« Compte tenu de son mode de transmission à l’homme, les risques de la survenue d’un cas de rage à Maurice sont minimes », rassure le Dr A. Dinassing, Health Services Director au ministère de la Santé et responsable des maladies infectieuses. Il répondait à Week-End suivant un nouveau cas fatal de la maladie répétorié, tout récemment, chez un adolescent à Antananarivo à Madagascar.
La rage est encore une maladie endémique à Madagascar. Selon des estimations, l’on recenserait dans la Grande île quelque 13,000 cas de morsures suspectes annuellement. Et le nombre annuel de décès sur place dus à la rage chez les humains tournerait autour d’une dizaine.
Suivant la survenue de ce nouveau cas fatal dans le quartier d’Andohatopenaka, il y a une quinzaine de jours, une nouvelle campagne de vaccination gratuite de chiens dans la capitale, Antananarivo, se tiendra entre le 26 et le 30 septembre.
Cette campagne s’inscrira dans le cadre de la Journée Mondiale contre la Rage commémorée, chaque année le 28 septembre, date-anniversaire du décès de l’illustre Louis Pasteur, chimiste et micro-biologiste français (1822-1895) qui développa le premier vaccin antirabique. À noter que l’Institut Pasteur a une antenne à Madagascar et est très engagé sur place, dans la lutte contre la rage.
Le Dr Dinassing explique que la rage se transmet à l’humain presque essentiellement par morsure d’un chien enragé, et non de manière directe, d’une personne infectée à une autre, comme c’est le cas pour la grippe ou le Covid-19, par exemple. Même s’il est vrai que le nombre de chiens, notamment errants, ne cesse d’augmenter, aucun cas local de rage animale n’a été détecté à ce jour.
« Un contrôle strict avec mise en quarantaine est exercé par le service vétérinaire du ministère de l’Agro-industrie sur l’entrée au pays d’animaux venant de l’étranger, dont des chiens », indique le responsable de la Santé. Ainsi, selon lui, une arrivée de la maladie à Maurice serait « difficile ». Quoi qu’il en soit, le Dr Dinassing rassure que le ministère de la Santé est prêt aux pires éventualités. Il affirme que le vaccin antirabique post-exposition est disponible dans les hôpitaux.
« En cas de morsure par un chien, outre l’administration à un patient des traitements conventionnels, dont une vaccination antitétanique, un vaccin antirabique post-exposition peut lui être administré, si la situation l’exige », indique le responsable de la Santé. Pour cela, il faudra établir que l’animal qui a blessé le patient donne des signes cliniques qu’il est atteint de rage animale, précise le médecin.
Maladie virale infectieuse, donc, à prévention vaccinale, la rage se transmet d’un animal infecté à l’homme par le biais de morsures, de griffures ou de léchage d’une blessure. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les chiens sont dans 99% des cas vecteurs de la transmission de la maladie à l’homme.
Réputée pour être une des plus vieilles maladies infectieuses connues, la rage est encore responsable aujourd’hui de dizaines de milliers de morts chaque année, surtout en Asie et en Afrique.
Elle se manifeste, notamment, chez les humains, par des symptômes neuropsychiatriques variés, dont une hyperactivité, une grande excitation dans le comportement, la peur phobique de l’eau et celle des courants d’air et de l’air frais. La maladie peut aussi se manifester par une paralysie musculaire progressive. Non-traité, le malade tombe dans un coma et meurt en quelques jours d’un arrêt cardio-respiratoire. La prévention de la maladie se fait principalement au moyen de la vaccination des chiens ainsi que des chats.
Dans le cas d’une morsure ou d’une griffure suspecte chez l’homme, les autorités de santé recommandent un lavage immédiat de la blessure au savon associé à une vaccination post-exposition. Selon l’OMS, plus de 15 millions de personnes à travers le monde reçoivent, chaque année, une vaccination antirabique post-morsure.
Cette couverture vaccinale post-exposition prévient des millions de décès dus à la rage. Chez l’animal, surtout le chien, la maladie se manifeste par un comportement agressif, dont une tendance à vouloir mordre, une hyper-salivation, des difficultés motrices, ainsi que par une attitude hydrophobique. Maladie présente, selon l’OMS, dans 150 pays et territoires à travers le monde. 95% des décès liés à la rage humaine sont, toutefois, répertoriés en Asie et en Afrique. Encore que, selon cette instance mondiale de santé, les cas sont sous-rapportés.