Bambous-Virieux – 26 décembre 2021 : Le DPP tranche en faveur des 34 manifestants de l’eau

La police sommée d’abandonner les procédures au pénal, alors que les auditions étaient prévues en cour le 2 juin

La police et, par extension, le pouvoir politique ont essuyé un sérieux revers dans la nouvelle tactique intimidante d’interpellations et de poursuites au pénal instruites contre des participants à de simples manifestations sur la voie publique. Et cela, pour des revendications somme toute des plus légitimes. C’est le cas des habitants de Bambous-Virieux qui avaient décidé le dimanche 26 décembre dernier d’alerter l’opinion publique sur leur situation de pénurie d’eau potable depuis au moins deux mois et face à l’absence de réaction de la part des autorités concernées.

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En dépit du fait que c’était le lendemain de Noël, ils avaient cru nécessaire de laisser parler leur colère, car ils étaient sous l’impression qu’un seuil de tolérance avait été franchi. Ainsi, ils sont descendus dans la rue pour manifester contre les robinets à sec et l’indifférence de leurs représentants à l’Assemblée nationale, dont ministre et Private Parliamentary Secretary (PPS).

La riposte des autorités était des plus simples, comme il a été le cas systématiquement : des arrestations en série des habitants étant descendus sur la voie publique. Au total, 34 habitants de Bambous-Virieux avaient été interpellés par la police et traduits devant le tribunal de Mahébourg pour être remis en liberté sous caution en attendant les procès formels.

Toutefois, dès la mi-janvier, Ashok Subron de Rezistans & Alternativ avait pris les devants en sollicitant l’intervention de l’Office of the Director of Public Prosecutions en faveur de ces manifestants pour l’eau potable. Dans une correspondance en date du 14 janvier dernier, il avait attiré l’attention du DPP du fait qu’il peut se prévaloir de ses pouvoirs discrétionnaires sous la section 72 (3) (c) de la Constitution pour faire la différence dans cette affaire. « The inhabitants of Bambous-Virieux protested peacefully because almost all the villagers did not have access to one of their basic needs and human rights, access of tap water from the Central Water Authority for nearly two months. While water was denied to te quasi-totality of the village, the CWA also denied a non-discriminatory access of water by way of water tank truck to all the villagers. This was what added insult to injury and prompted the action of the 26 th December of 2021 », avait soutenu l’animateur de Rezistans & Alternativ.

Justifiant sa démarche d’intervention auprès du DPP, Ashok Subron avait ajouté que « you will surely concur with us that water is the source of life. Denying same is tantamount to depriving citizens the protection to their right of life, as guaranteed under Section 4 of the Constitution. »

Ouf de soulagement

Il avait également rappelé les dispositions de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à l’effet que « whereas it is essential, if man is not to be compelled to have recourse, as a last resort, to rebellion against tyranny and oppression, that human righs should be protected by the rule of law. »

En conclusion à cette correspondance initiale, Rezistans & Alternativ avait plaidé pour « a discontinuation of the criminal proceedings instituted by the police against ordinary and poor villagers, who took only part in a legitimate action, to ensure their human rights ». Ashok Subron rajoutait que « any continuation of the criminal proceedings will ony exacerbate the deep suffering injustices and coercion of the people of Bambous-Virieux, who were only asking for water. »

En date du 24 mars dernier, l’Office du DPP avait informé Rezistans & Alternativ que la police avait déjà été approchée en vue de réclamer le dossier d’enquête sur la manifestation de l’eau de Bambous-Virieux du Boxing Day. Le 17 mai dernier, la décision d’ordonner à la police une No Further Action fut entérinée sans aucune contestation et communiquée par voie épistolaire à Rezistans & Alternativ.

Ce dénouement apporte un ouf de soulagement à ces 34 habitants de Bambous-Virieux en liberté sous caution avec des charges pénales retenus contre eux. D’autant que le procès formel pour le premier groupe devait être pris sur le fond le 2 juin devant le tribunal de Grand-Port.

Néanmoins, la question qui se pose est si devant cette approche basée sur le principe des Droits de l’Homme, la police peut encore avoir la faculté de se ressaisir par rapport à la série d’interpellations intempestives, notamment dans le Sud de l’île. Le dernier épisode en date est intervenu le samedi précédent avec l’arrestation de Tony Apollon et de trois autres habitants du Sud pour s’être retrouvés sur le Mahebourg Waterfront assis avec des jerricans vides suite à la flambée des prix du carburant à la pompe.

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