L’appel de Business Mauritius pour objecter au réalignement les salaires à la fin de ce mois relève d’une attitude habituelle du secteur privé. C’est ce que déclare selon Atma Shanto, négociateur de la Fédération des travailleurs unis (FTU). Il indique que, dans plusieurs cas, lorsque le ministère du Travail émet un Notice of Compliance, le patronat saisit la Cour. Il estime que c’est le même procédé qui se profile pour la relativité salariale et il en appelle à l’unité syndicale en vue de faire échec à cette stratégie.
« Patron bizin kone ki mouvman syndikal ankor existe dan sa pei-la. » C’est la mise en garde lancée par Atma Shanto face à la décision de Business Mauritius d’appeler ses membres à ne pas appliquer le réajustement salarial à partir de ce mois, comme demandé par le ministère du Travail. Il déplore l’attitude du patronat qui, « après avoir grassement profité du Wage Assistance Scheme et des fonds de la Mauritius Investment Company », refuse de jouer le jeu quand il s’agit de donner leurs dus aux travailleurs. « Il semble qu’ils ont la mémoire courte », déplore-t-il.
Atma Shanto fait appel à l’unité syndicale devant l’urgence de la situation. « Il y a peut-être des divergences au sein du mouvement syndical, mais nous savons nous mobiliser quand c’est nécessaire. Je lance ainsi un appel pour la mise sur pied d’un front commun pour faire face à la situation. Bizin met latet ansam pou manz ar Business Mauritius », préconise-t-il. Cette position du patronat, ajoute le négociateur de la FTU, n’est pas nouvelle, dans la mesure où il conteste régulièrement des décisions en faveur des travailleurs.
Parlant de la possibilité que les Regulations sur le réajustement salarial soient contestés en cour, il précise que, là également, il n’y a rien de nouveau. « L’histoire a démontré qu’à chaque fois que le ministère du Travail émet un Notice of Compliance, le patron le conteste en Cour. Savez-vous combien de cas de cette nature il y a devant la cour actuellement ? Pour moi, cette décision de ne pas payer est une décision barbare », dit-il.
La démarche de Business Mauritius est un « appel à la confrontation ». Particulièrement dans une période de campagne électorale. « Il ne faut pas croire que les travailleurs sont divisés à cause de leur appartenance politique. C’est pour cela que j’appelle à la constitution d’un front pour des actions de niveau national. Nous ne voulons pas de piecemeal », avance-t-il.
La FTU a déjà mobilisé ses membres dans plusieurs secteurs sur la question. « Il faut que le patronat réalise que ce sont les travailleurs qui ont produit la richesse de ce pays, grâce au dur labeur. Si Maurice est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est grâce aux efforts des travailleurs. » Faisant référence aux conditions difficiles pendant la pandémie de Covid-19, il ajoute : « ena travayer inn sarye pei lor zot zepol pandan lokdawn. Zot inn riske zot lavi pou travay kapav kontiyn roule. Aster patron dir pa pou kapav pey zot. »
Dans la foulée, Atma Shanto dénonce la situation dans une compagnie textile actuellement, où les travailleurs mauriciens sont remplacés par des travailleurs étrangers. Une fois de plus, il rappelle que si ce secteur a pu se développer à Maurice, c’est parce que les travailleurs mauriciens ont travaillé très dur. « Aujourd’hui, certains sont licenciés et d’autres transférés parce qu’on préfère la main-d’œuvre étrangère. Certains comptent 30 à 35 années de service », dénonce-t-il.
Là également, Atma Shanto est d’avis que le mouvement syndical devra se serrer les coudes pour défendre les travailleurs mauriciens, car le gouvernement ne reculera pas face au privilège accordé au patronat pour le recrutement des travailleurs étrangers.