Maurice a trouvé son champion de la poésie : le slam, art oratoire démocratisé qui développe petit à petit son idéal pédagogique, social, solidaire. Le Mauricien était présent au Grand tournoi de slam national il y a dix jours à l’Institut français de Maurice. Rencontre avec les mots. Le slam crie, hurle, chante. Le slam convainc.
P-o-é-s-i-e. De quoi dérouter. On en garde souvent le souvenir d’un vers pompeux évoquant une réalité étrangère : un faubourg parisien, une campagne anglaise, des moeurs vétustes — ô combien, du point de vue formel, des chefs-d’oeuvre mais qui ne cadrent pas toujours avec le vécu local. Le slam déconstruit cette image. Et même s’il s’évertue à respecter sa grande soeur classique, le slam dépoussière.
Le slam, c’est quoi ? Ou le slam, c’est qui ? Car, tel que le décrit Ziad Peerbux qui écume la scène depuis de nombreuses années maintenant, il s’agirait plutôt d’une personne. Qui est le petit frère de dame poésie ?
Déjà, il est issu du même moule, génétiquement proche du talent classique. La trace ADN est reconnaissable. Mais le tempérament diffère. Le petit frère, téméraire, n’hésitera pas à transcender la page. Les mots pas que pour les yeux et l’imaginaire ; les mots doivent se mettre debout, gesticuler, se « verlaniser » — comme à l’envers, on dira « snas-meuh » au lieu de « menace » — et ainsi composer non seulement une prose, un vers libre mais également son binôme oral. Le slam, ce n’est pas que du texte. C’est aussi la bouche, le corps ; toute une animation pour libérer l’âme…
Non, il ne suffira pas de dire du slam qu’il est une « poésie démocratisée ». Ce ne serait pas lui faire justice. Et le Grand tournoi de slam national qui avait lieu le samedi 20 octobre à l’Institut français de Maurice rappelle que le slam est une identité à part entière dont la forme n’est pas aussi élastique que l’on pourrait croire. Le slam est démocrate, certes, mais sa qualité repose sur l’exigence que l’on veut bien lui donner.
ART ORATOIRE:Vers un slam gagnant
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