Avec le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, devant incessamment confirmer la date officielle de la présentation du budget 2024-25, le résumé des conclusions des Article IV Consultations du Fonds monétaire international (FMI), rendu public en fin de semaine dernière, donne un avant-goût des challenges sur le plan économique et budgétaire. Également, les fonctionnaires, par le truchement de la Fédération des Syndicats du Service Civil (FSSC), sont montés au créneau pour faire part de leur impatience devant l’absence de toute décision relative au rétablissement de la relativité des salaires avec l’introduction du Minimum Monthly Salary depuis le début de cette année.
Évidemment, l’Hôtel du Gouvernement tire un satisfecit face à la conclusion du FMI à l’effet que « the economy has rebounded strongly from the pandemic on the back of buoyant tourism, social housing construction, and financial services. Supportive policies also facilitated the strong recovery, including fiscal measures. » Le tourisme a été le fer de lance de cette reprise, bénéficiant d’un apport du secteur des services financiers et de la construction, avec un taux de croissance de 8,9% en 2022, 7% en 2023, 4,9% en 2024 et 3,5% sur le moyen terme.
Mais très vite, la mission du FMI, qui avait fait le déplacement à Maurice en janvier dernier, attire l’attention sur le fait que « securing a sustainable and resilient economy presents challenges : fiscal and external buffers were eroded during the pandemic, and vulnerabilities to climate change and an ageing population loom over longer-term economic prospects. »
Le board du FMI, qui a pris note des analyses de la mission de janvier, préconise que « a gradual and growth‑friendly fiscal consolidation over the medium term is needed to rebuild fiscal buffers and further reduce public debt ». Le package envisagé comprend la nécessité de mobiliser les recettes fiscales, de contenir les dépenses publiques, tout en préservant les acquis de l’État-Providence.
Toutefois, à peine quelques phrases plus loin, le communiqué du FMI note que « directors called for reforming the pension system and for strengthening public financial management, including by streamlining extra‑budgetary special funds. »
L’indépendance de la Banque de Maurice fait également partie des préoccupations du FMI dans la conjoncture. La mise sur pied de la Mauritius Investment Corporation, avec une cagnotte de Rs 82 milliards, sous forme de devises étrangères, puisée des réserves de la Banque centrale, inquiète toujours. Contrairement aux précédentes éditions des Article IV Consultations, le board des directeurs semble avoir mis de l’eau dans son vin en évoquant la possibilité d’ « exploring options to gradually phase out the central bank’s ownership of the Mauritius Investment Corporation ». Par contre, en 2022, le FMI avait été à un doigt d’imposer la Banque de Développement pour le rachat de la MIC de la Banque de Maurice.
Par ailleurs, en cette période prébudgétaire, le signal le plus délicat transmis de front à l’Hôtel du Gouvernement émane des dirigeants de la FSSC, qui ont animé un point de presse pour faire état de leur impatience au sujet de la relativité des salaires avec le principe de Minimum Monthy Wage. « Depuis mars, ce rajustement des salaires aurait dû être rendu public, alors que depuis janvier, il y a un nouveau taux de salaire minimum en vigueur », a déclaré dans ambages Vinesh Sewsurn, président de la Fédération des Syndicats du Service Civil (FSSC).
Ce commentaire lourd de sens interpelle plus d’un au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, d’autant qu’il fait suite à la prise de position du syndicaliste Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des Syndicats des Secteurs Privé et Public à ce même chapitre des salaires.
Mais le silence du ministre Travail, Soodesh Callichurn, qui avait annoncé au début de décembre dernier ce rajustement des salaires, est sujet à interprétation…