Blanchiment à grande échelle — Opération Maradiva Lakaz Mama — FCC : Audit Trail et Freezing Orders à la porte d’Angus Road

FCC OB 133/25 : Ces options visant le clan de l’entourage de l’ex-PM, Pravind Jugnauth, High on the Agenda des enquêteurs depuis le début de la semaine

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Soupçons : Les Rs 133 millions de la Valiz Saga ne constitueront qu’une partie du War Chest politico-financier du MSM

Les communications entre l’homme de confiance de Maradiva, Josian Laval Deelawon, et la porteuse des valises, Devianee Ramchurn, ébranlent la version de Pravind Jugnauth

L’opération Maradiva Lakaz Mama, avec une première saisie de trois valises et d’un sac, contenant Rs 113 827 621 en roupies et devises étrangères, devrait déboucher sur un vaste exercice de Forensic Audit Trail du patrimoine de l’ancien Premier ministre et leader du Mouvement Socialiste Militant (MSM), Pravind Jugnauth. Cette option se retrouve être High on the Agenda des limiers de la Financial Crimes Commission, engagés dans l’enquête suite à la FCC OB 133/25 consignée 15 février après le Referral de la Major Crime Investigation Team (MCIT). Techniquement, en ce début d’investigation pour le délit de Money Laundering sous les sections 36 (1)(b) 4 et 38 (3) de la Financial Crimes Commission Act, des demandes de Judge’s Orders en vue de geler les comptes bancaires des protagonistes s’imposent compte tenu que la Bail and Remand Court s’est déjà prononcée sur la remise en liberté sous caution de Pravind Jugnauth depuis dimanche soir.
La Financial Crimes Commission se penche officiellement sur l’urgence d’initier un Audit Trail contre tous les protagonistes arrêtés dans la saga de blanchiment d’argent. Ce qui pourrait déboucher sur un autre volet de l’investigation qui frapperait Pravind Jugnauth et son entourage, de même que le Mouvement Socialiste militant (MSM). Des recoupements d’informations effectués par Le-Mauricien des sources concordantes indiquent que des hauts cadres de la Legal Division au Réduit Triangle se concertent sur les implications et procédures légales d’une telle démarche, susceptible de déboucher des Freezing Orders de certains comptes bancaires.
À ce stade, tous les protagonistes, sous le contrôle judiciaire de la Financial Crimes Commission, répondent « pa mo kas sa » et la FCC est dans l’obligation d’établir la source de tout cet argent pour constituer un dossier à charge à toute épreuve face à des tentatives de Devir Lanket. Des premiers échanges entre cette institution, l’Apex Body dans la lutte contre la corruption et le blanchiment et le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) ont déjà été engagés pour dégager un plan de travail dans la stricte légalité des dispositions de la loi.
Du reste, la démarche de Me Damodarsingh Bissessur, représentant du ministère public, n’est pas anodine après le Ruling prononcé par la Bail & Remand Court, tard dimanche soir, accordant la liberté conditionnelle à Pravind Jugnauth. Les renseignements indiquent que les officiers à la Garden Tower ont pris une heure pour examiner le Ruling du magistrat Rishan Chineah et ses implications sur l’enquête en cours. Ce qui démontre une réelle attention aux détails pour que cette investigation puisse aller jusqu’au bout de l’opération Maradiva Lakaz Mama.

De son côté, la Financial Crimes Commission soupçonne fortement que les coupures bancaires locales et étrangères de l’ordre de Rs 113 millions saisies ne pourraient être qu’une partie du War Chest politico-financier du MSM. Un premier transfert de ces fonds dans les valises avait été effectué quelques jours à peine après la cinglante défaite de 60-0 de l’Alliance Lepep. Mais les enquêteurs comptent verser dans le dossier à charge des Unrebutted Pieces of Evidence à partir de l’Audit Trail et d’éventuels Freezing Orders.
Par ailleurs, Josian Laval Deelawon, le Prime Suspect de l’étape Demenaz Valiz considéré comme étant Zanfan Lakaz au Maradiva, Base of Operation du clan Jugnauth/Ramdenee, est l’homme clé de toute l’investigation. « Mo konn Pravind Jugnauth depi 10-zan », a-t-il fait comprendre aux enquêteurs, alors que le leader du MSM a concédé le fait, avec pour paravent les Social Gatherings en tant que Premier ministre et lui avoir parlé au téléphone en quelques occasions, sans plus. La FCC estime que cet homme d’affaires pourrait détenir d’autres « secrets » de Lakwizinn du MSM.

Josian Laval Deelawon maintient que Pravind Jugnauth l’avait invité à un dîner au Maradiva le 21 novembre 2024, lui proposant de prendre sous sa charge des valises et de les placer dans un lieu sécurisé. D’où la descente des officiers de la FCC à Wolmar, Flic-en-Flac, dans la soirée du 15 février pour tenter d’obtenir des images des caméras de surveillance au Maradiva et ainsi confirmer la présence de l’ex-Premier ministre Jugnauth et Josian Deelawon lors du fameux dîner.

