Le Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA), Sanjeev Ghurburrun, estime qu’il y a « des leçons à tirer du triple naufrage des bateaux de pêche à Bain-des-Dames et Pointe-aux-Sables en février dernier ». Une première décision porte sur la révision du système d’alarme post-cyclonique. Outre les enquêtes menées par la police et le ministère de Shipping, la MPA a elle aussi initié une enquête interne où six employés ont été sommés à s’expliquer sur leur rôle suivant les naufrages du Maan Yu Feng 1, Maan Yu Feng 168, et le Wen Hung Dar 168.
« Il y a tout d’abord le système d’alerte cyclonique où après une classe 4, il n’y a plus d’avertissement de cyclone dans le pays. Or, les conditions en mer sont toujours mauvaises avec des vagues de deux à trois mètres. La MPA va venir avec un mécanisme où un bateau ne peut entrer dans le port au souhait du capitaine. Il y aura un processus de contrôle avant d’accéder dans la zone portuaire après la levée de l’alerte cyclonique », explique le Chairman.
Sanjeev Ghurburrun a également évoqué la possibilité de modifier le Licencing Port. « Les propriétaires des bateaux doivent assumer leur responsabilité en cas de problème. Il est inconcevable qu’on n’arrive pas à contacter un propriétaire dans un scénario d’urgence », dit-il. Il avance que la MPA travaille sur un mécanisme pour leur imposer certaines obligations avant de donner aux bateaux l’accès au port.
Le Chairman a évoqué des problèmes rencontrés avec des agents locaux. « Parfois, ils affirment que certains problèmes ne tombent pas sous leur responsabilité. On va devoir renforcer la loi à ce sujet. Il y aura des discussions entre la MPA et ces agents pour dégager un consensus ».
D’autre part, Sanjeev Ghurburrun dit avoir noté que deux des trois bateaux ont stocké du diesel dans la cale en sus du tank. « Ce n’est pas logique. C’est l’une des raisons pour expliquer comment on a pompé plus de diesel qu’on avait initialement prévu. Il y a une enquête en cours où l’équipage doit expliquer ce fait ».
Et finalement, il avance que la MPA cherchera un endroit au port pour ramener des bateaux à terre. « Lorsque le troisième bateau a été remorqué, il n’y avait pas de place au Dry Dock de Taylor Smith. Heureusement que cette compagnie a fait le nécessaire pour nous trouver un lieu. Il est important pour la MPA de créer un Emergency Space dans le port », concède-t-il. À ce sujet, la MPA s’est dit ouvert à des discussions avec des compagnies privées.
Pour sa part, Alain Donat, directeur du Shipping, est revenu sur les opérations de remorquage des trois bateaux de pêche.
« La première priorité était le sauvetage des marins. Il fallait éviter un drame humain », rappelle-t-il. Il ajoute que par la suite, il y a eu la signature du Lloyd’s Open Form (LOF) entre le propriétaire des bateaux et les Salvors.
« S’il n’y a aucun assureur, rien ne marche », précise-t-il. C’est après cette étape que la compagnie Polygreen Ltd a présenté un ‘Pumping Plan. « Il ne suffit pas de pomper au bon vouloir. Il y a un séquençage à respecter pour qu’un bateau ne chavire pas », fait comprendre Alain Donat. Ce dernier a cité l’exemple de la capacité d’un appareil à hélitreuiller le diesel.
« Certains hélicoptères peuvent transporter 100 kilos de charge, d’autres 600 kilos. Il faut prendre en considération tous ces éléments ». Aussitôt l’exercice de pompage terminé, un Salvage Plan est présenté au comité de crise qui doit l’approuver. « Pour le remorquage du Maan Yu Feng 168, c’était beaucoup plus compliqué. Il a fallu utiliser des équipements spécialisés », explique-t-il. Alain Donat avance que le remorquage d’un bateau n’est pas aussi facile car « il y a toute une opération à calculer, à évaluer quotidiennement et apporter des mesures correctives ».
Le commandant de la National Coast Guard (NCG), Vipin Gupta, avance que les hélicoptères de la police ont effectué quelque 500 rotations entre les Casualty Sites et la terre pour assurer le transfert du diesel et d’autres items en vue d’alléger les bateaux.
Concernant le sauvetage des 53 membres d’équipage, il déplore un manque de communication avec les capitaines. « Nous ignorons combien de marins s’étaient jetés dans l’eau. Heureusement que nous avons pu tous les sauver. Ce n’est que par la suite qu’on a appris que le compte était bon avec 53 rescapés. Il a fallu deux heures d’opération de sauvetage en mer et par hélicoptère », indique-t-il.
Finalement, Filippos Stavrakas, directeur des opérations de Polygreen Ltd, s’est réjoui que son équipe ait pu remorquer les trois bateaux tout en faisant comprendre que la priorité était la préservation de l’écosystème marin.