rappellent les controverses autour de People’s Turf PLC, déjà au cœur des débats sur la transparence dans le secteur des courses hippiques. De surcroît, les liens étroits entre Jean Michel Lee Shim et Dev Beekharry, figure clé de la Gambling Regulatory Authority, renforcent les soupçons d’influence indue et de collusion. Ce tandem aurait permis à JMLS d’asseoir une domination écrasante sur ce secteur stratégique, avec un soutien gouvernemental qui interpelle. Une enquête indépendante s’impose pour faire toute la lumière sur ces irrégularités, récupérer les sommes perdues et restaurer l’équité dans une industrie où les millions brassés ne devraient pas servir des intérêts privés au détriment du bien public.
Les informations dont nous disposons mettent en lumière des faits à la fois accablants et irréfutables. Il devient difficile de ne pas penser que Jean Michel Lee Shim a bénéficié de faveurs, notamment de la part de la Gambling Regulatory Authority (GRA). La disparité flagrante entre les conditions imposées aux ‘Gaming Machines’ (Coin Operated Machines – COM) et aux ‘Limited Pay-Out Machines’ (LPM), exclusivement gérées par le magnat des jeux, en est une preuve troublante. Bien que le payout des COM — théoriquement plus élevées, mais il paraît que les LPM peuvent être aussi très généreuses derrière les volets clos — peuvent attirer plus de clients, il n’en demeurent pas moins vrai que la différence des tarifs de licence est loin d’être proportionnelle aux risques !
Par ailleurs, l’exclusivité accordée à Jean Michel Lee Shim pour l’exploitation des LPM interpelle. Comment justifier une telle disparité dans les traitements ? Dans le domaine des paris hippiques, la même question se pose avec l’exclusivité accordée à SMSPariaz pour les ‘fixed odd betting by remote telecommunication’ au détriment des autres opérateurs. Quelles stratégies ou arguments JMLS utilise-t-il pour convaincre la GRA ? Une telle synergie entre les deux parties laisse supposer une connivence profonde.
Monopole des Limited Pay-Out Machines
Deux types de casinos coexistent à Maurice :
1 Ceux opérant les ‘Coin Operated Machines’ (COM), disponibles chez plusieurs opérateurs locaux à savoir Senator (Vacoas, Mahebourg, Chemin Grenier, Flacq et Grand Baie), Palla Games (Rose Hill et Goodlands), Amicale (Port-Louis), Flamingo (Rose Hill), Jumbo (Rose Hill), Royal Games (Vacoas), Mocha (Curepipe), Ti Vegas (Grand Baie) alors que la State Investment Corporation gère les Casinos de Pailles, Curepipe et Grand Baie.
2. Ceux gérant les ‘Limited Pay-Out Machines’(LPM), entièrement sous le contrôle exclusif de Jean Michel Lee Shim, via huit entités : Sunrise Leisure Limited, Sunlight Leisure Limited, Lisboa Company Limited, Kathar Hypodrome, Gamma Delta Entertainment, Alpha Beta Leisure, Monte Games et Rising Sun Entertainment Limited.
Bien que techniquement différentes, ces catégories de machines sont similaires dans leur fonctionnement. Cependant, les contrôles des autorités sont quasi inexistants, permettant ainsi à certains acteurs de contourner les régulations, comme c’est souvent le cas pour les paris à crédit dans les courses hippiques.
Un traitement financier largement en faveur de JMLS
La différence dans les obligations financières entre les COM et les LPM est stupéfiante :
lLes exploitants de COM doivent s’acquitter de :
— Rs 3,5 millions pour une licence annuelle,
— Rs 125 000 par machine,
— 35% de leur chiffre d’affaires en redevances à la MRA,
— 2,5% de prélèvements additionnels.
lLes exploitants de LPM, comme Jean Michel Lee Shim, paient bien moins :
— Rs 15 000 pour une licence annuelle,
— Rs 10 000 par machine,
— Seulement 14% de leur chiffre d’affaires.
En cas de chiffre d’affaires inférieur à Rs 1 million, une redevance fixe de Rs 1 million est appliquée. Cette différence de traitement constitue un manque à gagner colossal pour l’État.
Des connexions intrigantes
La GRA impose une ‘Personal Management Licence’ (PML) aux directeurs et employés de certains casinos. Cette licence coûte Rs 15 000, soit l’équivalent du coût d’une licence annuelle pour exploiter des LPM. Cette réglementation a été utilisée pour écarter certains acteurs jugés indésirables, comme ce fut le cas d’un ancien directeur de casino qui a perdu son établissement après le retrait arbitraire de sa PML. Un cas sur lequel nous reviendrons bientôt…
De plus, les liens entre certains collaborateurs de JMLS et des responsables de la Mauritius Revenue Authority (MRA) suscitent des interrogations. Un employé en charge de l’audit et de la conformité à la MRA a signé des lettres d’évaluation visant des concurrents de JMLS. Curieusement, également associé à JMLS via Sunrise Leisure et Rising Sun Entertainment, il aurait des liens de sang avec l’employé de la MRA. Ces connexions, si avérées, ouvriraient une véritable boîte de Pandore.
Le traitement préférentiel dont semble bénéficier Jean Michel Lee Shim au détriment d’autres opérateurs pose de graves questions sur l’équité et la transparence dans le secteur des jeux à Maurice. Ces pratiques ont causé d’importantes pertes financières à l’État. À l’heure où le gouvernement fait face à des défis économiques majeurs, il est impératif de procéder à un audit approfondi des activités de JMLS et de ses entreprises.
Il est temps que justice soit faite, tant pour l’État que pour les acteurs lésés par un système qui semble taillé sur mesure pour un seul homme. ‘Se ki bizin paye, bizin paye’ comme le réclame la population, reste une promesse à honorer pour rétablir la confiance.