Visham Bungsee, plongeur professionnel, est au cœur d’une découverte majeure dans la faune et la flore marines. Pour la première fois, en novembre 2022, alors qu’il effectuait une plongée avec des clients, il a constaté la présence dans les eaux mauriciennes de quelques spécimens du très rare Hippocampe tyro vivants, et identifiés dans le Nord. Jusqu’ici, un seul spécimen de cet hippocampe (déjà mort) avait pu être collecté dans le monde, et plus particulièrement aux Seychelles. Cette aventure a été rendue possible grâce à une collaboration entre Odysseo et l’Ong Project Seahorse, avec le soutien de MINI.
« C’était la première fois que je voyais des hippocampes durant une plongée ! » confirme Vishan Bungsee, ne réalisant pas à ce moment précis de cette rencontre, notamment qu’il s’agit là d’une espèce aussi rare. La confirmation allait venir du Dr Jill Fritz, vétérinaire et plongeuse. Passionnée de plongée depuis 30 ans, elle qui rêve de voir des hippocampes tombe sur les photos de Visham. « Tous les plongeurs étaient tellement enthousiastes à l’idée de voir ces petites créatures. Le jour où je les ai vues reste ma plongée la plus mémorable », confie-t-elle.
À partir de là, elle se lance dans des recherches, notamment dans les livres de références, en comparant les travaux scientifiques avec des photos prises lors de séances de plongée au nord de Maurice. Elle établit alors des contacts avec Odysseo et d’autres partenaires engagés dans un projet d’identification et de conservation. « J’ai envoyé toutes les informations que j’avais à l’équipe d’Odysseo, qui les a transmises aux experts de Seahorse Project. J’étais tellement excitée quand la réponse est tombée à l’effet que c’était une découverte spéciale d’un hippocampe dont un seul spécimen avait jusqu’ici été collecté », se souvient encore la vétérinaire.
Bernardo Nascimento, responsable de la conservation et de l’éducation au sein d’Odysseo, avance que c’est un des moments les plus forts de sa carrière de biologiste marin depuis 27 ans. « Je suis personnellement très excité par cette découverte. C’est extrêmement rare de découvrir de nouvelles espèces aujourd’hui. Le spécimen découvert aux Seychelles dans les années 90’ était déjà mort. Depuis, personne n’avait jamais vu l’espèce vivante. Je suis même persuadé que les experts pensaient que la race avait disparu. Je suis curieux d’en apprendre davantage… Espérons que nous aurons l’occasion de voir d’autres spécimens », fait-il comprendre.
C’est en effet en avril dernier que l’espèce a été vue pour la dernière fois dans les eaux; le passage du cyclone Freddy aurait, selon toute vraisemblance, abîmé leur habitat. Les experts et la communauté des plongeurs continueront de ratisser la région pour retrouver les traces d’autres spécimens. « Cette découverte inattendue aide non seulement à consolider nos connaissances sur la vie marine dans l’ouest de l’océan Indien, mais elle ouvre aussi la voie à la recherche scientifique et à davantage d’efforts de conservation », explique Graham Short, Focal Point for Taxonomy and Phylogeny pour l’IUCN SSC Seahorse, Pipefish & Seadragon Specialist Group.
De son côté, Bernardo Nascimento, d’Odysseo, ajoute : « Cette découverte montre à quel point Maurice est unique et sa biodiversité importante. Les hippocampes sont symboliques. Ils ont tellement de charisme que cela pousse les gens à s’engager dans la protection des écosystèmes. Mieux connaître les hippocampes, c’est apprendre à les aimer et, ainsi, à mieux protéger l’espèce et son habitat. »
Ainsi, Odysseo est en contact avec les autorités afin d’obtenir les autorisations pour collecter des spécimens de cet hippocampe pour contribuer à mieux connaître l’espèce. L’objectif déclaré est d’étudier sa morphologie, sa génétique et son évolution afin de mieux le protéger dans son habitat naturel. « Cette découverte remarquable souligne l’importance de lutter contre les dangers qui menacent les hippocampes. Nous devons absolument arrêter les pratiques de pêche destructrices et renverser la tendance quant à la dégradation et la perte des habitats marins, en particulier par rapport au changement climatique. Nous avons hâte de consolider la collaboration avec les plongeurs qui ont fait cette découverte, Odysseo et les autres partenaires veulent protéger cette espèce rare », réitère le Pr Amanda Vincent.
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Mieux connaître les partenaires
Retour en 2021… À peine quelques mois après son ouverture, Odysseo met en place un partenariat avec Project Seahorse, dont l’objectif est de recenser les hippocampes présents à Maurice. En 2022, Odysseo reçoit le titre d’iSeahorse Ambassador, remis à tout individu ou institution contribuant au recensement des hippocampes à travers le monde.
« Project Seahorse est heureux que la découverte du tyro ait vu le jour grâce à notre programme iSeahorse. De telles découvertes mettent également en exergue la contribution essentielle de la communauté des plongeurs dans notre cheminement pour mieux connaître les hippocampes. Project Seahorse et les autres experts du domaine ont besoin d’un recensement précis afin de travailler sur la conversation de l’espèce. Trouver une population d’hippocampes tyro à Maurice est à la fois exaltant et important », explique le
Dr Miguel Correira, Lead Syngnathid Biologist chez Project Seahorse. « Le rôle d’Odysseo est de connecter les bonnes personnes au bon moment pour le bon projet. C’est ce qui motive nos équipes, et cet exemple montre que cela fonctionne bien. Je suis vraiment fier du travail de notre équipe, et extrêmement reconnaissant à celle de Project Seahorse, de MINI ainsi que des plongeurs Jill et Visham », souligne Bernardo Nascimento.
De son côté, MINI a apporté son soutien financier au projet. « Nous sommes ravis que ce projet iSeaHorse ait permis une telle découverte et contribuera à la protection de l’espèce. Nous sommes tous des citoyens de l’océan et il est essentiel de bien comprendre son rôle dans le maintien de l’équilibre de la planète. Nous avons tous un rôle à jouer pour le protéger. C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons noué un partenariat avec Odysseo », affirme Bénédicte Richard Michaud, de MINI.