Assemblée Nationale : Ambiance électrique sur fond d’accusation de mensonges

Un appel téléphonique entre Pravind Jugnauth et Veena Ramgoolam au moment des démarches pour l’évacuation sanitaire en Inde, met le feu aux poudres 3 députés travaillistes, Shakeel Mohamed, Mahend Gungapersad et Patrick Assirvaden, expulsés et suspendus, 5 séances pour le premier et 4 pour les deux derniers Le ministre Teeluck refuse de répondre à une interpellation supplémentaire de Joanna Bérenger

En l’absence de toute allusion à l’Illegal Third Party Access à la SAFE Landing Station de Baie-du-Jacotet, dossier explosif sur le plan politique avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, accusé de haute trahison, le début de la tranche du Question Time à l’Assemblée nationale s’est déroulé dans une ambiance électrique et de haute tension. Le tout sur fond d’accusation de mensonges attribués au Leader of the House. Avec pour conséquence que trois parlementaires du parti Travailliste, en l’occurrence Shakeel Mohamed, Mahend Gungapersad, dans un premier temps, et par la suite Patrick Assirvaden, ont été expulsés de l’hémicycle par un Speaker se montrant des plus allergiques à l’opposition en général, en particulier à ceux du parti Travailliste.

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Certes, la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, portant sur la piste d’atterrissage et la jetée d’Agalega avait un potentiel de controverses politiques non-négligeables. Toutefois, les échanges les plus virulents se sont déroulés lors de la PQ adressée au Premier ministre sur le remboursement des dépenses encourues lors de l’évacuation sanitaire de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour son traitement contre le Covid-19 en Inde. Les parlementaires de l’opposition, et nommément ceux du parti Travailliste, ont pris ombrage devant le fait que Pravind Jugnauth ait fait état d’une conversation au téléphone à cette époque avec Veena Ramgoolam.

Au sein du parti Travailliste, l’on maintient que Pravind Jugnauth ment quand il affirme que Veena Ramgollam l’avait téléphoné. Ils avancent que c’est le contraire, qui est vrai. D’ailleurs, Xavier-Luc Duval devait subséquemment demander au Premier ministre de dévoiler le Call Log de son cellulaire pour vérifier si c’est un appel entrant ou sortant. Mais cette requête est restée sans suite. Mais à peine quelques phrases plus tard, Pravind Jugnauth devait être pris en flagrant délit de mensonge quand il avait soutenu que Patrick Assirvaden était présent à l’hôpital Wellkin lors d’un échange téléphonique.

Le président du Labour devait protester avec véhémence contre cette fausseté en répétant à tue-tête que « le Premier ministre ment. Je n’y étais pas. Il ment ». En dépit de ces protestations pour rétablir la vérité, Sooroojdev Phokeer devait de manière intransigeante et sans nul autre procès expulser Patrick Assirvaden et aussi en ayant recours à la procédure de Naming. Par ailleurs, un autre incident qui n’aura pas passé inaperçu est que le ministre Avisnah Teeluck a refusé de répondre à une interpellation supplémentaire de Joanna Bérenger sur le volet du National Heritage comme pour faire suite à la précédente prise de position de sa collègue, la ministre Kalpana Koonjoo-Shah.

Ainsi, répondant à l’interpellation du Backbencher Dhunnoo sur le remboursement des dépenses pour le transfert médical de Navin Ramgoolam en Inde l’année dernière, Pravind Jugnauth, a déclaré qu’ « à ce jour, ni l’ancien Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, ni aucune autre personne, n’a porté plainte sur des commissions alléguées qui auraient été réclamées pour son évacuation médicale en Inde en septembre de l’année dernière. Donc, il n’est pas question d’initier une enquête policière pour le moment. »

PM : Toutefois, étant donné que le Dr Ramgoolam a, dans une conférence de presse, le 8 juillet 2022, fait des allégations concernant des commissions qui auraient été réclamées concernant son évacuation médicale en Inde.