Les limiers de la FCC étaient repartis, dimanche, pour Maradiva en vue de collecter d’autres détails cruciaux dans cette sinistre affaire. Ces perquisitions à Maradiva devront servir de base pour la prochaine et imminente convocation du beau-frère du Premier ministre, Sanjiv Kailash Ramdenee, un maillon fort du système Maradiva Lakaz Mama.
L’homme d’affaires du Nord, qui se présente comme un homme de confiance du tandem Jugnuath/Ramdenee, ajoute que trois jours plus tard, Devianee Nuckchady Ramchurn, ancienne adjoint mairesse de Vacoas/Phoenix et proche du leadership du MSM, lui a remis une première valise. Cette dernière a nié connaître Josian Laval Deelawon, mais des appels téléphoniques échangés entre eux pourraient mettre à mal la version de cette protagoniste au-dessus de tout soupçon.

Dans la journée d’hier, une escouade de la Financial Crimes Commission a effectué une descente des lieux dans un salon de beauté, appartenant à la fille de Devianee Ramchurn dans le cadre de cette même enquête.

De son côté, Chandradeo (Nitish) Oomah a confirmé aux enquêteurs que son patron, Josian Laval Deelawon, lui avait remis une valise durant la première ou deuxième semaine de janvier. « Mo pann ouver valiz la. Mo pa kone ki ena ladan », a-t-il fait comprendre à la FCC. Il a affirmé ne pas connaître personnellement Pravind Jugnauth et Devianee Ramchurn.

D’autres protagonistes seront prochainement interrogés dans cette enquête. Entre-temps, Kobita Jugnauth avait été confrontée à un Passenger Locator Form et à un UK Visa and Immigration Form retrouvés dans la valise saisie chez Chandradeo Oomah. Elle affirme ne rien savoir dans cette affaire même si les montres Cartier, dont la valeur se rapproche à un demi-million de roupies l’unité, pourraient ouvrir une nouvelle piste au préjudice d’une autre High Profile Suspect.

À une autre étape, Kobita Jugnauth, celle qui est présentée comme ayant joué un rôle prépondérant au cours du dernier Prime Ministership de son époux, pour ne pas dire le Bate Kondire de L’Alliance Lepep le 10 novembre 2024, pourrait être appelée à une étape subséquente pour des compléments d’informations sur les documents personnels retrouvés dans l’une des trois valises.
Affaire à rebondissements à suivre…

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TRIBUNAL DE PAMPLEMOUSSES — Hier : Les quatre suspects inculpés pour blanchiment d’argent

L’ancien Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth, (63 ans) a été inculpé pour le délit de blanchiment d’argent devant le tribunal de Pamplemousses, hier, tout comme Josian Laval Deelawon, Chandradeo Oomah et Devianee Ramchurn. Selon l’acte d’accusation provisoire, le leader du MSM aurait dissimulé illégalement une somme importante en espèces à travers un intermédiaire, Josian Laval Deelawon.

Selon la Charge Sheet, présentée devant la justice, Pravind Jugnauth est accusé d’avoir volontairement et illégalement caché des fonds d’origine criminelle (Tainted Monies). Les enquêteurs estiment que la somme, s’élevant à environ Rs 113,8 millions, provenait directement ou indirectement d’activités illicites. L’accusation repose sur les sections 36 (1) (b), (4) et 38 (3) de la Financial Crimes Commission Act de 2023. Les enquêteurs disposent de motifs raisonnables de croire que les fonds en question étaient issus d’un crime, ce qui justifie une inculpation.

Entre-temps, Pravind Jugnauth a réglé ses deux cautions de Rs 750 000 par Bank Cheques au tribunal de Pamplemousses hier. Il a soumis des documents concernant une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Il n’a fait aucune déclaration à sa sortie du tribunal. Il devra retourner devant la justice le 19 août prochain, soit le temps que l’enquête de la Financial Crimes Commission ne progresse.

De son côté, Devianee Ramchurn (63 ans), ancienne adjointe au maire de Vacoas/Phoenix, a été inculpée pour le même blanchiment d’argent par le tribunal de district de Pamplemousses. Selon les autorités, elle aurait illégalement transféré une somme d’environ Rs 113 827,621 au dénommé Josian Laval Dealawon. D’après l’acte d’accusation, cette somme en roupies et en devises étrangères serait issue, en totalité ou en partie, d’une activité criminelle.

La police a objecté à sa remise en liberté conditionnelle et elle est retournée en détention préventive. Initialement prévus pour début de semaine, les débats sur sa Bail Motion se dérouleront aujourd’hui.

Par ailleurs, Chandradeo Oomah est lui aussi maintenu en détention préventive après une inculpation provisoire pour blanchiment d’argent au tribunal de Pamplemousses. Il lui est reproché d’avoir accepté une valise contenant de l’argent de son patron Josian Laval Deelawon. Il reste en détention préventive jusqu’au 24 février.

