Une visite impromptue à la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) hier, a donné l’occasion au ministre de l’Agro-Industrie, Arvin Boolell, d’explorer les moyens susceptibles d’encourager les planteurs à ne pas abandonner les champs de canne et de retourner à la terre. Cette question a été longuement évoquée avec le directeur de la MCIA, Luckraj Jhurry, et celui du Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), Suman Seeruttun entre autres. Il a été convenu qu’un position paper sur un état des lieux et comprenant des propositions concrètes soit remis au ministre d’ici à la fin de l’année.
Pour cette année, la production sucrière devrait tourner autour de 223 000 tonnes, dont 180 000 à 200 000 tonnes de sucres spéciaux commercialisés à un prix supérieur à celui en cours sur le marché mondial pour le sucre blanc. Une cargaison de quelque 42 000 tonnes du sucre roux est importée annuellement par Omnicane du Brésil pour être raffinée durant l’entrecoupe pour des besoins d’exportation vers les pays de la COMESA et le marché local.
Un des problèmes majeurs, qui affecte l’industrie sucrière depuis de nombreuses années, reste l’abandon des terres, soit une moyenne de quelque 6000 hectares chaque année. Les mesures incitatives n’ont pas donné les résultats escomptés et le nombre de petits planteurs continue de régresser.
D’où la nécessité d’explorer d’autres moyens pour arrêter l’hémorragie des planteurs. Plusieurs propositions ont été formulées lors de la rencontre d’hier, dont la nécessité d’indexer le prix de la bagasse sur celui de la biomasse. Cette option permettrait d’augmenter les revenus des planteurs.
Le problème de la main-d’œuvre constitue également un obstacle à la production. D’où le recours éventuel au phénomène d’importation. La MCIA sera appelée à contribution pour développer un mécanisme afin de recruter les travailleurs étrangers qui seront mis à la disposition des planteurs pour contourner les problèmes liés aux contracteurs.
« Nous avons de très bons talents et de très bonnes institutions. Il faut les motiver. Le constat est qu’il y a eu un laisser-aller dans le passé. Il n’y a pas eu d’interconnexion nécessaire pour créer un dynamisme positif. C’est la raison pour laquelle le ministère de l’Agro-Industrie a commandité une étude qui sera menée avec l’aide de deux consultants, experts dans la matière, pour montrer comment intégrer l’économie verte, l’économie bleue et la sécurité alimentaire. Nous voulons que tous les stakeholders soient parties prenantes. Nous voulons réhabiliter les terres abandonnées en présentant un plan clair sur la ligne à suivre. C’est pourquoi j’ai demandé à la MCIA et au MSIRI de produire un Position Paper avec les parties prenantes. Nous voulons valoriser la canne, dont la production idéale serait autour de 300 000 tonnes annuellement », a expliqué le ministre Boolell, qui maintient que sans une feuille de route claire et précise, il sera difficile d’atteindre l’objectif de 60% d’énergie renouvelable en 2030.
Au niveau des cultures vivrières, le ministre a fait mention d’un consensus en faveur de la décentralisation de l’Auction Market en raison des frais pour transporter les légumes à Belle-Rive. Cette démarche pourrait se traduire par une baisse des prix des légumes. Il a aussi évoqué la nécessité d’organiser des assises de l’Agriculture, permettant de développer l’interconnexion entre les secteurs public et privé, la société civile, et les chercheurs.
Auparavant, le ministre a eu une séance de travail au niveau du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) pour discuter de la production alimentaire à Maurice. Plusieurs idées ont été émises. Les problèmes rencontrés au niveau de la production de volailles ont aussi été évoqués. La production a été interrompue pour le moment afin de réorganiser ce secteur. Le public pourra disposer des poussins ou des œufs dans le courant de l’année prochaine.