À ce stade, le Premier ministre revient sur la chronologie des événements avec moult détails menant à l’évacuation sanitaire de Navin Ramgoolam en Inde.

PM : Étant donné que le patient est un ancien Premier ministre et qu’il était dans une situation critique, je me suis personnellement assuré que la demande soit traitée promptement et avec diligence. Contrairement à ce que le Dr Ramgoolam a dit, je ne lui ai jamais téléphoné personnellement lorsqu’il était admis au Wellkin Hospital. C’est son épouse, en effet, qui m’a téléphoné, pour rechercher l’assistance du gouvernement, car les membres du Parti travailliste, n’avaient pu organiser…

Opposition : Shame, shame.

Vives protestations d’Arvin Boolell , Shakeel Mohamed  et Patrick Assirvaden.

Speaker : Order, order, what is this?

Opposition : Shame, shame, shame.

Speaker : Order, order…

Shakeel Mohamed : Ki order?

Speaker : C’est mon dernier Warning. Si vous ne respectez pas mon ordre, vous devrez évacuer l’hémicycle.

PM: Laissez-moi répéter, peut-être qu’avec le bruit, on n’a pas bien entendu.

Shakeel Mohamed : A point of order, a point of order… Le Premier ministre est en train de prendre un plaisir sadique à mentionner le nom d’une personne qui n’est pas membre de cette Assemblée.

Speaker : No…

Shakeel Mohamed : Let me finish!

Speaker : Attendez. I am on my feet. Premièrement, sadique ou quoi, vous retirez ce mot, puis vous présentez votre point de droit.

Shakeel Mohamed : Je retire le mot sadique, étant donné que vous vous êtes prononcé à ce sujet. Mon point est que c’est contre les Standing Orders de faire référence à quelqu’un qui n’est pas membre de l’Assemblée. C’est ce qu’il est en train de faire. Il n’a pas le droit, selon les Standing Orders, de faire référence à quelque chose qui s’est passé hors de l’hémicycle et qui concerne quelqu’un qui n’est pas membre de l’Assemblée. Il est en train de parler de l’épouse d’un ancien Premier ministre derrière laquelle il est en train de se cacher honteusement.

Speaker : Vous avez fait votre Point of Order.

Opposition : Cheap, cheap.

Speaker : Order, order, now you are out of order… (Brouhaha) Order both sides of the house, order. (À l’adresse de Shakeel Mohamed) : Please, withdraw from the House!

Shakeel Mohamed : I will go… Ena beze la… Li enn bezer mem…

Speaker : Then I am naming you. I am naming you.

Shakeel Mohamed : C’est honteux… Se cacher derrière l’épouse de l’ancien Premier ministre.

Speaker : I am naming you… You have no right to stand here. Sergeant-at-arms, Sergeant-at-arms… You have no right to stand here.

Des membres de l’opposition crient : cheap!

Speaker : Sergeant-at-arms, faites votre travail!

Shakeel Mohamed se met debout mais proteste. Arvin Boolell se lève pour aller le calmer

Speaker : Sergeant-at-arms, faites votre travail!

Ce dernier essaie de diriger Shakeel Mohamed vers la sortie, aidé d’autres policiers, mais le député continue de protester contre le Speaker.

Speaker : Sergeant-at-arms, faites votre travail!

Gungapersad : Cheap, cheap!

Speaker : I am naming you.

Speaker : Honourable Gungapersad, you are being named.

PM : Donc, je vais continuer…

Assirvaden : Puis-je presenter un Point of Order, M. le Président? J’ai entendu l’honorable Nuckcheddy traiter l’honorable Mahend Gungapersad de bachara. Je demande qu’il retire ses propos.

Speaker : Honourable Nuckcheddy, si c’est vrai, alors retirez ce mot.

Nuckcheddy : Je n’ai jamais dit ce mot.

Opposition : Manti, manti.

Speaker : Order, order. Je vais écouter l’enregistrement…

(Protestations de l’opposition)

Speaker : Je répète, si vous avez dit ce mot…

Nuckcheddy : Non, je n’ai pas dit bachara , j’ai dit clown.

