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Aux funérailles du PDG du Mauricien : « Jacques a été au service du mauricianisme »

– Jacques Rivet accueilli rue St-Georges, devant Le Mauricien, avec des applaudissements nourris en guise d’adieu !

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Deux événements ont marqué les funérailles de Jacques Raoul Rivet, âgé de 81 ans, qui se sont déroulées hier en début d’après-midi. D’abord, des applaudissements spontanés et nourris des employés du groupe Le Mauricien, réunis devant les locaux rue Saint-Georges, et brandissant des copies du Mauricien et de Week-End, les deux publications phares du groupe, pour lesquels le défunt s’est battu corps et âme pendant 64 ans pour faire rayonner la liberté d’expression. Puis cette phrase prononcée au tout début de la cérémonie en l’église de l’Immaculée Conception, à côté des locaux du Mauricien, plus que centenaire. « Jacques a été au service du mauricianisme », a fait comprendre le célébrant, mais dont les échos se résonneront pendant longtemps encore. Certes, le témoignage apporté par l’une de ses filles, Mélissa (voir pages 16 et 17), « is but just THE tribute » pour un homme, qui a consacré toute sa vie pour faire reconnaître des valeurs intrinsèques.

Avant de retrouver sa dernière demeure dans le caveau familial, où reposent déjà son père Raoul Rivet et sa mère Lydie, au cimetière de l’Ouest, le convoi mortuaire de Jacques Rivet, après avoir quitté l’église de l’Immaculée Conception, a fait une halte devant l’immeuble qui abrite les locaux du Mauricien.

Comme ce fut le cas pour son père, Raoul Rivet, en 1957. Si à l’époque les adieux étaient solennels et respectueux des conventions, cette fois le geste des employés, réunis devant les locaux du Mauricien, a été plus des plus enthousiastes et populaire. Les uns brandissant un exemplaire du journal Le Mauricien ou de Week-end, et les autres applaudissant longuement celui qui a été plus que leur directeur.  Cet ultime passage de Jacques Rivet rue St-Georges hier a donc été un moment d’intenses émotions en public pour les proches du défunt. L’inhumation privée n’en fut pas moins aussi déchirante …

Applaudi, journaux brandis

Au terme d’une cérémonie religieuse empreinte de tristesse et d’espoir savamment dosés, Jacqueline, l’épouse et les filles de Jacques Rivet ont ainsi escorté son cercueil – peint symboliquement aux couleurs bleutées du ciel qu’il a rejoint, selon les propos mêmes du père Laurent Rivet – jusqu’aux locaux de l’entreprise. Employés, proches et amis ont tenu à suivre ce cortège avec recueillement.

L’émotion est montée de plusieurs crans lorsque le cortège s’est arrêté devant ce bâtiment qu’il a construit et où il a géré, avec passion, les affaires de la compagnie. Les employés du groupe ont alors brandi des journaux de la maison et ont applaudi pour saluer sa contribution au développement de l’entreprise, mais aussi pour le patron qu’il a été, toujours sincère, pour ce personnage qui savait séduire sans en faire trop ou avoir à faire semblant.

Ceux qui l’ont côtoyé au quotidien peuvent témoigner du rythme fou de sa vie trépidante et de son leadership fédérateur qu’il affichait de façon marquante lors des grands évènements de l’actualité, ou lorsqu’il lançait un nouveau projet. Cet hommage des employés a ravi les membres de sa famille, qui se sont sentis soutenus dans cette dure épreuve par cette reconnaissance implicite, mais aussi explicite.

Liberté à défendre…

Ses nombreux amis et proches ont aussi été surpris par ce baroud d’honneur assez inhabituel dans le monde du travail d’aujourd’hui. C’était sans doute la meilleure façon de saluer la mémoire de cet homme des médias ayant marqué son temps et contribué à cette presse qui a forgé l’île Maurice de l’après-indépendance, fière d’une chose, cette liberté à défendre et à préserver jalousement.