De son côté, Josian Laval Deelawon (59 ans) fait l’objet d’une accusation provisoire de blanchiment d’argent, en violation des articles 36 (1) (b) et 38 (3) de la Financial Crimes Commission Act de 2023. Le détail de la charge provisoire se décline comme suit: le 15 février 2025, à Pointe-aux-Canonniers, Josian Laval Deelawon, directeur de My Holidays Ltd et habitant Bain-Bœuf, a été trouvé en possession de biens qui, en totalité ou en partie, représentaient directement ou indirectement des Proceeds of a Crime. La police a des raisons valables de soupçonner que ces biens provenaient, en totalité ou en partie, directement ou indirectement, d’une activité criminelle.

À la date et au lieu susmentionnés, Josian Laval Deelawon était en possession d’une somme d’argent en espèces, composée de devises mauriciennes et étrangères, d’une valeur équivalente à Rs 108 754 500, soit des recettes de nature criminelle.
Lors de la comparution de Josian Laval Deelawon au tribunal de Pamplemousses hier, le Police Prosecutor a objecté à sa remise en liberté conditionnelle. Des débats sur la Bail Motion auront lieu le 21.

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BRC — Le magistrat Chineah, dimanche soir : « The Court is satisfied: sufficient reliable incriminating Evidence »

De la quarantaine de paragraphes du Ruling de la Bail and Remand Court – Week-End Court, balayant d’un revers de la main les arguments en faveur du maintien en détention provisoire de l’ancien Premier ministre et leader du Mouvement Socialiste Militant (MSM), Pravind Jugnauth, la teneur du paragraphe 25 est révélatrice à plus d’un titre en ce qui concerne les dessous de l’opération Maradiva Lakaz Mama avec une première série de valises recelant Rs 113 827 621 en roupies et devises étrangères.

À cette étape du Ruling, après analyses des éléments d’enquête de la Financial Crimes Commission et des commentaires de l’ancien Premier ministre contestant catégoriquement les faits avancés, le magistrat Rishan Chineah, siégeant à la Bail & Remand Court (BRC), avance: « I have taken into account that the applicant (Pravind Jugnauth) has denied the version of the accomplice (Josian Laval Deelawon) under solemn affirmation. I have also taken into account that there is however nothing else on record to show that the evidence of the accomplice is fraught with difficulties or appears to be unreliable nor spiteful. Therefore, taking into account the statement of the co-accused and the evidence, this Court is satisfied that there is sufficient reliable incriminating evidence on record to level the present provisional charge against applicant (Pravind Jugnauth) and that the nature of evidence is strong. »

Lors des plaidoiries, le Parquet, représenté par Me Damodar Bissessur, avait soutenu qu’il y avait à ce stade des preuves solides contre Pravind Jugnauth, dont le fait qu’il a été incriminé par le dénommé Deelawon. En outre, des documents saisis chez le comptable Chandradeo Oomah sont au nom du même Pravind Jugnauth, ce qui corrobore les allégations de Deelawon.

Toutefois pour ce qui est de la remise en liberté sous caution du leader du MSM, la Cour n’a pas épousé la thèse du Parquet au sujet du risque que l’ancien Premier ministre puisse interférer avec des témoins potentiels dans cette affaire ou avec des preuves est trop important. Il avait ajouté que les enquêteurs de la Financial Crimes Commission n’avaient besoin que d’une semaine pour interroger des témoins potentiels dans cette affaire, dont les identités leur sont déjà connues.

En outre, Pravind Jugnauth ayant occupé le poste de Premier ministre, et vu qu’il était le leader actuel du Mouvement Socialiste Militant (MSM), disposait d’un réseau de personnes et qu’il pouvait agir par l’entremise de ces personnes pour Tamper with witnesses or with evidence.

L’argument de Me Raouf Gulbul, dans sa Bail Motion pour réclamer la liberté conditionnelle pour son client, Pravind Jugnauth, était que le dénommé Josian Laval Deelawon, qui avait impliqué l’ex-PM, est un complice présumé et en tant que tel, ses allégations proférées contre le leader du MSM doivent être prises avec des pincettes.

Pour sa part, le magistrat est d’avis que le représentant de la Financial Crimes Commission n’a pas été en mesure de démontrer que le suspect s’ingérait actuellement avec toute personne ayant un lien avec cette affaire. L’enquêteur principal de la FCC avait même admis en Cour que « there is no evidence that the Applicant had interfered with witnesses and if released at this stage, we don’t know whether he will interfere with witnesses. »
Le magistrat a ainsi estimé que l’enquêteur principal de la FCC « has not been able to enlighten the Court as to what form such an interference would take ». Pour le magistrat, I am therefore of the opinion that the ground of risk of tampering with evidence has not been substantiated as well and is not plausible ». Il a ainsi retenu que ce ground of objection n’a été « substantiated » par la poursuite. Il a accordé la liberté conditionnelle à Pravind Jugnauth.

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