Bhagwan : To enn manter ta…

Speaker : Honourable Bhagwan… Honorable Nuckcheddy, je vais écouter et si vous avez dit ce mot, vous devrez présenter vos excuses et retirer ce mot. On continue.

PM : Je disais en fait que contrairement à ce qu’a dit le Dr Ramgoolam lors de sa conférence de presse, je ne lui ai jamais téléphoné personnellement quand il était admis au Wellkin Hospital. C’est son épouse, en effet, qui m’a téléphoné…

De nouvelles protestations s’élèvent des rangs de l’opposition)

Speaker : Ça suffit. C’est une précision. The Prime minister has the floor…

PM : Je dois.

Speaker : J’ai déjà dit …You are absent minded

Le député Boolell proteste énergiquement.

Speaker : Le Premier ministre est en train de préciser qu’il n’a jamais appelé l’ancien Premier ministre. C’était en fait, l’épouse de l’ancien Premier ministre… (Cette intervention du Speaker est interrompue par les protestations de l’opposition)

Speaker : Il n’y a rien qui soit contre les Standing Orders. Je le maintiens, c’est dans les règles.

(Protestations de l’opposition qui crie : bravo)

Speaker : Order, order…Vous ne respectez pas les procédures de la Chambre. Dr Aumeer et honorable Juman, soit vous restez tranquilles, soit vous quittez la Chambre.

Bérenger : Ki walk out ?

Speaker : You, keep quiet!

PM : Je disais donc que je n’ai jamais téléphoné au Dr Ramgoolam personnellement lorsqu’il était au Wellkin Hospital. C’est en effet, son épouse, qui m’a téléphoné, pour demander l’assistance du gouvernement, car les membres du Ptr n’étaient pas parvenus à organiser son évacuation médicale d’urgence.

Opposition :  « Shame ! Shame !

Speaker : Order, both sides of the house! Il y a eu une question, il faut une réponse, laissez le Premier ministre répondre.

PM : Je disais donc qu’elle a demandé l’aide du gouvernement car les membres du Ptr n’étaient pas parvenus à organiser l’évacuation médicale d’urgence du Dr Ramgoolam. Par la suite, j’ai téléphoné personnellement au Wellkin Hospital pour me renseigner sur la situation. J’ai même eu une rencontre avec l’équipe médicale, en présence de certains membres éminents du Ptr, dont l’honorable Assirvaden…

Assirvaden : Non, faux !

PM : L’honorable Boolell.

Assirvaden : Faux, c’est faux !

PM : L’honorable Aumeer…

Assirvaden : Faux, je n’étais jamais là.

PM : Vous étiez là…

Assirvaden : Faux, je n’ai jamais été là-bas… Faux.

Speaker : I am on my feet… I am ordering you out.

(Protestations de l’opposition)

Speaker : Honourable Patrick Assirvaden, I am ordering you out.

Cette décision de la présidence soulève de nouvelles protestations de l’opposition. Sergeant-at-arms, Sergeant-at-arms… I am ordering him out.

Assirvaden : Le Premier ministre ment… Le Premier ministre ment…

C’est un menteur.

Speaker : I am naming you… Sergeant-at-arms, Sergeant-at-arms…

(Brouhaha)

Speaker : Je suspens la séance.

À la reprise, le Premier ministre a retracé les différentes étapes et démarches pour assurer le transfert de Navin Ramgoolam en Inde pour son traitement médical. Le montant total s’élève à USD 156 675. Comme il l’avait fait lors d’une récente interpellation , il a fait état des tentatives pour recouvrer les dépenses encourues. Avec des convocations du dénommé Damree, accompagné de Satish Faugoo au Prime Minister’s Office.

