Bien-être animal
Arvin Boolell : « Dans moins de cinq ans, le nombre d’exportations des singes décroîtra »
Face à une situation alarmante où la cruauté animale et la négligence des animaux restent préoccupantes, avec des signalements quotidiens de violences physiques, d’abandons en hausse et épisodiquement d’empoisonnements massifs, le gouvernement est appelé à agir tout en préservant le carractère touristique du pays. Par ailleurs, la signature imminente d’un protocole d’accord (MoU) entre le ministère de l’Agro-Industrie et Charles River Laboratories a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Pour faire la lumière sur ces questions, nous sommes allés à la rencontre du ministre Arvin Boolell qui a pris le temps de répondre à nos questions.
La série d’empoisonnements de chiens récemment observée à Moka a provoqué une onde de choc, amplifiée par l’inaction perçue des autorités. Malgré l’amendement de l’Animal Welfare Act en 2022 visant à renforcer les sanctions contre les actes de maltraitance et d’abandon, la répression demeure faible. À cet effet, le ministres se veut rassurant : « Il y a une loi, et il y a son application. La loi sera nettement durcie ».
« La responsabilité de tous »
Dans cette optique, un plan d’action pour la protection et l’amélioration du bien-être animal a été présenté au ministère de l’Agro-Industrie. Cependant, la question de la stérilisation massive des chiens errants divise. Pour Arvin Boolell, « c’est la responsabilité de tous. L’État ne peut pas financer seul ces campagnes. La loi sera revue dans ce sens et entrera en vigueur une fois approuvée par le Conseil des ministres ». Il souligne que l’État doit agir comme un facilitateur, mais sans assumer l’intégralité du fardeau financier.
L’offre du World Veterinary Service (WVS) en 2021, qui proposait un programme de stérilisation financé et structuré, avait pourtant été rejetée par l’ancien gouvernement et la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), sans justification claire. Ce programme prévoyait la stérilisation de 5,700 chiens en 14 semaines autour de Port-Louis, puis une expansion nationale visant 74,300 chiens en 40 semaines. « Ma tâche est d’être un facilitateur. Si une offre comme celle du WVS se présente, nous sommes ouverts », indique le ministre. Toutefois, il admet ne pas connaître la compétence de cette ONG et regrette de ne pas avoir eu l’opportunité de l’évaluer, avant le retrait de son soutien financier de 500,000 USD en 2023.
Un autre sujet suscite la controverse : le MoU avec Charles River Laboratories. Cette entreprise, déjà présente à Maurice depuis l’acquisition de Noveprim, attend l’approbation du Conseil des ministres pour officialiser son implantation. « La signature doit se faire entre le ministère des Finances et Charles River. Heureusement qu’un gouvernement comme le nôtre mise sur la transparence et la diffusion de l’information. Une législation cadre pour la recherche et l’innovation sera introduite, avec une consultation des parties prenantes », affirme le ministre.
« Une législation cadre pour la recherche et l’innovation »
Concernant l’exportation de singes pour la recherche, Arvin Boolell prévoit une diminution dans les cinq prochaines années. « Les États-Unis développent leurs propres élevages. Le besoin en singes mauriciens décroîtra naturellement, ce qui entraînera un phasing-out automatique », explique-t-il. Il rappelle que l’exportation est réglementée par la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES).
En attendant cette transition, le ministre insiste sur la mise en place d’un cadre juridique solide pour la recherche biomédicale à Maurice. « Il faut une concertation entre le Mauritius Bio Institute, le Centre for Biomedical & Biomaterials Research (CBBR) et les ministères concernés. La recherche ne peut se faire sans un cadre strict ». Il plaide pour une approche structurée, tout en reconnaissant que le pays est encore « à un stade embryonnaire » dans ce domaine.
Sur la question du quota des singes exportés, il précise : « On ne peut pas baisser le quota du jour au lendemain. Aujourd’hui, il est à 13,484 contre 8,809 en 2014. Les recherches se feront progressivement en partie à Maurice ». Alors que ces débats continuent d’enflammer les réseaux sociaux, les activistes pourraient relancer leurs campagnes.
Face à ces critiques, Arvin Boolell assure respecter les engagements des militants et insiste sur la responsabilité du gouvernement. « Nous avons tous un intérêt pour le bien-être de la population et des animaux. Un hôpital pour animaux est en préparation, le site avait déjà été identifié en 2013 à Forest Side », conclut-il.