Ses traits de caractère plus intimes ont été soulignés dans le témoignage poignant de sa fille Mélissa, au cours d’une émouvante cérémonie dite par le père Laurent Rivet, un parent de la famille. Une cérémonie qui s’annonçait en toute intimité avec les membres de la famille Rivet et quelques proches à cause des restrictions dues à la pandémie de Covid-19, mais qui s’est finalement muée en une communion plus élargie avec la grande famille du Mauricien et des amis de Jacques Rivet, qui avaient pris d’assaut les bancs de l’église Immaculée Conception – qui n’avait pas vécu une telle animation depuis deux ans.

Aucun « ami ou employé » de Jacques Rivet ne voulait rater cette cérémonie depuis l’annonce du décès du directeur général, dimanche soir. L’émotion était palpable et avait décuplé l’envie ou l’obligation d’être là, et d’assister aux funérailles.

Et l’arrivée de ce cercueil bleu à l’église était accompagnée d’une mélodie triste, voire bouleversante, ponctuée par un doux écho dans la nef grâce à la voix extrêmement touchante de la chanteuse de l’entreprise funéraire Elie & Sons, Stéphanie Cerdor. Sa voix puissante et maîtrisée a accompagné solennellement le mouvement du cercueil du directeur général du Mauricien de l’entrée jusqu’à l’autel. Ce passage, le long des bancs bien garnis pour cette période, a décuplé la tristesse ressentie par cette lourde perte tout au long de la cérémonie. Des bancs où avaient pris place ses proches collaborateurs, ses collègues, d’anciens employés, journalistes, chauffeurs, ouvriers, pressiers, membres de l’administration, de la publicité, etc., qui ont été aux côtés de Jacques Rivet pendant plusieurs décennies. Ils ont été nombreux à faire le déplacement pour soutenir la famille, et encore rendre hommage à l’humanisme qu’incarnait le directeur général du Mauricien.

Il a servi l’humanité

C’est ce qu’a aussi souligné le prêtre dans son message, dans lequel il a retracé le parcours de Jacques Rivet, « qui a dû, très tôt, retrousser ses manches, mettre son tablier pour reprendre le flambeau de son père, Raoul, et tenir la barre d’une entreprise pendant six décennies avec ses difficultés et son lot de challenges ». Le prêtre, convaincant, a ajouté : « A travers son travail de journaliste et de directeur d’une entreprise de presse, Jacques Rivet a servi l’humanité. Jacques a été au service du mauricianisme, son pays et, par-là même, son Dieu. »

Cette cérémonie religieuse, qui a duré une petite demi-heure, a été vécue avec le même recueillement à l’étranger par des proches et amis, qui ont pu suivre la retransmission électronique online via Facebook ou YouTube, comme en témoigne Rachel. « Même dans l’Eurotunnel, sous la Manche, incroyable ! »

Jacques Rivet a quitté la rue Saint-Georges une toute dernière fois peu après 14h hier, en ce mardi 12 avril 2022, mémorable pour la famille et les employés du Mauricien, surtout après cet arrêt devant les locaux du Mauricien.

En effet, l’épouse et ses filles de Jacques Rivet, émues aux larmes, se sont arrêtées devant le bureau du Mauricien pour remercier les employés qui s’étaient massés pour un dernier adieu à cet homme, dont le souvenir habitera encore longtemps ces lieux, qui ont vu défiler des générations d’employés. Jacques Rivet a largement mérité l’émouvant adieu et cette reconnaissance de son humanisme, auréolé d’une force de caractère, d’une bienveillance alliée à sa gentillesse, sa bonne humeur et sa générosité.

Levant le regard, profondément triste vers ce bâtiment, comme pour laisser comprendre le grand vide ressenti avec le départ de Jacques Rivet, la famille a solennellement remercié le personnel du Mauricien pour son soutien et ses bonnes pensées adressées à Jacques Rivet.

On ne le verra plus surgir dans les couloirs, plein d’énergie dans ses tenues colorées, bien à lui, avec son génie et sa vision d’un journalisme de qualité pour le « prote », dont disait-il souvent, « il était le meilleur du bureau ». Si physiquement, Jacques Rivet ne hantera plus les couloirs et les bureaux du Mauricien, son âme et son inspiration demeureront encore longtemps présentes de même que son empreinte indélébile à l’ADN de la liberté…. Merci Jacques Rivet!

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