Après 4 ans derrière les barreaux : David Jolicœur, victime de torture policière, a retrouvé ses proches

David Jolicœur, victime de torture policière, a retrouvé ses proches l “Mo ti pensé mo pou mort dan prison”, confie ce soudeur de 28 ans l Il a été identifié sur une vidéo dans laquelle il est nu et menotté à proximité d’une rivière, lavant du linge, alors que des policiers se moquent de lui

À résidence St-Malo, Baie-du-Tombeau, chez la famille Jolicœur, c’est une autre atmosphère qui règne depuis jeudi. Les proches, le cœur léger, font le va-et-vient pour venir saluer David Jolicœur qui a retrouvé la liberté après quatre ans de détention dans le cadre du meurtre du vigile Issah Ramjan, 86 ans, en 2018. Sa remise en liberté relève d’un revirement de manivelle inattendu car David Jolicœur, identifié sur les récentes vidéos en circulation, aurait été victime de torture policière par les officiers de la CID de Terre-Rouge, le forçant le 25 décembre 2018, selon ses avocats Mᵉˢ Sanjeev Teeluckdharry, Akil Bissessur, Rouben Mooroongapillay et Bala Muka, à signer un document dans lequel il acceptait avoir commis le meurtre et le vol. Dans les images rendues publiques, David Jolicœur était filmé nu et menotté, à proximité d’une rivière et lavait un morceau de tissu en présence cinq officiers se moquant de lui. Il a regagné son domicile jeudi dernier, retrouvant sa famille, surtout son fils Liam, né alors qu’il se trouvait en prison.

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“Mo ti pensé mo pou mort dan prison”, confiait David Jolicœur à sa sortie du tribunal de Pamplemousses, jeudi, où il a recouvré la liberté conditionnelle contre  une caution de Rs 10,000 et une reconnaissance de dette de Rs 100,000 après que le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) n’ait émis aucune objection quant à la motion de remise en liberté de son avocat. L’accusation de meurtre logée contre David Jolicœur avait été rayée en Cour de Pamplemousses, le 30 juin. C’est grâce à la prière qu’il s’en est sorti, dit-il, confiant avoir souvent eu des idées noires, mais qu’il a tenu bon pour sa famille et grâce à son  codétenu avec qui il a passé toutes ces années à la prison de Melrose. “Monn fer prison pendant 4 ans pu nanien”, a-t-il confié, indiquant que le jour de son arrestation, il a été accosté par des policiers en civil qui l’ont conduit dans les bois à Calbasses.“Zot finn menace pou touye moi avant ki zot amenn moi kot enn la rivière kot zot inn torture moi ek inn met torche electrik ek moi”, devait-il encore raconter, indiquant qu’il a été torturé et maltraité, et finalement contraint de signer un document, tout en ignorant totalement ce dont il était accusé. “Je ne savais pas que la raison de mon arrestation était liée au meurtre et au vol sur un vigile”, a indiqué David Jolicœur, soulagé aujourd’hui que la charge de meurtre ait été rayée contre lui dans le cadre du meurtre d’Issah Ramjan, 86 ans, dont le corps avait été découvert en décembre 2018 à Riche-Terre.

Ce sont des retrouvailles émouvantes qui ont eu ainsi lieu, jeudi, avec le retour de David Jolicœur à son domicile où il a retrouvé, outre sa mère et sa femme, parmi d’autres, ses deux filles, âgées de 8 et 7 ans et son fils de 3 ans. Un moment d’intense émotion pour ce père de famille qui n’avait vu son dernier né qu’à travers des photos. “Mo extra content mo pe reci maye mo bann zenfan”, devait-il confier. David Jolicœur est aussi revenu auprès des journalistes sur ces quatre années d’incarcération. « J’ai vécu de nombreux calvaires durant mon incarcération. Monn passe dan enn mutineri, monn gayn bate, mo pann gagn manze. Monn trouv dimoun kinn mort ek bater”, se remémore-t-il. Il veut désormais tourner la page sur ces années de martyr. La priorité de cet homme, aujourd’hui âgé de 28 ans, est de trouver un emploi, de faire vivre sa famille et, surtout, de rattraper le temps perdu avec ses proches.

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