– Une consommation élevée ne fera que nourrir l’inflation
Le paiement du 14e mois promis par le nouveau gouvernement devrait coûter à l’État quelque Rs 2,5 milliards pour les employés du secteur public. Et, selon les estimations d’Axys, le paiement du 14e mois devrait coûter au secteur privé environ Rs 15,7 milliards. Le 13e mois ainsi que ces Rs 20 milliards additionnels de 14e mois, mis entre les mains des Mauriciens en cette période festive, seront-ils utilisés à bon escient ? Ou ces derniers se mettront-ils à dépenser cet argent massivement ? D’autant que pendant les dix dernières années, la stratégie du précédent gouvernement était de favoriser une économie basée sur la consommation.
L’économiste Bhavish Jugurnath estime que, face à cette augmentation de la masse monétaire, entraînant un excès de liquidités sur le marché, la Banque centrale devra adopter une politique monétaire « restrictive » en augmentant les taux d’intérêt. Le taux directeur, actuellement à 4%, devrait, selon les tendances internationales, augmenter en 2025 pour atteindre environ 5,5%. « Cette politique, à mon avis, aidera à absorber l’excès de liquidités, à encourager l’épargne et à attirer les investisseurs étrangers vers la roupie. La valeur de la roupie sera renforcée et sa dépréciation sera ralentie d’une certaine manière », explique-t-il.
Cependant, cette mesure politique affectera directement les emprunteurs, en particulier ceux qui ont contracté des prêts immobiliers et des prêts à long terme. « À cet égard, je conseille fortement d’utiliser à bon escient les bonus de 13e et de 14e mois, bien que la manière de dépenser son bonus de fin d’année dépende entièrement de sa situation financière personnelle et des objectifs de chacun. »
Malgré tout, en tant qu’économiste, il recommande la prudence aux Mauriciens dans la gestion de leur budget, à commencer par le remboursement des dettes à taux d’intérêt élevé. « Si vous avez des dettes de carte de crédit ou des prêts à intérêt élevé, cela devrait être votre priorité absolue. Les intérêts économisés l’emportent largement sur la plupart des rendements des investissements », dit-il. Deuxièmement, Bhavish Jugurnath conseille fortement à chaque travailleur/salarié de constituer un fonds d’urgence (emergency fund) : « Visez à conserver l’équivalent de trois à six mois de dépenses courantes dans un compte d’épargne facilement accessible. Cela vous protègera contre les imprévus financiers. »
Après avoir adressé ces éléments « prioritaires », vous pouvez effectuer certains achats « importants », poursuit notre interlocuteur. « Si vous avez suffisamment épargné pour votre “emergency fund” et que vous avez peu de dettes à intérêt élevé, vous pouvez utiliser une partie de votre bonus pour un achat important, par exemple un acompte sur une maison, une nouvelle voiture ou des améliorations dans votre maison. Mais seulement si vous avez budgétisé les dépenses continues associées à cet achat. »
Ensuite, vous pouvez utiliser une partie de votre bonus pour le remboursement d’autres dettes, celles à taux d’intérêt plus bas, à l’instar de prêts étudiants ou prêts personnels. S’il vous reste un peu d’argent, vous pouvez mettre de l’argent de côté pour d’autres types de projets, comme des vacances et autres projets spécifiques que vous souhaitez réaliser.
De manière générale, avant de prendre toute décision financière importante, l’économiste conseille d’établir un budget, d’évaluer sa situation financière actuelle et de suivre ses dépenses et son épargne. Il est également judicieux de définir des objectifs financiers à court et long termes. Cela aidera à prioriser la façon d’allouer votre boni de fin d’année.
La meilleure façon de dépenser votre boni de fin d’année reste celle qui s’aligne le mieux avec vos priorités et vos objectifs financiers personnels. « Il est toujours sage de prioriser la réduction de la dette et votre “emergency fund” avant de faire d’autres achats ou investissements importants. Je vous conseille de consacrer 60% de votre boni au remboursement du capital de votre prêt, d’économiser 20% et de dépenser les 20% restants. En bref, évitez les dépenses excessives, car une consommation élevée ne fera que nourrir l’inflation. » De plus, en remboursant une partie du capital emprunté, les individus pourront mieux contrôler leurs paiements mensuels d’intérêts.