« Dominer nou pa le », « Pa vann nou pei », « Pa vann nou zenes », « Lalwa Padayachy deor » et « Diskriminasion nou pas le ». Ce sont, entre autres, les slogans scandés, samedi, dans les rues de Port-Louis par des participants de la marche pacifique organisée par le trio Joint Negotiating Panel, General Workers Federation (GWF) et Private Sector Employees Union.
Vu que l’enceinte du Prime Minister’s Office était barricadée pour l’occasion, les délégués du comité organisateur de cette marche, notamment les syndicalistes Devanand Ramjuttun et Narendranath Gopee, ont pris la direction de l’Hôtel du Gouvernement pour remettre une lettre contenant les douze revendications du comité organisateur de service. « Si Pravind Jugnauth zet nou let dan poubel, nou ki pou zet li dan poubel », a lancé Ashok Subron, porte-parole du comité organisant cette marche pacifique.
« Lepep ki ena pouvwar. Lepep ki vote, alor Pravind Jugnauth ena lintere ekout lepep », fait-il ressortir. Au cours de cette manifestation, Ashok Subron a harangué l’assistance et a souligné que les demandes du comité organisateur s’articulent autour de douze revendications :
non à l’utilisation massive des travailleurs étrangers à Maurice,
gel de la nouvelle politique de recrutement des travailleurs étrangers,
maintien de l’actuel système de quota dans les entreprises pour les travailleurs étrangers à Maurice,
mise sur pied d’une agence nationale de l’emploi pour déterminer quel secteur aura réellement besoin de travailleurs étrangers,
l’État doit ratifier la convention internationale sur la protection des droits des travailleurs étrangers des Nations unies,
établissement d’une institution ou d’un Ombudsperson of Immigrants,
l’employeur doit signer un Bond garantissant le billet d’avion de retour des travailleurs étrangers,
amender la Worker’s Rights Act pour éliminer toute discrimination à l’égard des travailleurs étrangers,
amender l’Employment Rights Act pour que les travailleurs étrangers bénéficient également des conditions d’emploi contenues dans les accords collectifs,
non à la décision du gouvernement pour remplacer le paiement de l’Overtime par un jour de congé,
maintien de la loi actuelle sur le Vacation leave et
non à la remise en question des droits des travailleurs.
Devant le bureau du Premier ministre, Ashok Subron a fait ressortir que cette manifestation n’est qu’un début et que les élections générales ne tarderont pas. « S’il faut marcher dans les 20 circonscriptions, nous allons le faire. Zame badine ek drwa travayer ki nou finn gagne depi lepok lesklavaz, depi lepok kouli. Pravind Jugnauth finn oze badine ek lalwa pou ouver pei net pou permet bann patron servi travayer etranze pou kas lerin drwa bann travayer morisien », s’insurge-t-il. « Je ne pense pas qu’il faille retourner les travailleurs étrangers dans leur pays. Loin de là ! Nous réclamons le gel de nouvelles mesures dans le contexte des prochaines générales. Les lepep deside. Si Pravind Jugnauth, Padayachy pa rekile zordi, ler la nou ki pour f… deor », ajoute Ashok Subron.
« Le Premier ministre croit que les élections seront faciles pour lui, mais moi, je dis Pena Simin », a-t-il fait comprendre. Et ce, avant de faire une mise en garde contre certains qui estiment qu’il adopte actuellement une politique à la Marine Le Pen : « C’est tout à fait faux ! Nous réclamons tout simplement le gel de nouvelles mesures concernant l’utilisation des travailleurs étrangers ».
Pour sa part, Joanna Bérenger (MMM) – qui participait également à cette marche – déclare que « nous soutenons les douze revendications du comité organisateur ». Cela, avant de critiquer le gouvernement : « je continuerai à le dire, ce gouvernement met en place un système économique qui est injuste, car il est basé sur la main-d’œuvre à bon marché et sur l’exploitation des plus vulnérables. Avec ces mesures gouvernementales, il y aura des secteurs qui seront en mesure d’employer une main-d’œuvre 100 % étrangère. Cela aura certainement un impact négatif sur les conditions de travail de tous les Mauriciens. »
La parlementaire du MMM a ajouté que « cela va entraîner un nivellement vers le bas des salaires et des conditions d’emploi. C’est une réalité que les droits des travailleurs étrangers ne sont pas respectés mais malgré cela ils travaillent dans des conditions qui ne sont pas décentes. Donc, les travailleurs mauriciens n’auront d’autre choix que de s’adapter s’ils ne veulent pas perdre leur emploi. »
D’autre part, Joanna Bérenger a affirmé : « le gouvernement encourage de jeunes professionnels, de jeunes diplômés à venir travailler à Maurice. Où pensez-vous que les jeunes trouveront leur place sur le marché du travail ? Donc, apre ki zot finn vann nou later ek bann miliarder etranze , sa kou la pe vann lavenir nou bann zenes. »
Pour l’activiste Bruneau Laurette, qui participait également à cette manifestation, il faut que le gouvernement maintienne l’actuel système de quota dans les entreprises pour protéger les droits à l’emploi des travailleurs mauriciens. « Nous ne disons pas que nous n’avons pas besoin de travailleurs étrangers, mais il faut limiter l’importation de la main-d’œuvre étrangère uniquement dans certains secteurs, faute de quoi l’avenir des jeunes sera menacé. Cette situation peut inciter des jeunes à sombrer dans le fléau de la drogue pour survivre. Sa gouvernman la pe pouse la zenes ver la fin », a-t-il dit.
Salim Bacsou, président de l’Union of Bus Industry Workers (UBIW) a souligné, de son côté, qu’il faudra savoir pourquoi les jeunes Mauriciens refusent de faire carrière dans l’industrie du transport en commun. « D’abord, les Relief Workers n’ont pas droit au salaire minimum. Les travailleurs font plus de dix heures de travail par jour mais ils n’ont pas droit au paiement de l’Overtime et à la Meal Allowance. Nous sommes étonnés de constater qu’il n’y a pas de suivi à propos de nos problèmes qui ont été communiqués au ministère du Travail », a déploré le président de l’UBIW.