Leur position reste inchangée. Une réunion de mobilisation s’est tenue, hier, dans les locaux de la Mauritius Tamil Temples Federation (MTTF) à Moka. Les membres du mouvement Rann Nou Later, de l’Indo-Mauritian Catholic Association (IMCA) et autres se sont ainsi réunis pour s’exprimer sur l’imbroglio du Réduit Triangle et des terres allouées à la Mauritius Tamil Cultural Centre Trust (MTCCT) à Côte d’Or. Un meeting national se tiendra le dimanche 15 septembre à 10h au siège de la MTTF.
“Il s’agit de notre terre, c’est sentimental”, avance Devarajen Kanaksabee, fondateur du mouvement Rann Nou Later, créé l’an dernier pour contester la décision du gouvernement de reprendre les terres de Réduit. “Nous avons plusieurs alliés au sein de notre mouvement et aujourd’hui, nous avons fait un exercice démocratique où on a pris le temps de les écouter afin de prendre des décisions pour la marche à suivre”, dit-il. À cet effet, un meeting national “destiné à tous les Mauriciens” se tiendra le 15 septembre, suivi d’une série d’actions citoyennes.
Par ailleurs, plusieurs intervenants ont pris la parole, dont le vice-président de l’Indo-Mauritian Catholic Association (IMCA), Gaëtan Aurokium, qui a rappelé le rôle de l’association dans ce combat, réaffirmant sa position. D’ailleurs, l’IMCA est la seule à ne pas avoir officiellement accepté la proposition de l’État et a logé une plainte en Cour. À cet effet, mardi, le Premier ministre avait déclaré à la presse qu’il respectait la contestation de celle-ci et qu’il attendait le jugement de la Cour.
Pas qu’une simple revendication
Présent à la réunion de mobilisation, Veda Baloomoody, du Mouvement Militant Mauricien (MMM), a pour sa part lancé un appel à ceux présents pour rester unis. Il a aussi mis en garde les membres du board de la MTCCT qui a, rappelons-le, accepté d’abandonner le terrain du Réduit Triangle pour celui à Côte d’Or. “L’on note et on ne refera pas la même erreur, soyez-en sûrs.” Un autre intervenant, Rajen Valayden, lui aussi parmi les premiers à contester ce projet de relocalisation, s’est exprimé sur la valeur sentimentale de ce terrain, mais surtout sur le symbolisme de ce combat. “Cette bataille dépasse largement le cadre d’une simple revendication. Il s’agit d’une lutte contre la corruption et l’expropriation”, dit-il.
Altercation entre manifestants et policiers
Vela Gounden, qui faisait partie des manifestants malmenés par la police, mardi, a également pris la parole, demandant que les membres de l’association “fassent plus de sacrifices pour faire des actions concrètes sur le terrain.” Deven Nagalingum, député du MMM et membre actif du mouvement contestataire, a pour sa part rappelé les débuts de ce combat, soulignant que plusieurs questions ont été posées au Parlement, et que malgré cela, les choses semblent ne pas avoir bougé autour de “cette région sentimentale” du Réduit Triangle
En effet, si ce combat perdure depuis plus d’un an, les choses se sont envenimées cette semaine à l’occasion de la cérémonie de remise de contrats de bail à la Hindi Speaking Union, au Mauritius Tamil Cultural Centre Trust et à l’Urdu Speaking Union, mardi, à Côte d’Or. La manifestation pacifique de quelques membres du mouvement Rann Nou Later, notamment Rajen Narsinghen, Devarajen Kanaksabee, Kissen Gangadoo et Vela Gounden, a vite viré au drame. Ainsi, quelques minutes avant l’arrivée du Premier ministre, une altercation a éclaté entre manifestants et forces de l’ordre. Rajen Narsinghen, blessé, a été conduit à la clinique Welkin pour y recevoir des soins. Les autres manifestants ont été embarqués par la police avant d’être conduits au poste de police de Moka.
D’ailleurs, il est bon de rappeler que c’est en 2001, sous l’Illovo Deal, que l’État acquiert des terres de la Lonrho Sugar Corporation. À l’époque, le gouvernement MMM-MSM caressait l’idée de créer un Culture Hub, juxtaposé à l’Education Hub de Réduit. Il était alors convenu que les quatre centres socioculturels, nommément la Hindi Speaking Union, l’Indo Mauritian Catholic Association (IMCA), le Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT) et l’Urdu Speaking Union, construisent chacun leur centre. Et c’est en 2023 que les choses ont commencé à chauffer du côté de Réduit, suite à une correspondance officielle du ministère du Logement adressée au président du Mauritius Tamil Cultural Center Trust (MTCCT) sommant ce dernier de démarrer des constructions de l’immeuble sur le lot RT 12 du domaine domanial du Triangle de Réduit, faute de quoi le bail serait résilié « de plein droit ».
Deux questions parlementaires, dont une du député Deven Nagalingum (PQ B/438) et une PNQ du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, sont posées le 23 mai 2023. Le ministre du Logement et des Terres, Steve Obeegadoo, répond alors qu’aucune objection n’avait été enregistrée et que tout est fait selon les règles. En début d’année, l’État a confirmé qu’il prendrait en charge la construction de bâtiments pour la promotion de la culture sur un nouveau terrain à Côte d’Or. Une proposition aussitôt refusée par les contestataires et un cas a été logé en Cour, notamment par l’IMCA. En outre, il y a quelques mois, c’était au tour des 200 kovils de la Mauritius Tamil Temples Foundation (MTTF) de se rallier au mouvement de contestation.