PM : Suivant ma réponse à la question parlementaire du 5 juillet, le Dr Ramgoolam est allé dire, en conférence de presse, qu’il y avait des commissions incluses dans la somme réclamée. Je vais donc donner les détails du paiement :

Spice Jet pour évacuation médicale : 126 390.57 (USD)

Billet d’avion de M. Damree : 2 600.00 (USD)

Ground Handling Charges : 8 000.00 (USD)

Flight Planning et Clearance : 2 000.00 (USD)

Assurance de voyage pour Dr Ramgoolam et Dr Das : 179.70 (USD)

General Covid-19 Medical Cover du Dr Ramgoolam : 3 726.44 (USD)

Ground 2 Air (SSR Airport) : 950.00 (USD)

Kaluha Aero Admin Fee : 1 200.00 (USD)

Kaluha Holding Service Fee : 5 600.00 (USD)

Paiement partiel et intérêts sur carte de crédit par Kaluha Holding : 4 975.75 (USD)

Intérêts de 240 jours sur l’Overdraft à la SBM : 823.81 (USD)

Frais de transfert internationaux de la SBM : 247.50 (USD)

C’est le seul compte envoyé à  Damree et il n’y a aucune commission.

Le backbencherde la majorité Dhunnoo, l’auteur de la Parliamentary Question a vait voulu également savoir pourquoi, ce transfert médical n’avait pu se faire par le courrier d’Air Mauritius.Le Premier ministre a fait état des règlements en vigueur par rapport à la présence d’oxygène à bord de l’avion.

Dhunnoo : Dans votre réponse, vous avez mentionné une somme qui doit être remboursée. Y a-t-il un membre du Ptr qui a publiquement pris l’engagement de rembourser cette somme ?

PM : En effet, il y a des membres du Ptr qui ont fait des déclarations publiques, par exemple, l’honorable Assirvaden lui-même. Le 7 septembre, il a dit : « son transfert jusqu’au All Indian Institute of Medical Sciences coûtera USD 154 540, une note qui sera payée par le Parti travailliste. » Je cite ses paroles en kreol : « Se kler ki nou’nn siyn undertaking, le Ptr ki nou pou peye sa tretman ki Dr Ramgoolam pe al fer deor. À la fin du jour, se nou ki pou peye. » Il a ainsi fait plusieurs déclarations, je ne vais pas tout mentionner.

Je dois aussi dire qu’il y avait d’autres membres encore. Aujourd’hui, on a vu le mauvais comportement de Shakeel Mohamed, voilà ce qu’il avait dit pour sa part : « Tou seki gouvernman inn depense, a se zour, si mo pa tronpe se USD 150 000 se a la demand du Ptr. Nou finn dir ki nou anvi ranbours tousala. Mo finn dir ou kifer parski an se moman lil Moris nou pe pas par bann moman tre difisil, di pwin de vi sante, ekonomik, sosial, saniter e nou pa panse ki li enn bon lide, mem kan nou fin pran, nou finn apros le Dr Joomye pou dir li nou anvi peye e linn dir ok pena okenn problem. »

(Brouhaha)

PM: Je n’ai cité qu’une déclaration, mais il y en a d’autres.

XLD : J’ai une question supplémentaire. Le Premier ministre acceptera-t-il de soumettre le Call Log de son téléphone, afin de vérifier s’il s’agissait bien d’un appel entrant ou sortant, ce jour-là. C’est le Dr Ramgoolam qui me demande de vous poser cette question.

PM : J’espère que le Leader de l’opposition ne veut pas que je donne les détails de ce qui s’est passé. Ce serait honteux. Vous savez pourquoi j’ai fait référence à cet appel ? Parce que c’est vraiment triste. Mettons la politique de côté. C’est une situation où le Dr Ramgoolam devait être évacué d’urgence. Je ne veux pas dire le nombre de fois que j’ai parlé à son épouse et qu’est-ce qui a été dit. Déjà quand j’ai dit qu’elle m’a parlé, on est en train de faire « han han » de l’autre côté. Si je dévoile la teneur de notre conversation, ils auront d’autant plus honte de ce qu’ils ont fait. Je maintiens ce que j’ai dit et je ne vais pas dévoiler la teneur de notre conversation.

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